« la sconoscente vita che i fé sozzi,
ad ogne conoscenza or li fa bruni »
Dante, La Comédie, Chants VII
Álvaro de Campos, un jeune ingénieur maritime cloîtré là où les dieux errent la nuit, là où les Grecs furent pris de vertige, connu avant tout pour être ce que beaucoup de son peuple admirent, un poète. Il a écrit tout au long de sa vie une série de poèmes qui nous permet de suivre ses pensées, ses démarches, de hanter son existence qui n’est plus, mais qui demeure proche pour certains contemporains égarés. Dès ces premiers écrits, il y a l’importance primordiale apportée au geste du voyage. Il pensait rencontrer dans ce mouvement continu le charme exaltant d’une vie nouvelle. Du moins la frénésie légère du sentiment de vivre, ce qui n’est pas rien. Il y a le ton épique de la naissance. Épris d’un sentiment d’aventure insouciant et naïf, mais signe d’un renouveau vital de son existence morne. Son voyage passa par l’abandon du vieux continent, se dépouiller de ce dehors vieillissant et quotidien, ce dehors qu’il nomme l’Europe et dont il affirme son aptitude occultant le silence réel et entier de l’heure, cette Europe qui de par ses machinations infinies l’occulte de lui-même dit-il, enfin cette Europe qui recouvre « de son murmure ce mystère qui en moi presque crie, presque, presque pleure ». Dès son premier poème, son geste poétique est une plainte, l’idée d’écrire initiale fut non pour chanter l’amour d’une demoiselle quelconque, non pour s’essayer à un quelconque esthétisme artificiel qui lui permettrait une jolie place au sein du milieu ridicule des artistes, mais plutôt afin de verbaliser son rejet. Celle d’une opposition franche en voulant fuir ce que la civilisation européenne lui a fait : en occultant, en cachant, en brisant, en dépouillant la matière même de sa capacité astrale d’être une créature humaine, ce mystère – constitutif aussi pour son ami Mário de Sá-Carneiro – d’être simplement un homme entier. Ce mystère dénié qui laisse paître des créatures sans sens, qui tourne en rond à la mesure de leurs infernaux doutes qui ne cessent de les tourmenter, ce tourbillon incessant de paroles douloureuses à l’intérieur des crânes noircis d’impuissances. L’Europe dès lors, pour l’Ingénieur, est une vague entité d’occultation, comme une entité qui empêche de devenir ce qu’il était primordialement, dans l’archipel de l’enfance, dans l’ombrageux monde des vies passées, dans l’ardeur de sa répulsion solaire du quotidien si pauvre. Il éprouve la sensation de se sentir vivre pleinement, en se dépouillant de l’ondulation artificielle du continent sans danse, en se noyant dans les océans de l’action. Ce fut, dès le début, la démarche du jeune poète. C’est le geste d’ouverture de sa poésie.
Ainsi, il part en route pour l’Orient, pour l’Ailleurs, c’est l’heure du voyage. Sa poésie est espérante, conquérante. Il veut voyager et de fait, il voyage inlassablement, il ressent « la lenteur des vapeurs de la mer », il découvre l’immensité océanique, il découvre toutes ses vies qu’il ignore, « Combien de paysages j’ai vécu ! Plaines ! Mers ! Montagnes au loin ! Vous avez l’air si courbé, forêts de pins ! L’égalité des cultures ! », et surtout que le mouvement perdure, que le navire ou le train ne s’arrête jamais, qu’il devienne un rouage de leurs féeriques déplacements incessants. C’est, dit-il, dans le mouvement constant que son âme peut s’oublier, « appuyant ma tête contre la vitre qui vibre, secouant toute ma conscience et mon être entier », c’est en regardant le quai d’inconnus agités qu’il peut aussi se perdre et s’oublier. Malgré, qu’il ne saisisse rien aux phénomènes extérieurs, la gare lui apporte la certitude réconfortante d’hommes et femmes errants. « Le lointain ! L’au-delà ! L’autre ! La route ! Partir ! Partir absolument ! Partir corps et âme », il sent déjà le déclin européen s’extirper de son corps, le remède lui semble être trouvé au poison d’une société si bruyante, si sèche qui lui a occulté la capacité d’être pleinement le monde. Il y a un malaise qui transpire dès ses premiers écrits et dont le voyage offre un remède, un arrachement aux cages mortifères de l’individu européen. Le voyage est d’emblée ressenti comme un rugissement joyeux par l’oubli de tout ce qui le constitue comme visage fictionnel, souffrant.
