L’échiquier multipolaire. Sur l’économie politique de la guerre mondiale actuelle.

« La guerre est menée par le groupe dirigeant contre ses propres sujets, et son objectif n’est ni la victoire sur l’Eurasie ni sur l’Estasie, mais précisément de maintenir la structure de la société intacte. »

George Orwell, 1984.

I. Réalisme et illusion

Même si de nombreux contemporains veulent encore fermer les yeux sur cette nouvelle réalité, le monde avance chaque jour en rampant sur la voie d’une nouvelle guerre mondiale. Certains conservateurs, dont la profession consiste à préserver le statu quo et qui se vantent donc de réalisme, sont exceptionnellement un peu plus avancés. L’historien Niall Ferguson, par exemple, qui est marié à la convertie Ayaan Hirsi Ali et s’est fait un nom avec des livres révisionnistes sur les avantages de l’oppression coloniale de l’Empire britannique, conçoit le désordre mondial actuel comme une nouvelle guerre froide. Dans un média d’opinion de la droite américaine, il parle du nouvel ennemi géopolitique principal, la Chine, et sur la naïveté supposée des Américains : « Dites à un public américain que la Seconde Guerre froide a déjà commencé et il vous contredira probablement. On ne peut pas en dire autant d’un public chinois »[1]. Bien que la République populaire soit depuis des années le thème numéro un, notamment de la campagne électorale de Donald Trump et dans les médias de la vérité américains, le défenseur de l’Occident se complaît dans une posture cassandrienne qui se contentant de répondre avec gêne à une déclaration d’hostilité. La conscience bourgeoise atrophiée des élites occidentales ne peut concevoir la nouvelle guerre mondiale que comme une Cold War 2.0, vivant dans l’illusion d’avoir gagné la première guerre en raison de leur forme de production rationnelle et de leurs valeurs supérieures. Pour Ferguson et d’autres géostratèges de l’impérialisme américain, la RPC est sans aucun doute l’ennemi principal en raison de son poids économique, démographique et militaire, mais le Deep State américain redoute jusqu’à présent une guerre chaude pour une île plutôt insignifiante.

Le « moment unipolaire », proclamé en 1991– après l’autodissolution révisionniste de l’Union soviétique—de manière mi-triomphaliste, mi-prudente par le néoconservateur américain Charles Krauthammer, touche désormais irréversiblement à sa fin. À l’époque, pendant la guerre du Golfe, Washington pouvait encore s’imposer avec succès en tant que force de l’ordre, rassemblant une coalition internationale décisive pour le bien de l’émirat pétrolier du Koweït. Le démantèlement de la Yougoslavie socialiste, incluant le soutien d’une Al-Quaida bosniaque et le bombardement de Belgrade par les États-Unis et l’OTAN, faisait également partie de ce moment. Mais dès 2001, avec l’invasion de l’Afghanistan par les forces unies de l’Occident, le vent a commencé à tourner et ce n’est que récemment, après vingt ans de gâchis, que la momie Biden a enfin vécu son propre Vietnam. Et ne parlons même pas des champs de ruines que sont l’Irak et la Libye. Après 1991, il s’est avéré que, contrairement au « conflit de systèmes bipolaires », l’islam politique, en raison de sa faiblesse—et malgré son soutien matériel et sa proximité idéologique avec l’Occident—n’a jamais été apte à devenir un adversaire—comme le furent les Commies axés sur le renversement social (bien qu’un autre néoconservateur, Norman Podhoretz, ait appelé aà un djihad mondial contre l’islam après le 11-Septembre).

Mais à un égard, l’unipolarité perdure. Après la défaite du socialisme au vingtième siècle, un hyperempire unique a étendu son réseau sur l’ensemble du globe, reléguant Rome, Charlemagne et les Mongols dans l’ombre. À l’exception de quelques poches résiduelles, rien n’échappe plus à sa logique. Partout, les monopoles, la valeur d’échange et la classe exploiteuse règnent d’une main de fer, étouffant toute contradiction dans l’œuf. Il n’existe aucune identité entre l’hyperempire et l’Amérique, bien que ce pays aux deux côtes ait été la force motrice derrière l’imposition militaire et diplomatique de la monnaie mondiale, des routes commerciales et de communication, des institutions globales et du marché mondial. Grâce à sa pénétration totale dans toutes les régions du monde, l’empire occidental se retrouve de plus en plus en crise. La liste est désormais longue et va de la désindustrialisation, des mesures d’austérité de l’État, de la répartition inégale des richesses, de la dette publique ou de la dé-dollarisation des échanges internationaux. À cela s’ajoutent l’effondrement des métropoles, les épidémies de toxicomanie et de maladies mentales, l’effondrement des infrastructures et la dégradation des institutions d’éducation et de santé. La médecine se présente ainsi sous deux formes, qui se haïssent mutuellement, mais qui restent unies dans leur conviction de leur Manifest Destiny commune. Tandis que la faction mondialiste d’Obama et Biden se déguisait encore en gardiens et cosmopolites, présentant le libre-échange au service du capital financier et les « droits de l’homme » pour une élite au nom de l’humanité entière, l’empereur Trump, lui, apparaît à nu. Soutenu par le capital national de l’immobilier et de l’industrie lourde (rejoint depuis par la Silicon Valley), il mise sur l’intérêt brut de l’impérialisme américain, tentant d’éviter son effondrement par l’expansion territoriale et le protectionnisme. Mais les droits de douane brandis contre les produits chinois à bas coût ne feront qu’augmenter les prix pour les pauvres qu’il tente de séduire et rendront le commerce international avec le dollar largement inintéressant hors de la sphère occidentale. Quant à la New Frontier au Canada et au Groenland, elles ne restitueront pas plus d’emplois délocalisés que ne le fera le renvoi de quelques Latinos jugés superflus.

