X

15.

Je ne suis pas inconsolable,
Mais je ne suis pas de ceux 
qu’on console impunément.

C’est la fin

vieux port désaffecté

rives suicidaires noyées
c’est la fin 
le 
je 
dans 
l’autre 
s’est arrimé

lancer 
le je 
de l’autre 
et l’arrimer 
d’un dernier rêve tutoyé
tout commence

C’est la fin 
et que ce fut beau
beau comme la violence d’un suicide 
comme l’amarante des mains
qui se croisent comme 
des yeux enfin s’attrapent 
soudainement d’un orgasme 
beau comme il faudra travailler
la terre 
comme la malédiction palpable
orphelins des villes interchangeables
et l’orphelinat des chats sous le pont
comme derrière la subtilité de la beauté 
se cache une confusion 
d’intelligence
beau comme la responsabilité évaporée 
dans une ivresse amoureuse 
sous un abri-bus
comme la complicité sait casser
et puis se casse
comme un colis mondial-relais 
rempli de cannabis 
beau et violent comme un adieu 
comme les décombres de ce monde 
qui débordent déjà dans l’autre
et comme le nouveau
prendra feu 
beau comme l’adage de la rivière 
de mon ami 
sur son visage 
et sous ses pieds 
comme les ponts qu’il ne faudra
plus sauter 
beau comme le vide d’en haut refuse
celui du dedans 
comme du néant surgit l’invisible
comme ces dernières fois qui recommencent 
et la musique que tu sifflotes 
depuis des années comme 
une tache sur le sol
comme rien qui change 
et l’impatience qui ne change rien
beau comme le regard d’un poème
qui ose regarder celui de son époque 
qui l’épie
beau comme 
vos discours acéphales 
et nos amours en aval
comme le noir et le blanc d’une image 
et celui de ton visage 
beau comme l’obstination 
de l’anonymat
ou d’un sourire 
qu’une violente poussière recouvre
comme peut être actif un découragement
sur le récif de certains mots
comme la créativité devient
xylophage sur le toit des cabanes
comme un vol à l’étalage 
et un songe qui prend fin 
beau comme une mélopée qui sonne faux
quand il ne reste que celle qui tue dans le frigo
comme les sensations se ternissent
comme il parlait des fous 
jusqu’à ce que son rire le trahisse
beau comme ton brise-vitre
comme la moitié d’une lame 
et sa défaite poétique dans l’autre 
beau comme le tremblement des mains
dans le lit
comme tes doigts autour du verre 
comme le vent et la pluie enserrent et 
rien de plus beau que lorsqu’on retrouve la joie
de parler de la vie qui se perd
comme la possession s’écoule 
comme les vrais jours
qui reviendront
comme encore une musique 
là où il n’y a plus d’histoire 
comme une hypocrisie fait de son mieux
et personne qui n’écoute
comme la moindre raison pour boire
beau comme un épigraphe 
comme la saillie schizoïde du temps
et violent l’ébat de sa sincérité
comme les restes du spectacle 
derrière le rideau des yeux 
comme une mâchoire raidie 
sous un néon bleu plein de bruits
comme cette triste rue 
griffée de passants silencieux
comme tu criais à l’aide en chatouillant 
mon oreille de tes lèvres
comme la promesse d’une fièvre
et le mariage du spectre de l’enfer
beau et violent comme l’absence de silence
et le boucan dans ma bouche 
comme tu vomissais après le café 
comme un surplus de souhaits
douloureux et une résignations acharnée
plus beaux que tous les endroits de la terre 
alors qu’on y croyait 
les mains ouvertes 
comme des feuilles 
beau 
comme l’hiver.

Amir

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