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Antifasciste et Anticonspirationiste dans tout leur état

L’antifascisme est un leurre.

L’impuissance de l’indignation s’étend face à la présence médiatique de l’ectoplasme fasciste. En France, cet ectoplasme a pris racine sur le despotisme démocratique toujours plus accru, sa démocratisation prit un peu plus d’ampleur au cours de ces dernières décennies grâce à la sphère médiatique dirigée par ses nombreux sympathisants. On ne peut séparer démocratie et fascisme, les deux sont liées, l’un est le corps l’autre est son ombre. La démocratie et le fascisme ne peuvent exister sans l’économie. Défaire le fascisme implique de défaire son corps (la démocratie) et son essence (l’économie). Alors, quand la démocratie sort de son placard l’épouvantail de la menace fasciste, elle renforce le désir fasciste et elle s’empresse de l’agiter dans tous les sens pour légitimer son existence dans les urnes. Il n’y a plus grand monde de sincère et de sensibles pour croire aux bobards électoraux, ceux qui continuent de participer à ce jeu sordide ne désirent qu’une chose : la dictature. À force de jouer le jeu de la bonne République, un désir grandit au sein même du despotisme démocratique, celui de la dictature. L’époque de la République romaine n’est pas si lointaine.

La grande famille de la gauche tombe toujours dans le piège du sauvetage de la démocratie par l’agitation de l’antifascisme pour défaire le fascisme. L’antifascisme est un leurre. « Les fascistes d’aujourd’hui ne sont pas les fascistes d’hier. Et les antifascistes d’aujourd’hui ne sont pas les antifascistes d’hier. De quoi demain sera fait?» (A.M. Gittlitz, Anti-Anti-Antifa) Et non, les fascistes et les antifascistes d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes qu’hier, pourtant ils tiennent à l’évidence la même place sur l’échiquier de la démocratie. Si l’antifascisme contemporain est moins proche de la gauche institutionnelle et s’il est certes dans le collimateur de la flicaille, il reste pourtant prisonnier de son antagoniste. Qu’est-ce qu’un antifasciste sans fasciste? L’antifasciste désire libidinalement le fascisme. Quant à l’ectoplasme fasciste, il est toujours nourri de la même manière. Le fascisme se nourrit de la haine de la corruption démocratique, toutes les réactions au fascisme le revigorent et lui donne l’impression que ces réactions soutiennent l’ordre démocratique existant. Le fascisme habite le néant, il fantasme sa destruction par l’autre, il fantasme l’autorité, il ne pense qu’a une chose la nuit à la grandeur de la bite de son ennemi. Alors, quand les fascistes essayent platement de prendre la rue, il ne faut évidemment pas leur laisser, il est nécessaire de s’organiser pour y faire face. Néanmoins, le fascisme ne disparaît pas par l’éducation ou par la force du mouvement antifasciste, seule les torrents révolutionnaires destituant l’économie peuvent renvoyer les fascismes à leur néant.

L’anticonspirationnisme d’aujourd’hui est le même qu’hier

L’anticonspirationnisme se niche partout où la contre-révolution triomphe. Le Covid a permis un renouveau de l’anticonspirationnisme dans tous les carcans de la « société », même chez certains « révolutionnaires ». On trouve même un observatoire du conspirationnisme comme nouveau chien de garde de l’ordre établi qui vomit toute tentative de soustraction à ce monde. Le conspirationnisme n’est pas réservé à l’extrême droite, l’histoire du mouvement révolutionnaire le démontre. Être anticonspirationniste aujourd’hui, c’est réactiver l’anticonspirationnisme d’hier. Si on regarde l’histoire par le prisme du féminisme, les persécutions envers les femmes sont le fait de l’anticonspirationnisme. L’ordre patriarcal est un ordre paranoïaque ou chaque réunion de femmes est une conspiration potentielle. Sur ce point nous ne les contredirons pas. « Dès le XVIIe siècle, les sorcières étaient accusées de conspirer à la destruction des pouvoirs génératifs humains et animaux, de pratiquer des avortements et d’appartenir à une secte infanticide qui tuait les enfants ou les offrait au diable. » (Federici, Caliban et la Sorcière) Les femmes conspirent contre l’ordre qui les maintient dans la faiblesse. Heureusement pour elles ! Qu’elles conspirent ! Il n’y aura pas eu de mouvement féministe sinon. C’est une évidence que l’anticonspirationnisme ne défait aucun ordre, il est un moyen stratégique de le maintenir.

Dans le parti de la révolution, les anticonspirationnistes ont pris du poil de la bête, pour défaire tout débordement des catégories de la radicalité impuissante de l’« ultragauche », si cher aux radicaux anticonspirationniste. À force de s’en tenir à des analyses inopérantes, nier les singularités et les complexités de l’époque, on doit faire face à l’angoisse du vide. Il n’y a pas d’idéologie, les gens croient en toute sorte de choses, le commun se créait dans des expériences vécues. Nous ne sommes pas des êtres imperméables, il y a des rencontres qui changent des vies surtout dans l’affrontement contre ce monde. Car tout soulèvement, toute révolution est le fait du conspirationnisme : « En Virginie, le point culminant de l’alliance entre Noirs et Blancs fut la révolte de Nathaniel Beacon, en 1675–1676, lorsque des esclaves africains et des serviteurs britanniques en indenture s’unirent dans une conspiration contre leurs maîtres ». (Federici, Caliban et la Sorcière)

Saeba

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