La révolution des puces électroniques qui, depuis les années 1970, a rationalisé, automatisé et accéléré la production et la distribution de biens et de capitaux basés sur l’endettement, a fondamentalement bouleversé la base matérielle de la société. La superstructure politique ne suit la base que lentement, l’un des résultats étant le passage vers une multipolarité géopolitique. Celle-ci repose sur les transformations de vastes régions d’Asie et d’Amérique latine, qui, grâce à la vente de matières premières et de biens bon marché produits dans des mines gigantesques et Sweatshops infernaux, ont pu développer leur industrie et accumuler une nouvelle richesse nationale. Politiquement, cette nouvelle conscience de soi du Sud global se reflète dans une résistance encore douce à une trop grande ingérence dans leurs affaires intérieures, qui fait école sous l’acronyme BRICS et a formé un contrepoids économique, militaire, technologique et démographique qui revendique désormais ses droits contre l’hégémonie occidentale.

Cette revendication légitime est nécessairement interprétée par l’Occident comme une déclaration de guerre et enveloppée dans la nouvelle idéologie géopolitique opposant les bonnes démocraties aux mauvaises autocraties, car même le dernier des analphabètes politiques comprend ce qui unit le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. La perception occidentale de soi-même se révèle dans des classifications illogiques : par exemple, l’Iran est classé dans l’axe du Mal, mais non pas les États de la charia comme l’Arabie saoudite ou le Qatar. La morale spécifique avec laquelle on répond à la multipolarité émergente est profondément enracinée dans la pensée européenne et représente une réédition sécularisée des citivas dei. Dans l’imaginaire de l’Occident médiéval, l’État de Dieu était un lieu caractérisé par l’égalité chrétienne et l’élection divine, menacé par les infidèles profanes (musulmans, juifs, hérétiques), contre lesquels une guerre sainte – et donc juste – devait être menée. En revanche, au XXIe siècle, le désordre social-libéral-capitaliste s’imagine comme la fin de l’histoire et la « communauté des hommes libres », dont le privilège de prospérité et de liberté est sans cesse menacé par des spectres. « C’est précisément parce qu’elle se comporte comme l’unique représentante de la cause de la liberté que la communauté des libres interprète les défis qu’elle doit sans cesse relever comme des attaques contre la liberté, comme l’expression non seulement d’une barbarie, mais aussi d’un esprit servile. »[2] Les représentants de la démocratie de la race supérieure[3] doivent donc combattre sur plusieurs fronts simultanément : contre un extérieur diffus, incarné dans les Poutine de ce monde, mais aussi contre un intérieur encore plus diffus, qui, tel un virus psychopathologique, se manifeste tantôt dans les insurrections, les bidonvilles et les banlieues, tantôt dans les universités ou les cellules terroristes. Dans la propagande de guerre destinée au public captif, cette connexion est constamment mise de l’avant—on l’a connaît : des étudiants qui fraternisent avec le Hamas dans les universités ou des opposants radicaux à la vaccination qui sont des marionnettes du Kremlin. Ce serait alors le virus de « l’esprit servile » qui empêcherait la civilisation occidentale libérale de survivre.

La rhétorique guerrière quotidienne dans les médias et la volonté politique de réarmement du gouvernement se renforcent avec les prémices d’une pensée géopolitique qui réapparaît dans le paysage jusqu’alors idyllique de la RFA. Pour la doctrine classique de la géopolitique, développée par l’Anglais MacKinder en 1904, la théorie du Heartland joue un rôle clé. En principe, elle postule simplement que les membres de la race supérieure [Herrenmenschen] anglo-saxons doivent tout mettre en œuvre pour qu’aucune autre puissance ne puisse dominer le cœur de l’Eurasie (on pense à l’Inde, à l’Europe de l’Est, à la Perse, à l’Asie centrale et au Caucase), car cela mettrait sérieusement en danger leur empire mondial. Cette idée reflétait l’antagonisme existant à l’époque entre le royaume britannique et l’empire russe et leur Great Game pour l’Asie. Ensuite, pendant la période de confrontation américano-soviétique, il fut reformulé par des hommes politiques comme Henry Kissinger dans le sens d’une guerre froide. Dans la tradition allemande, le parrain de la géopolitique est Karl Haushofer, aujourd’hui presque oublié, mais qui n’est pas non plus par hasard l’inventeur du motLebensraum. L’approche de Haushofer était inspirée de l’idée du Reich (tel que dans Das ReichGroßdeutsches Werden im Abendland, 1943) et se résumait à une quête d’autarcie pour l’Europe centrale. Celle-ci, en tant qu’espace de sang homogène, devait jouer un rôle dans le concert des puissances mondiales.

