Appel, ceci est un commencement
Il y a vingt ans s’échangeait clandestinement, de proche en proche, un texte majeur : Appel. Ce texte fut tout autant un grand bouleversement de la sensibilité qu’un schisme. La tentative nécessaire de donner forme à une puissance sensible et située, capable de se défaire de la civilisation. Celui-ci s’adressait à toutes les personnes partageant des évidences communes : déserter le social, faire sécession, refuser la temporalité de l’urgence de la catastrophe, fuir le désastre de l’activisme, s’organiser en conséquence. Depuis sa publication, ce texte continue de mettre en crise les milieux autonomes, anarchistes et militants, donnant lieu à une multitude de fantasmes. La volonté farouche d’exorciser ce spectre nommé « appeliste » qui les hante n’est que la tentative de sauvegarder leurs précieux crédits sociaux de radicaux et de continuer d’ériger leur inconsistance éthique.