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Désert

Le désert c’est le grand équilibre, le dernier rêve.
Il s’est construit de béton.
Pour que chaque chose trouve sa place.
La terre n’a rien à offrir,
Elle ne porte plus ses enfants.
Désormais il y a des murs.

L’homme est un entre logistique en extase perpétuelle.
Il dévore la ville et chaque jour il empeste un peu plus.
Son corps est une usine.
Le désert lui va bien et l’ordre en lui ronge ses entrailles.
Il baise souvent mais son truc à lui c’est plutôt le travail bien fait,
L’odeur du plastique brûlant ou la vue d’une usine en marche.
Voilà ce qui l’excite vraiment.

Le vivant meurt partout.
Et la grande plaine déploie au-delà̀ de l’horizon
Ses tentacules desséchées.

Il apprécie l’art, la poésie
Mais son truc à lui c’est plutôt les lignes droites et les grands ensembles.
Il déteste le vide mais s’évertue partout à installer le désert.
Il se déplace à dos d’un cheval rouge
Et ses amis ont des yeux énormes dans les usines,
Des bras de métal pour ériger des métropoles,
Et de l’or pour transformer la vie.

Discrètement,
Derrière le grondement des usines,
Sous les roues des 44 tonnes,
Le vide s’étend insidieusement.
Alors souvent, le sable s’élève au-dessus du sol
Et vient souiller les foyers.
Il se dépose dans les assiettes, dans les draps
Dans la tuyauterie, dans les poumons.
Et comme un vieux rat,
Il s’empiffre de la maison.
Il construit la route et l’hyperstructure
Il construit l’enclos et il construit l’homme
Le voilà,
Le désert.

Théo Lévêque

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