le père Du-pèr
Un texte de Justin Delareux
Du-pèr
pas tout à fait dupe
qu’on pourrait décrire ainsi
le père Du-pèr
semblable à plein
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Un texte de Justin Delareux
Du-pèr
pas tout à fait dupe
qu’on pourrait décrire ainsi
le père Du-pèr
semblable à plein
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Un texte d’Alain Santacreu
Giorgio Agamben dans un texte récent pronostique la fin du judaïsme : « le judaïsme, qui n’était pas mort à Auschwitz, connaît peut-être aujourd’hui sa fin ». Je ne le suivrai pas dans cette affirmation : le judaïsme ne disparaîtra pas tant que le peuple juif comptera un seul juste en son sein. Toutefois, l’inhumanité criminelle du sionisme à Gaza, au Liban et en Iran, véritable négation du judaïsme, aura pour conséquence irrémissible l’obscurcissement de ce dernier, la virtualisation de la spiritualité toraïque qui provoquera simultanément l’actualisation révélatrice du chiisme duodécimain.
L’extinction du judaïsme dans la lumière de la terre céleste Lire la suite »
Un texte de Giorgio Agamben
Pourquoi sommes-nous capables de décrire et d’analyser l’ancien qui se dissout et à l’inverse nous ne réussissons pas à imaginer le nouveau ? Peut-être parce que nous croyons, plus au moins inconsciemment, que le nouveau soit quelque chose qui vient – on ne sait d’où – après la fin de l’ancien. L’incapacité de penser le nouveau se trahit ainsi par l’usage imprudent du préfixe post : le nouveau est le post-moderne, le post-humain – dans tous les cas quelque chose qui vient après. C’est précisément le contraire qui est vrai.
L’ancien et le nouveau Lire la suite »
Un texte de Giorgio Agamben
L’affirmation soudaine de Heidegger dans l’interview au Spiegel de 1976 : « Seul un Dieu peut nous sauver » a toujours suscité de la perplexité. Pour la comprendre, il est avant tout nécessaire de la restituer dans son contexte. Heidegger venait de parler de la domination planétaire de la technique qui rien ne semble être en mesure de gouverner. La philosophie et les autres puissances spirituelles – la poésie, la religion, les arts, la politique – ont perdu la capacité de secouer, ou en tout cas, d’orienter la vie des peuples de l’Occident.
Seul un Dieu peut nous sauver Lire la suite »
Un texte de Giorgio Agamben
Nous sommes tous en enfer, mais certains semblent penser qu’il n’y a rien d’autre à faire ici que d’étudier et de décrire minutieusement les démons, leur apparence hideuse, leur comportement féroce, leurs intrigues perfides. Peut-être s’imaginent-ils ainsi qu’ils peuvent échapper à l’enfer et ne se rendent pas compte que ce qui les occupe entièrement n’est que le pire des châtiments que les démons ont imaginé pour les tourmenter. Comme le paysan de la parabole kafkaïenne, ils se contentent de compter les puces sur le revers du gardien. Il va sans dire que ceux qui, en enfer, passent leur temps à décrire les anges du ciel ne sont pas non plus en reste : il s’agit là d’une punition, moins cruelle en apparence, mais pas moins haïssable que l’autre. La vraie politique se situe entre ces deux châtiments.
Allégorie de la politique Lire la suite »
Un texte de Gerardo Muñoz
Que faut-il pour détruire un monde ? Il semblerait que la question elle-même soit trop métaphorique et impertinente ; peut-être aussi hyperbolique et présomptueuse par rapport à la fuite de l’infini incarnée par l’homme-monde. C’est pourtant la question que nous devrions nous poser si l’on en croit le livre court et très accessible de Mauricio Amar, El Paradigma Palestina : Sionismo, Colonización, Resistencias (DobleaEditores, 2024), écrit dans le sillage de la guerre d’anéantissement en cours à Gaza afin de mettre à nu l’abîme paradigmatique de la mort sociale dans lequel l’humanité se trouve au sommet de sa domination civilisationnelle.
De la destruction des mondes Lire la suite »
Un texte de Luhuna Carvalho
La publication en 2024 de Os Invisíveis (Gli invisibili, 1987, traduit en français en 1992 sous le titre Les invisibles) de Nanni Balestrini par l’éditeur Barco Bêbado à Lisbonne suscite une série d’événements relative non pas à l’œuvre elle-même, mais au contexte de son édition. Nanni Balestrini (1935-2019) a été l’une des principales figures de la contre-culture italienne, reliant l’expérimentalisme des avant-gardes artistiques et littéraires du début du siècle aux expériences insurrectionnelles de l’après-guerre.
