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L’éternel chantage

Dans cette énorme société de prédateurs, Emmanuel Macron tire encore son épingle du jeu. Depuis plusieurs mois déjà, il prépare assidûment son coup de poker : mettre Jordan Bardella au pouvoir pour mieux le disqualifier aux prochaines élections présidentielles. En bon pervers qu’il est, Macron remet aux mains du « peuple » la décision d’élire ou non Bardella, à la manière d’une mère qui décide de responsabiliser ses enfants en leur soumettant le choix de la punition. Quel que soit le choix des enfants, leur décision ne fait qu’accroître leur dépendance envers leur mère. Ils penseront être libres de décider, mais leur décision sera toujours médiée par le rapport à leur mère. Qu’importe la nature du vote, qu’il soit en faveur ou contre Macron, tout est fait pour unir dans la dépendance envers lui. Même dans la haine, il y a une recherche d’approbation envers le haï.

La défaite de Macron a pourtant tout d’une victoire. Certes, il n’a pas eu son Bardella, mais par cette opération, il a réussi à renouer avec la solidarité du despotisme démocratique par un fort taux de participation et à faire de ce non-événement, un événement. Une nouvelle répétition du chantage a encore une fois eu lieu et les culpabilisateurs s’en sont donné à cœur joie. La gauche zombie a ressurgi, sortant de son caveau ses meilleurs cadavres, que l’on pensait pourtant avoir liquidés en 2016. « L’antifascisme de rue » a donc renoué avec son histoire qu’est la social-démocratie. À la fin, c’est toujours la démocratie qui l’emporte que ce soit avec ou sans Bardella, avec ou sans le Nouveau Front populaire, avec ou sans Macron. La démocratie, c’est la solidarité envers l’État. Solidaire avec tous, car tous dépendants de l’infrastructure étatique. Nul n’est véritablement une opposition s’il dépend de l’appareil qu’il combat. Il n’y a pas non plus de champ révolutionnaire ou s’il y en avait un, personne n’aimerait en être. « Il n’y aura que ce que nous construirons. C’est précisément parce qu’il n’y a personne à sauver qu’une révolution est si nécessaire » (Moses Dobruška, Comment tout a commencé. Thèses de Strasbourg).  

L’État nous enferme dans son pouvoir diffus, dans un environnement dont on ne peut s’extirper qu’à condition d’en comprendre les logiques les plus pernicieuses. Ce pouvoir démocratique environnemental est le cocon maternant de la technique. C’est cette dépendance qu’il nous faut défaire. Toute construction de force passe par une attention aux milieux techniques afin de rendre impossible le chantage. 

Entêtement

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