Situation

Tableaux sans cadre

On pourrait dire qu’on est allé pour voir. Un pote y participe, c’est tout. La vanité ne peut plus nous surprendre, alors on y va. On monte au Palais de Tokyo, dans le domaine de Paris. L’exposition s’appelle Réclamer la terre. Les textes d’écofeminisme et d’écologie politique sont sur une table basse. L’année 2022 est peut-être plus claire que les autres qui ont précédé la série.

Écologie du design, paradigme du pouvoir environnemental

Le pouvoir environnemental désigne la capacité opératoire de rendre une infrastructure technologique invisible, naturelle. L’objectif est d’informatiser l’environnement existant, c’est-à-dire faire de l’environnement un espace écologique d’objets connectés. Chaque relation devient simple interaction, le monde n’est plus, l’environnement est. L’infrastructure de la ville se fait métropole pour déployer son pouvoir environnemental.

Bifurcation dans la civilisation du capital

Il ne s’agit pas tant de suggérer que le capital peut aujourd’hui s’émanciper de l’humanité sur laquelle il extrait l’énergie nécessaire à sa production et à sa reproduction, mais de comprendre en quoi l’articulation d’une telle hypothèse avec le devenir catastrophique des conditions d’existence permet, peut-être, de ne pas tomber dans l’écueil d’une certaine « écologie politique » ; à savoir la généralisation et l’intensification du despotisme du capital et de la domestication de « l’humanité ».

L’écologie, économie contre la vie

Aujourd’hui, l’écologie politique a pris du poil de la bête. Devenant le dernier combat d’une jeunesse métropolisée cherchant à sauver le peu qu’il leur reste. L’écologie politique intègre le champ des luttes révolutionnaires. Cette lutte désigne une distinction avec le terme écosystème, l’écologie politique introduit la question de la finalité d’une régulation des cycles et des équilibres biologiques. Elle se perçoit comme une conscience de notre environnement. Admettant par le même geste notre interdépendance avec les écosystèmes, que nous détruisons. Le geste politique de cette écologie est la tentative de sauvegarder les écosystèmes.

Le Parc Humain comme paradigme de la biopolitique positiviste moderne

Dans Le Pouvoir souverain et la vie nue, Agamben définit le champ comme le paradigme de la biopolitique moderne. Il y a une autre forme de ce paradigme qui se joue à présent sans remplacer le paradigme décrit par Agamben, mais plutôt en effet le complète. Nous pouvons implicitement constater l’autre versant de ce paradigme par le prisme du Parc humain comme paradigme positiviste. Le plus que méprisable Peter Sloterdijk a eu au moins le mérite de percevoir la mise en condition du parc humain. L’actuelle recomposition du corps social, l’acquiescement au contrat social ne se fait plus par un accord verbal, mais par un accord vaccinal. Rejoindre la biocitoyenneté est une expérience que beaucoup ont fait, avec les regrets que l’on connaît. Ce qui se trame est la formation d’une nouvelle cité. Un nouveau parc humain en somme.

Un désir de Chine

« Les devoirs passent avant les droits » nous sortait Gabriel Attal le 1er février 2022, insistant sur le ton que va prendre le futur mandat de Macron. Le bon berger avait déjà énoncé le 21 mai dernier : « Vous avez des devoirs avant d’avoir des droits » (Macron sur les sans-papiers). Décidément, c’est une obsession. Un désir de Chine croît chaque décennie dans l’esprit des gouvernements occidentaux depuis les années 2000. Tous les gouvernants ne rêvent que d’une chose la nuit : de la gouvernementalité chinoise. La séquence du Covid a produit sur les gouvernements une surintensification de ce désir de Chine. Tous regardent avec envie la fameuse réussite chinoise de la gestion de cette pandémie, tous se sont frotté les mains en voyant ces images de Chine, de confinement, de quarantaine, de délation, de répression. Une chose est sûre : la Chine n’est pas un exemple à suivre, mais bien le modèle à copier.

L’hiver rampant de la guerre froide

La guerre est de nouveau sur le vieux continent. L’invasion de l’Ukraine par la Russie démontre une vérité qui semblait lointaine aux yeux des Européens. La guerre n’a jamais cessé, elle continue son gel des possibilités historiques. Un livre sorti en ce début d’année a fait ce constat bien avant l’opération militaire du gouvernement russe.

Démocratie holocauste

La crise permanente de la démocratie est le symptôme de son despotisme paranoïaque. Il n’y a pas de crise de la forme démocratique. Les défenseurs de cette idée de crise tentent d’occulter le réel, ce qui se cache dernière ce rivage est tout bonnement les diverses tentatives de dislocation de la forme démocratique s’amplifiant d’année en année. La menace fasciste n’est pas une menace, elle est le moyen dont le dispositif démocratique tient. Quand le fascisme prend les rênes du pouvoir, il accomplit pleinement et simplement le despotisme autoritaire de la démocratie.

La prise des Champs-Élysées par le convoi de la liberté

Un retournement s’est exprimé ces derniers jours. La voiture, symbole de la modernité capitaliste, où le corps fusionne avec la machine, corps isolés et intégrés aux flux trouve enfin un usage révolutionnaire ! Elle retourne sa fonction dans l’appareillage capitaliste pour mieux le paralyser.