Dans les deux traditions, et dans l’esprit de l’anthropologie du XVIIIe siècle, l’espace géographique détermine la communauté politique. Par la suite, les différentes théories géopolitiques de la première moitié du XXe siècle accordent plus ou moins d’importance aux questions de race, de religion, de climat, d’économie, de géographie et de culture.

Une variante plus contemporaine est le Choc des civilisations de Samuel Huntington, qui prédisait déjà en 2006 que « dans les décennies à venir, les questions d’identité, c’est-à-dire d’héritage culturel, de langue et de religion, joueront un rôle central en politique ».

Au vu des combats simulés actuels pro ou antiWokes, ce n’est pas une mauvaise prédiction, mais elle n’atteint pas le cœur du problème : la richesse produite est accaparée par une minorité, tandis qu’une part toujours grandissante de l’humanité est reléguée au statut de population excédentaire, administrée comme superflue. Ce processus n’épargne pas non plus les antagonistes du spectacle occidental. Même les BRICS, aussi divers soient-ils, n’offrent pas d’alternative, qui propose d’aller au-delà de l’exploitation nationale avant l’exploitation impériale. Il ne faut pas oublier qu’ils ont eux aussi maltraité leurs sujets par des mesures virologiques, des vaccinations, des masques et des lavages de cerveau afin de désarmer toute résistance à leur domination.   

Tandis que la pensée géopolitique n’a jamais quitté les cercles des think tanks américains et qu’elle détermine les plans de la politique étrangère américaine sur des décennies, elle se répand de plus en plus dans les milieux de la science, des médias et de la politique de ses vassaux occidentaux. Elle sert de substitut métaphysique à une société entièrement éclairée, dont l’absurdité autodestructrice, la compulsion consumériste et le désespoir politique sont devenus une seconde nature. D’où la nécessité pour l’Occident de proclamer sans cesse l’existence d’un ennemi, car il ne peut se définir qu’en niant l’Autre. Du fait que cette formation sociale reste inconsciente de ses calculs de base, de ses propres principes fondamentaux, l’ennemi, pourtant presque disparu, s’est répandu partout à mesure que s’intensifiait le cycle des crises. Il n’était qu’une question de temps avant qu’un saut qualitatif ne se produise. L’invention d’un virus grippal au printemps 2020 a marqué ce tournant : il ne suffisait plus de traiter l’homme comme un loup, il fallait que la lutte finale capitaliste s’étende désormais jusqu’à la biochimie intime de chaque corps. L’ennemi total, dissimulé derrière un masque, apparaissait dès lors partout, tout en étant indétectable, légitimant ainsi tous les moyens de le détecter. Le fait que tous les États, grands et petits—des États-Unis à la République fédérale d’Allemagne en passant par le Brésil, la Chine et la Russie—aient volontiers participé à la dystopie d’« Un-Monde-Corona » devrait faire réfléchir, tout comme le fait que les services américains à Wuhan développent des armes biologiques en collaboration avec les Chinois. Le début temporel de cette nouvelle guerre mondiale, qui a pris la forme d’une guerre civile virologique, a été dissimulé avec succès par les conflits armés qui ont suivi peu après en Ukraine et à Gaza, qui n’étaient que ses étapes suivantes. Il était évident que la gestion de crise virologique, avec ses injections financières et son ralentissement du marché mondial induit par le confinement, ne suffirait pas à gérer à long terme la suraccumulation du capital mondial. L’étape suivante devait être le conflit militaire, car rien n’est plus productif que la destruction par la guerre, comme Schumpeter l’avait déjà compris.