Cet enthousiasme sera de courte durée, à peine un poème. Ce n’est que son corps qui voyagera, la géographie de l’âme dissout l’espace et le temps linéaire, elle est une affection dont le voyage nécessite autre chose qu’un simple ticket de navire transatlantique. Le Dehors le constitue. Très vite, il est submergé de nouveau par la douleur, et par l’ennui, et par le doute, alors il chante leurs retours… C’est le réveil après l’incantation chimérique. Loin de l’Europe, sa douleur reste la même, l’occultation métaphysique reste la même, les interrogations existentielles se trouvent toujours sans réponse : « « Qu’est-ce que je veux être ? Qu’est-ce que je désire vouloir ? Pourquoi voyager ? ». La distance géographique n’élimine pas ses pores d’Européen, elle lui a seulement offert le soulagement éphémère d’une fantaisie vaine. Il y a toujours ce mystère intérieur qu’il lui donne envie de pleurer, ce mystère dont il est difficilement capable de le saisir, de l’être. Ses rêves n’ont constitué ni plaisir ni vague subversive, mais ont provoqué un réveil si âpre, si difficile à digérer, à accepter. La joie des découvertes laisse place à l’ennui du trajet, à toutes les souffrances qui commencent à naître, du simple fait qu’il comprend que sa tentative, de s’extraire du Moi-étranger n’aboutit à rien. Il a beau se noyer dans le ruisseau des actions, dans le vacarme terrifiant de la vieille langue bleue, sa noyade n’aboutit à rien d’autre qu’au constat de l’ennui et de la douleur. La mer broie les êtres sans épaisseurs. Cet enthousiasme du voyage moderne (train, ferry de croisière…) va laisser le lieu à une poésie du malaise, à une poésie de destruction de l’individu, une poésie du réveil cauchemardesque de l’homme à l’aube du XXe siècle. Ce qu’il va suivre, c’est la mise en écrit d’un voyage infernal enfermé dans la pure capacité d’être rien, une simple ombre angoissante, sans aucun fleurissement transcendantal, sans aucune réciprocité des choses, la conscience d’une âme qui se ressent exilé de tout, étranger de tout et qui ne trouve pas d’échappatoire autre que le pur plaisir matériel de la découverte physique. Il n’a pas la possibilité de transmigrer son âme, d’avoir comme aide existentielle Virgile, non il n’y a que l’amère réalité de sa blessure qui n’offre rien d’autre que la destructivité du doute. Aucune fantaisie, aucune aide invisible, aucune puissance spirituelle, aucune foi. Que cette réalité soit les usines nouvelles de Lisbonne ou le canal de Suez, les forêts de pins, les wagons vibrants, etc. Tous ces phénomènes paraissent tenir un caractère immuable, rationnel, mais qui ne cesse de paraîtres si intimement étrange à une sensation interne qui ne trompe pas par sa douleur que tout ceci donne une abjection sans nom.
