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Soutenir la révolte

Une nouvelle fois, la police a volé une vie. La vidéo du meurtre de Nahel en a touché plus d’un, donnant lieu à un grand bouleversement des sensibilités. Réactivant la mémoire des atrocités policières. Face à cette horreur, la croyance en la justice et la reconnaissance de l’État a été balayée par l’émergence d’un bon sentiment, celui de la vengeance. Ce sentiment est partagé dans toute la France : de Nanterre à Marseille, en passant par Aulnay-sous-Bois, Lyon, Brest, la Guyane, et même la Belgique, la liste est longue. Se venger est devenu une nécessité.

Ces trois nuits de révolte ont démontré qu’il est toujours possible de tenir des gestes et des mots, par la matérialisation de ce sentiment commun qui anime cette révolte, ce qui effraie l’ordre social, qui subit une nouvelle fois des fractures. De cet état de fait, l’ordre social doit une nouvelle fois renforcer l’autonomie politique et nécropolitique de la police. La présence de la BRI, du GIGN et du RAID dans les opérations de maintien de l’ordre démontre l’incapacité du gouvernement à gérer la situation. Hier soir, la BRI, le GIGN et le RAID, ont été obligé de tirer dans la foule pour tenter d’irriguer la détermination des révoltés.

La puissance qui traverse cette révolte tient au fait que ces jeunes et moins jeunes révoltés partent du sensible, ne partent en aucun cas de la politique ni d’une quelconque idéologie. C’est le meilleur terreau pour qu’une intelligence collective puisse exister. Chacune de ces nuits de révolte a été l’occasion de mettre en pratique cette intelligence collective. Certaines mairies, commissariats, infrastructures des JO, etc., ont pris de jolies couleurs grâce au déploiement de cette intelligence.

C’est souvent à l’heure de la révolte que le fait d’habiter une ville prend vraiment tout son sens, car la ville n’est plus appréhendée comme un espace étranger à soi, mais est enfin vécue comme sa ville : à soi et aux autres, ceux qui choisissent de mettre en jeu leur habitat en tant qu’espace de conflit. Chaque recoin du quartier et de la ville sont connus par les révoltés, cela permet d’établir des stratégies adéquates au lieu et déjouer le maintien de l’ordre. Quant aux pillages et à la destruction, ce ne sont que des moyens de se réapproprier ce que ce monde tend à vendre et à glorifier. D’où les scènes de liesse quand un magasin est pillé, plus besoin de se crever au travail pour avoir de beaux habits, il n’y a plus qu’à se servir.

L’accroissement de puissance de cette révolte et de sa possible métamorphose dépend de sa prolifération. Moins il aura de centralité, moins le pouvoir aura la capacité d’avoir prise sur les révoltés. Chaque ville, chaque quartier est un potentiel foyer de cette révolte. Donc un potentiel appui à l’affirmation de la rupture qui se vit actuellement. Nous savons tous quoi faire, pas besoin de plus l’expliciter.

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