La crise, tout comme l’ennemi qui apparaît avec elle, doit être combattu de manière préventive. « Puisque, dans le contexte d’une politique de prévention, de nouveaux risques peuvent sans cesse apparaître, l’État sécuritaire actuel doit adopter une forme paranoïaque, sous laquelle la sécurité est constamment insécurisée, afin d’être perpétuellement réaffirmé politiquement « [4]. Après que la menace abstraite et la paranoïa—déjà connues des décennies de lutte étatique contre le terrorisme—se soient temporairement unies avec la peur psychotique des anti-vaccins et des contestataires [Querstänker—jeu de mots entre Querdenker (littéralement, penseur latéral, non conformiste, le terme utilisé pour parler des coronasceptiques) et stänkern, Stänker (râler, râleur)], elles se sont à nouveau dissoutes ou fusionnées avec de nouveaux objets : qu’il s’agisse des sympathisants de Poutine [Putinversteher : littéralement, ceux qui comprennent Poutine], des amis de la Chine, des sympathisants du Hamas, des populistes de droite ou des fascistes de gauche. L’ennemi intérieur et extérieur se réincarne en eux—ils sont l’alpha et l’oméga de la crise—et dans leur lutte sisyphéenne se révèle la possibilité de s’accommoder psychologiquement, du moins pour le moment, des distorsions immanentes. Ce n’est pas un hasard si la pensée en termes d’antagonismes géopolitiques—où les communautés, les civilisations et les cultures s’opposent de manière irréconciliable—présente une proximité inquiétante avec l’ancien discours naturaliste ou raciste. Comme dans les années 1920 et 1930, la crise actuelle du capital mondial et de sa valorisation est mystifiée en une confrontation d’ennemis inconciliables. Le parallèle avec des formes de pensée archaïques comme la « menace asiatique venue de l’Est » n’est que trop évident. Pourtant, la guerre culturelle ne vise jamais la victoire sur l’ennemi, mais la domination continue des sujets, dont leur colère réprimée doit être préventivement détournée vers un ennemi spectaculaire fabriqué par leurs propres élites.

II. La violence monopolisée et le monde divisé

La violence est objectivement ancrée dans la société de concurrence et produit nécessairement la transgression de la prise en charge de soi, de ce que je désire et que l’autre a déjà. Les petits l’apprennent déjà dans le bac à sable et à l’école, puis plus tard dans la rue ou au travail. Mais comme une telle société s’autodétruirait en un instant, l’État s’impose comme intermédiaire, comme souverain, qui protège la propriété privée contre des dépossédés, monopolise la violence et la tabouise, la sanctionne de l’intérieur. Cette énergie refoulée du tabou et l’agressivité de la société capitaliste de laissés-pour-compte sont alors projetées vers l’extérieur, où le citoyen peut—ou doit—de livrer à des actes guerriers, voire jusqu’à tuer. Les rationalisations, selon lesquelles les autres—ou les étrangers—sont eux-mêmes responsables de cette haine, sont innombrables : la couleur de peau, la religion, la langue, la culture ou bien le statut vaccinal. Il va sans dire que cela se fait au nom de la protection du peuple, de la nation et de l’État, afin que le sujet bourgeois trouve son aboutissement ultime dans l’uniforme du soldat. Dans les discussions sur les affaires internationales, des confusions surgissent régulièrement lorsque l’on ne tient pas compte du fait que, contrairement à l’ordre intérieur des États, le globe divisé ne connaît pas de souverain suprême. Officiellement, selon ce que la conscience libérale veut nous faire croire, le monde des États fonctionnerait comme une société de citoyens : il règne une égalité absolue, et les sujets du droit international se reconnaissent mutuellement comme égaux et souverains sur leurs territoires et leurs forces productives. Bien que cette reconnaissance générale prévale, l’absence d’un juge suprême conduit à un état de nature chaotique entre les pays, chacun s’efforçant sans cesse à obtenir place au soleil pour son peuple et son économie et ce, aux dépens des autres, et, si nécessaire par des moyens militaires. C’est pourquoi, en droit international, la guerre, comme prolongement de la politique, n’est en principe pas illégal. Elle doit seulement être soumise à certaines normes, appelées « droit de la guerre », qui définissent notamment le statut de combattant ou de civil, les armes autorisées ou le traitement des prisonniers de guerre. Cependant, précisément en raison de l’absence d’une autorité suprême capable de faire appliquer le droit—ou la loi—le droit international a un caractère contractuel et sélectif dans son application.

Il est bien connu que cette irrationalité de « chacun contre chacun » avait déjà été critiquée par le vieux Kant, qui appelait à la pacification de l’état de guerre permanent en transférant la souveraineté absolue à une fédération internationale : « Pour les États, dans leurs relations mutuelles, il ne peut y avoir, selon la raison, d’autres moyens de sortir de l’état anarchique [gesetzlos—sans loi]– contenant que la guerre—que de renoncer, tout comme les individus, à leur liberté sauvage (anarchique ; sans loi), […]. »[5] Le rêve de Kant d’une confédération d’États ne fut réalisé qu’après la Première Guerre mondiale par le président américain Woodrow Wilson sous la forme de la Société des Nations, qui, suite à son impuissance catastrophale face à la barbarie nazie, sera réincarnée sous le nom d’Organisation des Nations Unies (ONU) en 1948. Le fait que l’ONU soit aujourd’hui presque totalement insignifiante et que la plupart de ses membres—à commencer par les États-Unis, la Russie et Israël—ne se soucient guère de ses votes et résolutions, indique que le cadre établi après 1945 est en train de s’effondrer et que quelque chose de nouveau est en train d’émerger.