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En ce sens, ces poèmes de voyage sont l’aveu, la trace de l’échec du voyage dantesque, le don des larmes qui a ouvert un voyage inouï au Florentin, ici viennent s’abattre sèchement sur le sol d’un regard miroitant et l’âme sans repères ne comprend pas ses propres larmes qui s’évaporent sous le soleil éternel de Lisbonne. Le vestibule des créatures perdues. Ce n’est pas une ouverture vers le voyage qui a eu lieu, celui qu’il a tant désiré : « Voyager vers d’autres vies, voyager vers d’autres sens » comme le disait son ami Mário de Sá-Carneiro. Elle est là l’amertume et la poussée suicidaire qui découlera des poèmes suivants, la colère qui émerge de cette réalité donnée, et la tristesse de ne pas réussir à s’en extraire, la tristesse de voir à quel point elle l’a bousculé jusqu’au plus profond de son être. Et qu’il se retrouve à écrire ce qui, finalement, il n’aurait jamais voulu. Toutes les questions existentielles fleurissent devant ce spectacle de la vie dont il se sent vouloir fuir le rôle forcené qu’elle lui a donné. Ce sentiment d’altération dont il ne comprend ni l’origine, ni le sens, ni sa potentielle subsomption. Ce voyage vers d’autres vies, vers d’autres sens n’aura pas lieu pour l’Ingénieur. Et cela est clair dès les premiers poèmes, la chute du songe d’aventure se rompt brutalement, sèchement. Ni Sainte-Lucie, ni la Vierge, ni Béatrice ne viendront lui porter secours. Son incapacité d’un voyage sur le plan de l’âme est la fissure sur laquelle s’ouvre la suite de sa poésie. Il souffre d’une solitude extrême, il n’y a aucune communauté d’âme qui ne voit le jour ni avec les hommes, ni avec les animaux, ni avec les montagnes, ni avec la mer et les étoiles, etc., il n’y a rien. Il se retrouve seul face à l’inimitié et à l’iniquité du tout. Alors désastre et poésie de l’illusion. Incapacité mystique.
Le « bercement ferreux » qu’offre l’actualisation moderne de nouvelles techniques ne lui convient pas non plus, au contraire puisque des interrogations restent en suspens, des douleurs restent présentes, et ce bourdonnement infernal vient troubler une pensée qui cherche. Car sa réalisation est au-delà, ou au-dessous de cette couche assourdissante. Une succession interminable de doutes se jettent alors au sein des poèmes : « Quand je regarde en moi, je ne me perçois pas », « Rien en moi n’est juste et n’est en accord avec moi-même ». Rien en moi n’a une raison. Tout s’écroule, l’incertitude constante que lui offre la réalité commence à se répercuter sur sa forme d’être singulière. Il y a une telle floraison de doutes, d’incertitudes, d’afflictions de voir s’effondrer toutes les suppositions philosophiques, religieuses que le voyage sincère des âmes paraît bien impossible. Puisqu’un voyage sincère de l’âme implique la réfutation totale de l’ordre existant incompréhensible, une telle réfutation qui doit donner naissance à un vide floral, à un horizon où l’âme du poète pourrait s’engager joyeusement dans cette ouverture, dans ce chemin merveilleux de réalités autres. Mais quand l’âme se retrouve être malade, depuis longtemps, elle succombe aux fictions logiques qu’on lui offre, la joie ne peut être que matérialité, ainsi pris dans les mansuétudes quotidiennes Campos n’arrive plus à s’extraire, il est plongé dans ce sifflement industriel qui l’emporte malgré sa volonté initiale, tout ce vacarme le recouvre d’une peau qui l’ampute d’un rapport astral. Il devient amputé, il devient une bête qui souffre de solitude au milieu de cet univers, mais dont il pense être le sort logique, l’étrangeté constitutive d’une nouvelle normalité. Astre, astral sont des termes récurrents aussi chez le poète Mário de Sá-Carneiro, la modernité a plié le manteau d’astre, dirait-il, Campos parle d’avoir plié l’or. D’avoir tordu la capacité poétique de l’existence, d’avoir abandonné la chasse chaleureuse vers l’esprit d’or, ce n’est pas anodin que le recueil de 1937 publié par Fernando Pessoa de son ami défunt porte le nom Indices de l’or. L’or entendu métaphysiquement, alchimiquement comme la réalisation primordiale de l’être et dont son cher ami nous laisse des fragments de sa chasse personnelle vers cela. Ce ne sont que des indices puisque l’âme est devenue convalescente, sujette aux maladies diverses, d’une déficience inhérente à la pérennité occidentale, dont le geste Orpheu – par-là, j’entends le geste d’une amitié (Fernando Pessoa et Mário de Sá-Carneiro), qui va élaborer une pensée commune, un dialogue poétique – est une tentative offensive de casser ce mécanisme d’affaiblissement afin de se rendre présent simplement au monde, Orpheu est une âme commune par-delà les sujétions de se tordre à ce que les programmateurs de l’homme prêchent…
