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La sensibilité en mouvement

Le gouvernement continue son horrible plan néolibéral coûte que coûte. Économiser encore plus l’existence, rendre inopérantes les possibilités de s’extraire de cette logique, prolongeant une nouvelle fois la « stratégie du choc ». Personne n’échappe à cette situation. La résistance en est ainsi amputée matériellement. Il a fallu un énième 49.3 pour voir une éclaircie, certes brève, mais néanmoins précieuse. Sortie du dispositif manifestation, une forme éphémère a pris forme : celle des déambulations nocturnes à coup de poubelles enflammées profitant de la grève des éboueurs. Étrangement, cette forme a pris des allures de cartoon, par la mise en pratique du jeu du chat et de la souris. Les jeunes flâneurs largement inspirés du be water de Hong-kong, ont su mettre en place la fluidité de la décomposition-recompositon pour déstabiliser le dispositif policier. Sans pour autant tenir à une localité. Il semble qu’au vu de la dernière insurrection française, la puissance d’un mouvement insurrectionnel tienne dans sa capacité à multiplier des formes situées, que ce soit l’occupation-blocage, le sabotage et l’émeute. S’il est vrai que les « gilets jaunes » ont été vaincus, que « le cortège de tête » fait partit du scénario du maintien de l’ordre, que nous vivons la capture des gestes de rupture par la gauche, il reste encore un désir profond de briser le socle représentatif (syndicaliste, autonome, citoyen, etc.) par le partage commun d’une expérience vécue. Faire l’expérience de formes située dans une situation, ne pas s’arrêter à la figure de la police, mais viser au-delà : viser des lieux qui incarnent en chaque ville la tyrannie étatique. Des esquisses en ont été expérimentées à Brest, Lorient ou Bordeaux.

Cependant, nous devons essayer de décrypter la stratégie gouvernementale pour construire des stratégies adéquates à la situation en cours. Le gouvernement a pris un tournant paradigmatique en affirmant la forme autoritaire de l’appareil d’État pour mater la contestation à Sainte-Soline. Darmanin reconduit les vieux stratagèmes de contre-insurrection dans le but de produire un monstre avec le terme d’ultragauche. Le flou est de mise, pour permettre de ranger dans le même sac les réformistes de l’extrême gauche et toutes les personnes sincères qui tentent d’en finir avec l’état des choses. Cela permet à Darmanin de disqualifier la NUPES du jeu politique et surtout de disqualifier les gestes de soustraction à l’ordre établi comme étant des gestes de l’extrême gauche. Briser ce nouveau dispositif va demander un certain nombre d’efforts, pas seulement tactique, mais stratégique. Élaborer une stratégie qui tient en elle une sensibilité au monde, qui ne s’oublie pas dans la dimension militaire ou dans la frustration émeutière.

Entêtement

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