On peut accorder au philosophe de Königsberg qu’il vivait à une époque où l’État-nation devait encore s’imposer définitivement en Europe. L’ordre des États souverains établi par la paix de Westphalie ne commença à se transformer fondamentalement qu’à la fin du XIXe siècle (ce pour quoi nous trouvons peu de choses à ce sujet chez Marx), et ce, après que la carte du monde—et en particulier le monde hors de l’Europe—fut divisée entre la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Espagne, la République fédérale d’Allemagne, l’Italie et le Portugal, et que la chasse aux nouvelles terres ait atteint ses limites. De plus, la confrontation entre les grandes puissances fut alimentée par la crise économique internationale de 1873, conséquence de la baisse des profits malgré une productivité accrue. C’est à cette époque que l’impérialisme est né, alors que des monopoles issus de la fusion des banques et de l’industrie sont apparus sur la scène mondiale, exportant leur capital excédentaire vers les territoires conquis et les colonies, en Asie et en Afrique—contrairement à la situation antérieure où l’on importait principalement des marchandises, des matières premières ou des produits de luxe de la périphérie vers la métropole. Les investissements dans la périphérie coloniale, réalisés par des trustsholdings et cartels, s’accompagnaient d’une volonté croissante de contrôle politico-économique de la part des bailleurs de fonds. Aujourd’hui, cette influence impérialiste s’exerce sous le couvert de « réformes » de l’Union européenne, du FMI, ou de la Banque mondiale, sur les pays économiquement défavorisés. Déjà à l’époque, Cecil Rhodes, magnat anglais et représentant de l’Empire britannique en Afrique du Sud (la Rhodésie a été nommée en son honneur), avait compris le rôle stabilisateur de l’expansion pour la métropole : « S’ils ne veulent pas de guerre civile, ils doivent devenir impérialistes. » Comme on le sait, le capitalisme avancé et surmûri aurait dû être récolté par le prolétariat. Au lieu de cela, le mouvement révolutionnaire en Europe capitula devant le social-chauvinisme, et la confrontation impérialiste conduisit l’humanité dans les abattoirs de la Première Guerre mondiale. Depuis lors, les conflits [expression, das Hauen und Stechen—littéralement, cogner et taper] n’ont jamais cessé, et après le XXe siècle marqué par ses atrocités indescriptibles—Auschwitz et Hiroshima, les contre-révolutions fascistes, les prisons de la torture, les camps, les gaz toxiques, le napalm, les drones et les bombardements terroristes commandés par l’intelligence artificielle – cette civilisation impérialiste ensanglantée se dirige inexorablement vers sa fin.

III. Lignes de Front et Représentants

On ne devrait pas se laisser tromper par l’absence de déclarations de guerre diplomatiques. Elles sont inutiles, car la nouvelle guerre s’est déjà incrustée dans tous les pores de cette société. L’état de guerre mondiale permanent s’étend sur d’innombrables champs de bataille et est véritablement hybride : c’est une guerre civile mondiale sans citoyens. Nous la rencontrons dans le cyberespace, avec des bots et des armées à 50 centimes, dans les villes et les villages rasés par des F-16, des drones, des bombes au phosphore et des chars Léopards, en orbite dans les Starlinks d’Elon Musk et les satellites espions, dans un nouveau langage « de défense » et une rhétorique de combat, sur les marchés boursiers et financiers où l’on spécule sur la mort et la faim, ainsi qu’en politique, qui, malgré le déficit zéro, ne connaît aucune limite pour l’industrie de l’armement, tout comme dans les médias d’information, avec leurs boucles continues de têtes explosives et pièces d’artillerie phalliques. Dans ce contexte, une critique des armes se doit aussi de constater que les nouveaux systèmes d’armement entretiennent un despotisme objectif : leur production et leur utilisation nécessitent toujours des appareils complexes pour l’extraction des matières premières, l’industrie lourde, la recherche scientifique et la formation militaire de longue haleine. Les bombardiers et les avions à réaction, les canonnières, les missiles supersoniques, les véhicules blindés jusqu’à la bombe atomique sont coûteux à fabriquer et difficiles à manier. « Une arme complexe » – avait constaté George Orwell peu après les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki – « rends les puissants plus puissants, tandis qu’une arme simple, tant qu’il n’y a pas de réponse, donne des griffes aux faibles ».[6] L’arc long, le mousquet et le fusil étaient les armes des guerriers populaires, des guérilleros, des partisans et des révolutionnaires. Ce n’est pas pour rien que les mouvements de libération anticoloniaux se sont eux aussi adonnés au fétiche de la kalachnikov. Ici aussi, l’expropriation globale progresse : l’ère de la guerre pilotée par des drones et l’intelligence artificielle annihile déjà, par l’infrastructure technique, la condition de possibilité de la résistance individuelle.