Álvaro de Campos parle d’un « mécanisme de désastres » qui entraîne un engrenage de fausseté, qu’il traverse des visions « d’échafaudages dans un jardin où il y a des fleurs dans l’air, sans tige », la Vision elle-même (cette puissance mystique) se trouve perturbée. Ce mécanisme l’emmène dans la profondeur superficielle de son âme, il titube et perçoit encore les illusions au sein de son propre abîme. La Vision ne perce plus le mensonge, elle en devient un élément. La pourriture nous habite, au sein de son propre plongeon, il retrouve des éléments constitutifs de l’horreur sociétale, il est constitué d’un habit de misère qui intègre tous les pores de son être. L’abysse spirituel est loin d’être vide de tout ce qu’il désire fuir. C’est ce mécanisme qui engendre chez lui un enchaînement faux des besoins et envies. Il est pris dans ce mécanisme, il est un produit comportemental, philosophique et sa phase « sensationniste » sera l’exemple de cela. Il ne l’ignore pas, au contraire ce constat d’une participation accrue à la mise en œuvre de l’occultation de l’éternité de l’instant le fait écrire ce terrible vers « J’ai l’impression d’avoir chez moi le couteau/Avec lequel le Précurseur a été décapité ». Il est au contact du couteau coupable, de la réalité assassine, il est dans sa propre maison et il n’a rien pu éviter, il est arrivé saugrenu après le crime, le meurtrier s’est enfui, sans savoir où, sans savoir qui c’était, était-il une ombre, un invisible courant d’air peuplé de paroles ? Et la victime elle aussi a disparu. Il ne peut pas se recueillir auprès d’elle, la toucher, la sentir, hériter tant bien que mal de ce corps défunt, mais il sait sensitivement qui elle est : le Précurseur. Il n’y a rien d’autre que l’objet du crime et la sensation certaine de son utilisation. Alors l’enquête est ouverte. Le meurtre et sa prise de conscience, c’est le constat par Campos d’une guerre à l’œuvre dont il est le malheureux perdant, dont découle une sensation de vide de l’existence actuelle désiré par certains, et l’abattement pénible dû à l’impuissance de remédier au crime dont il est le témoin et la victime.
Ici s’opère son angoisse, son malaise astral qu’offrent ses visions d’horreur, d’assassinats. Ainsi les logorrhées de doute et de souffrance continuent inlassablement… « Ma mágoa de vivre persiste », « Je n’ai aucune personnalité », « Les gitans ont volé ma chance ».
Dès lors, le voyage matériel perd maintenant aussi son intérêt. L’amertume sera alors encore plus grande. Puisqu’il affirme « Il n’est pas digne d’intérêt d’être allé en Orient et d’avoir vu l’Inde et la Chine » et proclame que « La terre est semblable et petite/et, il n’y a qu’une seule manière de vivre ». Vision prophétique du devenir du siècle, ou l’Orient tant fantasmé par les poètes tout comme les mystiques devient le cruel constat que cet horizon est faux, du moins n’existe plus, cet horizon devient un dégoût, salit et pourrit par tous ces Européens assoiffés de fantasmes exotiques. Le monde s’unifie, soufflant dans sa spirale destructrice de toute manière de vivre différentes que l’Orient pouvait offrir. Il ne reste rien. Et alors la vie au sein des navires, de ses voyageurs européens et leurs manières vacantes de vivre, deviennent source de haine. « Que la foudre vienne les briser », dit le proverbe portugais qu’il adresse aux lâches jouisseurs du voyage banal de l’Occidental moderne. Le message est clair : la foudre doit tomber. Le voyage prend fin tant spirituellement depuis le début, que matériellement au fil des poèmes. Se termine cette soif d’être autre chose qu’un simple puits ombragé par des feuilles ferreuses.