Une éclipse de l’invisibilité Lire la suite »
Un texte de William Davies
Dans la décennie qui a suivi la chute du Mur de Berlin, les théoriciens critiques ont porté une attention renouvelée à ce que Charles Taylor a appelé de manière célèbre « la politique de la reconnaissance ». Ce dernier suggérait que la demande de reconnaissance soit en fait liée aux notions modernes d’identité – la compréhension qu’une personne a de ses caractéristiques fondamentales, de ce qu’elle est. Puisque notre identité est en partie façonnée par la reconnaissance des autres, les individus peuvent subir un préjudice réel si la société leur renvoie une image dévalorisante d’eux-mêmes.
La politique de la reconnaissance à l’ère des réseaux sociaux Lire la suite »
Un texte de Yuk Hui
Toutes les catastrophes sont algorithmiques, même celles de la nature, dès lors que l’on considère que l’univers est gouverné par les lois régulières et automatiques du mouvement et de l’émergence. Une catastrophe prend alors la forme d’une perturbation accidentelle générée par les lois internes de l’univers. Nous pouvons comprendre le terme « accident » de deux façons différentes.
La catastrophe algorithmique, revanche de la contingence Lire la suite »
Un texte de Julien Coupat et alii
L’art spectaculaire de la commémoration forme l’une des branches de cet innombrable art du refoulement par quoi cette société assure sa reproduction à l’identique. En quoi il fallait bien « dire quelque chose » en ce mois de mars 2025, cinq ans après le trauma expérimental du confinement de 2020. Il fallait « dire quelque chose », et même beaucoup piailler, afin que rien ne fût dit, rien de décisif en tout cas. Il faut bien avouer que, quoi qu’on en pense, l’horloge est restée bloquée, dans ce pays, en ce jour de mars 2020.
Un texte Julien Coupat
Que des écrivains ou des cinéastes en panne d’inspiration aillent prélever dans l’affaire dite « de Tarnac » la matière que l’imagination leur refuse, cela s’est vu maintes fois, et se reverra encore. Mais qu’une ambitieuse qui se décrit elle-même comme une « vendue » vienne de Los Angeles pour expliquer au Monde des livres que je l’aurais sollicitée comme « biographe officielle » et allègue une proximité inexistante pour ajouter un peu de crédit à sa prose superflue, voilà qui relève du plan com’ qui dérape.
L’affabulation de trop Lire la suite »
Un texte Iman Ganji
Ils nous ont gazés dans leurs rues, à leurs frontières, et nous avons survécu. Ils nous ont placés au bord de la ruine psychologique, dans les hachoirs à viande de leurs processus d’intégration et dans les camisoles de force qui servaient d’uniformes dans leurs universités, et pourtant nous avons survécu.
Oh, mes sœurs, mes frères, et tous les autres au-delà et entre les deux. Nous sommes les cafards de l’Europe. Nous survivons même aux bombes atomiques.
Quelque chose de terrible se profile à l’horizon, et nous y survivrons. Ils ont peur de nous, ils crient et grimpent sur leurs chaises, se retirant dans des positions de répression plus élevées.
Retour sur la fin des temps : Cafards, incendies, monstres Lire la suite »
Un texte de Sidi Mohammed Barkat
Ce qui se joue principalement en Algérie sous occupation française, c’est la question du rapport à la terre. Une telle affirmation est de l’ordre de l’évidence, pourrait-on rétorquer. Rien n’est moins sûr. Le rapport à la terre de l’État colonial et des populations en présence englobe des considérations qui sont loin d’être transparentes. La particularité de la colonisation de l’Algérie nous oblige à aller au-delà de la simple reproduction du visible et à tenter de rendre visible ce qui se dérobe alors même qu’il est devant nous.
L’Algérie française ou le meurtre de la politique Lire la suite »
Édito
Le nihilisme est là. Il exprime sa puissance dans la négation des sentiments pleins et entiers et dans leur abandon à la complicité du pouvoir. Le nihilisme ne produit que des victimes complices de cet état traumatique de la vie. Des victimes parfaites qu’il prend dans ses filets jusqu’à ce qu’elles sacralisent l’horreur du pouvoir. Comme l’écrivait Roger Caillois dans Le pouvoir charismatique, Adolf Hitler comme idole, « Tout pouvoir est une magie réelle, si l’on appelle magie la possibilité de produire des effets sans contact ni agent, en provoquant pour ainsi dire une parfaite et immédiate docilité des choses. Or les choses ne sont pas dociles, il faut des forces pour les mouvoir et, pour ces forces, des points d’application ». Ce monde civilisationnel se figure dans la réunion des victimes.
Considération sans histoire Lire la suite »