Le caractère politique de la nouvelle guerre mondiale se cristallise dans le concept de Proxy War [guerre par procuration]où des États et leurs représentants locaux se disputent l’influence sur les territoires, les ressources et les routes commerciales. Cet aspect engendre la confusion chez l’observateur quant à la complexité de la situation locale des champs de bataille : les interventions et contre-interventions se succèdent ; on se bat avec des armes qui furent livrées par la République fédérale d’Allemagne, des États-Unis, de la Russie ou de la Turquie ; les armées nationales ou étrangères et leurs alliés se retrouvent face à face avec des paramilitaires, des terroristes et des partisans, tous pouvant constamment changer de camp, générant ainsi une dynamique terrible, qui cependant ne progresse pas et alterne régulièrement entre une phase chaude à une phase gelée. Un exemple à mentionner est la bataille pour l’Ukraine, déclenchée par l’expansion de l’Union européenne, de l’OTAN et des États-Unis vers l’Europe de l’Est. Le Maïdan libéral de Kiev, qui est descendu dans la rue en 2014 pour un accord d’association avec l’Union européenne et, bien sûr, le soutien de l’Occident, avait provoqué un anti-Maïdan soutenu par la Russie dans le sud et l’est du pays, la situation dégénérant rapidement en un état proche de la guerre civile. Avec l’« opération spéciale » russe lancée en février 2022, l’annexion des républiques de Donetsk et de Louhansk [Lougansk] qui en a résulté d’un côté, et de l’autre, l’intégration des miliciens, des néonazis et des volontaires dans les forces armées ukrainiennes, le combat a désormais atteint un niveau interétatique. Sans le soutien diplomatique et financier, ainsi que les livraisons massives d’armes des puissances occidentales, le régime de Zelensky aurait depuis longtemps capitulé.

Les vassaux européens des États-Unis, au premier rang la République fédérale d’Allemagne, se sont eux-mêmes acculés dans une impasse à cause des sanctions et de la tentative ratée d’exclure la Fédération de Russie du marché mondial. Alors que l’industrie nationale s’effondre à cause de à la flambée incontrôlée des prix de l’énergie, et de l’inflation qui en découle, les États-Unis profitent de la vente de gaz liquéfié qu’ils fournissent à leurs partenaires européens à des prix d’ami. Que les services secrets américains aient orchestré cette situation en faisant sauter le gazoduc Nord Stream est un secret de Polichinelle, mais qui n’intéresse personne dans une République fédérale d’Allemagne liée à l’Occident. En guise de consolation, la nouvelle administration Trump et Elon Musk offre aux bétails électoraux européens l’alternative national-fasciste de Meloni, Weidel et Farage, afin que, dans l’avenir, demeure néolibéral et proatlantique en bonne vieille Europe. En effet, l’excédent commercial de la République fédérale d’Allemagne, championne mondiale de l’exportation, a été un moteur et un bénéficiaire de la mondialisation et du libre-échange, car c’est seulement ainsi que les marchandises allemandes ont pu profiter aux consommateurs en Asie, en Afrique et en Amérique. Avec la montée des idées et des pratiques mercantiles –c’est-à-dire les droits de douane sur les produits finis et le développement d’autres centres de production – le modèle commercial de cette nation touche en réalité à sa fin.

Privés de matières premières importantes et surtout bon marché, les sols fertiles de l’Ukraine et les gisements de gaz du Donbass n’ont pris de l’importance que récemment, car ils ne peuvent et ne doivent en aucun cas être cédés aux Russes. Contrairement aux foutaises de la politique sociale, la République fédérale d’Allemagne est prête à en payer le prix fort. Avec ses chars Léopard, ses chars Marder, ses obusiers et ses lance-roquettes, elle est en tête en matière d’aide militaire, juste derrière les États-Unis. De même, les Verts et les sociaux-démocrates ont amorcé un « tournant historique » de 100 millions d’euros qui comprend, entre autres, un réarmement massif, incluant une augmentation du budget de la défense à 5 % et la réintroduction du service militaire obligatoire. Ceux qui s’étonnent que ce soient précisément les progressistes qui réalisent le rêve de la droite devraient se rappeler la critique de Lénine contre le social-chauvinisme au début de la Première Guerre mondiale : « Le social-chauvinisme est en pratique une défense des privilèges, des prérogatives, des pillages et de la violence de sa “propre” bourgeoisie impérialiste […] Les chauvinistes sociaux suivent la bourgeoisie en trompant les gens et en prétendant, que la guerre est menée pour défendre la liberté et le droit des nations […]. » À l’heure actuelle, cela signifie que la guerre hybride contre la Russie, financée par de nouvelles dettes, est légitimée au nom des objectifs nobles de la liberté et de la lutte contre l’autocratie. Les fascistes progressistes ont ainsi créé la vague sur laquelle les fascistes nationalistes en plein essor n’ont plus qu’à surfer. L’initiative de paix de Donald Trump au Proche-Orient et en Ukraine, qui vise à instaurer une paix temporaire, afin de se préparer pour de nouveaux affrontements à long terme, ne semble en aucun cas invraisemblable. L’empire américain en déclin devra frapper encore plus fort à l’avenir, si les élites américaines continuent à insister sur leur domination mondiale.