Il termine cette première phase par vouloir être abandonné, laissait pour compte assis sur une simple chaise attendant la libération de la mort. Il meurt de la souffrance des doutes, des illusions (voyage, Orient) qui tombent les unes après les autres, de cette douleur de ne pas réussir à se réaliser pleinement, n’arrivant pas à donner valeur à sa vie, à la vie. Le meurtre du Précurseur donne naissance à ces esprits de morts, et pour le mieux à des esprits de morts-vivants. Alors s’absoudre dans la tranquillité douce de s’asseoir sur une chaise, de patienter végétativement jusqu’à l’heure du cercueil lui semble être l’acte le plus digne pour imiter l’existence marmiteuse de ses semblables.
Le problème fondamental, c’est d’avoir à la maison le couteau qui a égorgé le Précurseur. Le lien fut brisé, la sensation unitaire annihilée, place aux clairs obscurs, aux séparations, aux incertitudes d’absolument tout. Le malaise astral est la conscience sensible de l’assassinat continu, de cet assassinat du Précurseur qui donne lieu à la prolongation du monde depuis des millénaires. L’unité brisée, rompue, par un mécanisme de désastre onto-théologico-politique. En ce sens la destruction du Moi par Campos par-delà être une condition alchimique nécessaire à un renouveau poétiquement sincère de la parole – est la négation intime de la réalité constituée. Cette négation passe par la douleur, puisque sa seule puissance n’est pas dans une manière autre de vivre en commun, mais simplement dans l’impuissance de l’écriture poétique solitaire. Ça passe par une chute qui doit ouvrir des visions nouvelles, par une intégration de l’âme aux formes sensibles de ses sensations intérieures comme opposition à l’atmosphère vibrante qui contamine jusqu’aux sons émis, jusqu’au regard, jusqu’aux pensées, jusqu’à ses vers qui aboutira chez Campos à la réalisation poétique d’une trace visible de ce que la société produit d’horribles, d’affaiblissements, d’aveuglements. Sa poésie, tout comme la poésie sincère en général, c’est le refus d’accepter la lâcheté de la philosophie, en ce sens où je n’affirme pas la quelconque vie que je mène comme raison seule et digne d’une vie future à mener, qu’au contraire, je la nie, je la rejette et je crache des mots annonciateurs (certes malheureux pour Campos) d’une négation radicale. Le monde extérieur m’offre une architecture palpitante de corps et de langages immondes, et la poésie advient au moment précis où le poète décide de clore le regard pour le jeter au plus profond de l’âme, au plus profond de ce qui ne peut être arraché. En ce sens, Álvaro de Campos nous donne une trace amère, nette de ce qu’il est, en tant qu’être amputé, faible et en tant que désireux de vouloir manger l’univers. Le lire permet de nous transmettre une tradition commune, celle d’âmes qui ont courageusement voulu embrasser le postulat simple de la vie.
Sa voie apparaît comme se déshabiller de l’outrage de ce monde, dit-il, de cette âme superficielle perçue comme une orfèvrerie infâme. Cette démarche peut s’opérer non plus simplement à travers un voyage, mais par une chasse à la recherche de qui je suis, à l’âme, une chasse spirituelle comme dirait l’autre, c’est-à-dire à la constitution persuasive d’une puissance attribuant contenu à la vie, lui attribuant valeur, profondeur. La nausée de la chair du destin se transforme en affirmation alchimique de la certitude de la transformation présente. Du « fantôme de mon être présent » dissous, l’extase d’être un fantôme du carême quotidien, d’être un fantôme digne du petit homme rouge : naviguer sur d’autres plans, effrayer les miséreux de l’ordre. La réalisation ardente de l’iris doré.
« Foge, usa a eternidade, vive… »
Arménio de Souza