Je ne suis pas inconsolable,
Mais je ne suis pas de ceux
qu’on console impunément.
C’est la fin
vieux port désaffecté
rives suicidaires noyées
c’est la fin
le
je
dans
l’autre
s’est arrimé
lancer
le je
de l’autre
et l’arrimer
d’un dernier rêve tutoyé
tout commence
C’est la fin
et que ce fut beau
beau comme la violence d’un suicide
comme l’amarante des mains
qui se croisent comme
des yeux enfin s’attrapent
soudainement d’un orgasme
beau comme il faudra travailler
la terre
comme la malédiction palpable
orphelins des villes interchangeables
et l’orphelinat des chats sous le pont
comme derrière la subtilité de la beauté
se cache une confusion
d’intelligence
beau comme la responsabilité évaporée
dans une ivresse amoureuse
sous un abri-bus
comme la complicité sait casser
et puis se casse
comme un colis mondial-relais
rempli de cannabis
beau et violent comme un adieu
comme les décombres de ce monde
qui débordent déjà dans l’autre
et comme le nouveau
prendra feu
beau comme l’adage de la rivière
de mon ami
sur son visage
et sous ses pieds
comme les ponts qu’il ne faudra
plus sauter
beau comme le vide d’en haut refuse
celui du dedans
comme du néant surgit l’invisible
comme ces dernières fois qui recommencent
et la musique que tu sifflotes
depuis des années comme
une tache sur le sol
comme rien qui change
et l’impatience qui ne change rien
beau comme le regard d’un poème
qui ose regarder celui de son époque
qui l’épie
beau comme
vos discours acéphales
et nos amours en aval
comme le noir et le blanc d’une image
et celui de ton visage
beau comme l’obstination
de l’anonymat
ou d’un sourire
qu’une violente poussière recouvre
comme peut être actif un découragement
sur le récif de certains mots
comme la créativité devient
xylophage sur le toit des cabanes
comme un vol à l’étalage
et un songe qui prend fin
beau comme une mélopée qui sonne faux
quand il ne reste que celle qui tue dans le frigo
comme les sensations se ternissent
comme il parlait des fous
jusqu’à ce que son rire le trahisse
beau comme ton brise-vitre
comme la moitié d’une lame
et sa défaite poétique dans l’autre
beau comme le tremblement des mains
dans le lit
comme tes doigts autour du verre
comme le vent et la pluie enserrent et
rien de plus beau que lorsqu’on retrouve la joie
de parler de la vie qui se perd
comme la possession s’écoule
comme les vrais jours
qui reviendront
comme encore une musique
là où il n’y a plus d’histoire
comme une hypocrisie fait de son mieux
et personne qui n’écoute
comme la moindre raison pour boire
beau comme un épigraphe
comme la saillie schizoïde du temps
et violent l’ébat de sa sincérité
comme les restes du spectacle
derrière le rideau des yeux
comme une mâchoire raidie
sous un néon bleu plein de bruits
comme cette triste rue
griffée de passants silencieux
comme tu criais à l’aide en chatouillant
mon oreille de tes lèvres
comme la promesse d’une fièvre
et le mariage du spectre de l’enfer
beau et violent comme l’absence de silence
et le boucan dans ma bouche
comme tu vomissais après le café
comme un surplus de souhaits
douloureux et une résignations acharnée
plus beaux que tous les endroits de la terre
alors qu’on y croyait
les mains ouvertes
comme des feuilles
beau
comme l’hiver.
Amir