Outre l’Europe de l’Est et la frontière russe, le Proche-Orient représente un autre champ de bataille. Chaque administration américaine depuis Roosevelt a considéré cette région comme vitale pour sa projection globale en raison de ses ressources et de sa situation géostratégique. Historiquement, les Américains ont pu s’appuyer sur l’excellent travail préparatoire des Britanniques et des Français dans la région, qui ont divisé la carte en traçant des frontières arbitraires (Sykes-Picot 1916) et en instaurant des régimes réactionnaires à leur convenance. Les États pétroliers et ceux de la charia, comme le Qatar, l’Arabie saoudite, la Jordanie ou le Koweït, où des dynasties ont été mises en place par la couronne britannique et le British Petroleum, sont aujourd’hui les plus proches alliés de Washington. Il en va de même pour l’État d’Israël, qui a reçu sa bénédiction impérialiste comme raison d’être par la déclaration Balfour en 1917, afin de disposer d’un petit Ulster à proximité du canal de Suez et des riches champs pétrolifères. Les gouvernements israéliens se comportent dans le sens de leur mission déclarée afin de lutter contre toutes forces dans le monde qui aspire à un changement du statu quo. De son côté, l’État d’Israël a réussi à créer une identité d’intérêts avec Washington en liant l’expansion territoriale et le nettoyage ethnique à la lutte contre l’axe de la résistance anti-américaine. Ce dernier est une entreprise basée sur l’islam chiite et soutenue par l’Iran, qui est disséminée à travers le Hezbollah au Liban, Ansar Allah [Houthis] au Yémen et diverses organisations en Irak. La République islamique d’Iran, qui revendique depuis 1979 une certaine conscience de sa mission d’interprétation du Coran dans la région et est donc si redoutée par les régimes voisins, se considère comme une puissance régionale. Le despote oriental Netanyahou ne peut et ne veut pas accepter cette prétention, car il aspire à sa propre vision d’un nouveau Moyen-Orient, dans laquelle Téhéran semble sortir perdant de cette confrontation. L’Iran est incroyablement affaibli par les sanctions occidentales et l’instabilité politique interne, de sorte qu’il n’a pas pu (ou peut-être pas voulu) réagir de manière adéquate aux frappes aériennes d’Israël ni se précipiter au secours de son allié Assad en Syrie. Après le « cessez-le-feu » avec le Hamas, la date de la première grande attaque préventive reste une question de temps, car jamais un Regime Change [changement de régime] n’a été aussi simple. Les résultats seront à nouveau imbattables et jetteront de l’huile sur le feu du califat et signifiera des millions de réfugiés.

Mais pour devenir une puissance régionale made in the USA, l’État d’Israël n’a pas encore la taille territoriale adéquate, c’est pourquoi le 7-Octobre tombait à pic pour les ambitions du Deep State.

Il fallait bien qu’à la suite de l’attaque totalement inattendue, le sol sioniste vieux de 2000 ans dans la bande de Gaza en Palestine, dans la plaine du Litani au Liban et depuis peu aussi dans le Golan syrien, puisse enfin être arraché des mains des infidèles, afin que la voie soit libre pour une nouvelle colonisation de la Grande Israël. C’est pourquoi les mauvaises langues ont toujours prétendu que les deux bandes bleues du drapeau sioniste représentaient en réalité le Nil et l’Euphrate. C’est également pour cette raison que le front se présente ici aussi comme une guerre civile, puisque le régime israélien exerce sa souveraineté sur l’espace aérien, la voie maritime, les frontières extérieures et même la monnaie (eh oui, le Hamas paie aussi en shekel) de ses territoires occupés. Ici s’affrontent les forces armées israéliennes et un mouvement de résistance islamique, les occupants et les occupés, les civilisés et les barbares. La non-reconnaissance juridique de l’occupation place les Palestiniens en dehors de tout droit de la guerre et les marque comme un ennemi total qui doit être affamé, expulsé, torturé (comme à la prison de Sde Teiman) ou finalement anéanti. Ce ne sont pas les ennemis de l’État d’Israël, mais la raison d’État sioniste elle-même, avec sa « négation de la diaspora », qui conduit à l’abolition du judaïsme. Il faut donc donner raison à Giorgio Agamben lorsqu’il écrit, au vu des événements en Palestine : « En niant la racine de l’exil et de la diaspora au nom d’un État-nation, le sionisme a donc trahi l’essence même du judaïsme. Il n’est donc pas étonnant que cet éloignement ait produit un autre exil, celui des Palestiniens, et qu’il ait conduit l’État d’Israël à s’identifier aux formes les plus extrêmes et les plus impitoyables de l’État-nation moderne. »[7] C’est là que réside la différence avec la bataille pour l’Ukraine.

Alors que le poutinisme considère les Ukrainiens comme des petits frères renégats, qu’il faut certes rappeler à l’ordre, mais qui sont néanmoins assimilables, il n’existe pour les Palestiniens, qui ne sont pas satisfaisants pour une raison d’État sioniste, aucune rédemption autre que leur disparition. Mais même la sous-classe palestinienne est enveloppée dans le brouillard de la guerre.

