« Le monde qui ne doit pas finir l’emporte sur la tentation récurrente du monde qui peut finir, et la fin d’un monde ne signifiera pas la fin du monde, mais, simplement, le monde de demain. »
Ernesto De Martino, La fin du monde
Qu’importent les saisons, elles-mêmes déjà disparues. Incendies, sécheresses, et autres phénomènes dits « climatiques » s’accentuent aux quatre coins du globe. De la Californie à la Grèce, en passant par l’Inde, les conséquences du ravage universel sont visibles à tous. Les projections du GIEC n’annoncent rien de bon sous le soleil du capital. Trois ans nous annoncent-ils, avant que ne soit trop tard. Peut-être qu’il est déjà trop tard pour le fameux sursaut. À l’évidence, ce genre d’annonce a une fonction précise : la paralysie. En rendant l’événement insaisissable, autrement dit, en accentuant la paralysie des forces historiques. C’est un stratagème bien rodé, parfaitement situé dans son époque historiale d’une apocalypse sans eschaton, dont le néolibéralisme est le nom. De crise en crise, le monde ne change pas. Les forces historiques sont enlisées dans cette sordide histoire, vivant le durcissement du continuum de la destruction de la vie. Le capital ne compte pas sauver le monde, il compte sauver ses miches et de surcroît faire une peu plus de profit sur le ravage en cours.
L’écologie politique se présente comme le nouvel antagoniste pour lutter contre le ravage universel. Pourtant, cet antagoniste s’est fondé sur deux plans distincts, le premier sur un plan économique rendant impossible de vaincre totalement son adversaire, le second sur une sensibilité lucide de la situation en cours. Tous ces jeunes et moins jeunes qui luttent ensemble, partagent une certaine sensibilité commune que la science a bien évidement pathologisé sous le nom d’écoanxiété. Personne n’est dupe, une autre fin du monde est possible. Mettre fin au monde du capital est une évidence pour ceux encore animés d’une âme. Pour ce faire, il faut situer là où le pouvoir circule, là où l’économie institue et régit. Continuer à nourrir insatiablement la tonalité offensive de nos sensibilités.
Entêtement