Dans leur désespoir, leurs chefs les instrumentalisent comme une masse manœuvrable au service d’un culte du martyr, qui ne visa pas leur libération de manière universelle, mais leur domination islamique authentique et organisée. C’est aussi pour cette raison que le Hamas est l’antagoniste parfait que le régime sioniste s’est lui-même construit.

Depuis Adenauer, lorsque la livraison d’armes de réparation telles que des sous-marins, des frégates et des moteurs de chars a commencé, la République fédérale d’Allemagne est un allié étroit du gouvernement israélien sur le plan militaire et politique. À l’époque, c’est ainsi que les anciens nazis ont réussi à acheter leur billet d’entrée dans le monde civilisé, c’est-à-dire occidental. La raison d’État officielle de la République fédérale d’Allemagne, qui appelle à une solidarité aveugle dans le massacre des Palestiniens, se reflète désormais aussi dans la question de la citoyenneté.

Ainsi, les étrangers peuvent se voir refuser la naturalisation ou se faire retirer leur passeport allemand s’ils ne reconnaissent pas la « responsabilité historique de l’Allemagne ». La complicité allemande dans les crimes israéliens permet à la nation un soulagement de sa névrose collective cultivée de deux manières. D’une part, à travers leur solution de la question palestinienne, les Israéliens perdent leur auréole et leur innocence. D’autre part, la logique des Allemands vertueux (gutgewordene, littéralement, devenus bons) suit une formule simple : plus nous soutenons aveuglément l’État d’Israël, plus nous avons appris du passé et plus nous pouvons tout justifier—de l’expulsion des étrangers aux jeux de guerre – sous le slogan « nous, en tant qu’Allemands ».

Les batailles de la guerre mondiale actuelle ne doivent pas être mal comprises comme étant orientées vers une victoire, quelle qu’en soit la forme. « Dès que l’adversaire constate qu’il ne peut plus remporter la victoire, c’est-à-dire que la probabilité de victoire est tombée en dessous d’un seuil déterminé individuellement, alors la volonté inconditionnelle de vaincre cesse d’être pour lui une motivation plausible pour poursuivre la guerre. »[8] Cependant, il faut ajouter que la capitulation n’est pas non plus prévue. À l’époque pré-impérialiste où vivait Clausewitz, durant les campagnes napoléoniennes, la guerre était encore considérée comme un moyen politique, la notion traditionnelle de politique se limitait par conséquent aux affaires étrangères. La guerre mondiale, qui ne connaît plus de distinction entre intérieur et extérieur puisqu’elle est a priori totale, est désormais une fin en soi, une lutte pour l’asservissement raffiné des serfs, sans lequel l’accumulation de pouvoir et de richesse du personnel dirigeant, secouée par la crise, reste impossible. Celui qui ne peut pas reconnaître que les conflits de guerre ne visent ni la protection ni la construction de la démocratie ou des libertés en Occident, mais à faire en sorte que l’adversaire perde plus rapidement que son propre camp, tombe dans l’affirmation de l’ordre existant. « Avec la compréhension du contexte, toute croyance théorique en la nécessité permanente des conditions existantes s’effondre avant l’effondrement pratique. Il est donc dans l’intérêt absolu des classes dirigeantes de perpétuer la confusion irréfléchie. »[9] Un premier pas vers une critique dans une intention communiste consisterait à dissiper le brouillard de guerre [fog of war] et à dénoncer l’ennemi de classe, ici et maintenant. Cela est important pour se préparer à affronter ce qui vient. La confrontation des dinosaures géopolitiques ouvrira de nouvelles fissures et brèches dans la coquille de fer, à partir desquelles nos partisans se battront. En l’absence de l’émergence d’un parti digne de ce nom, cela reste pour l’instant la dernière goutte [der letzte Strohhalm].


[1] Niall Ferguson: Cold War II, in: National Review, 17 Oktober 2024.

[2] Domenico Losurdo: Freiheit als Privileg. Eine Gegengeschichte des Liberalismus. 2011, S. 320

[3] Herrenmensch, Nietzsche.

[4] Achim Szepanski: Der Staat auf der hysterischen Suche nach Terroristen, https://non-milleplateaux.de/der-staat-auf-der-hysterischen-suche-nach-terroristen.

[5] « Zweyter Definitivartikel zum ewigen Frieden. Das Völkerrecht soll auf einen Föderalism freyer Staaten gegründet seyn », in : Immanuel Kant : Zum ewigen Frieden.

[6] George Orwell : You and the Atom Bomb, in : Tribune, 1945.

[7] Giorgio Agamben, La fin du judaïsme. 2024. https://entetement.com/la-fin-du-judaisme/

[8] Carl von Clausewitz : De la guerre.

[9] Karl Marx : Lettre à Ludwig Kugelman, 11 juillet 1868.

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