Avril 2023
La sensibilité en mouvement
Édito
Le gouvernement continue son horrible plan néolibéral coûte que coûte. Économiser encore plus l’existence, rendre inopérantes les possibilités de s’extraire de cette logique, prolongeant une nouvelle fois la « stratégie du choc ». Personne n’échappe à cette situation. La résistance en est ainsi amputée matériellement. Il a fallu un énième 49.3 pour voir une éclaircie, certes brève, mais néanmoins précieuse. Sortie du dispositif manifestation, une forme éphémère a pris forme : celle des déambulations nocturnes à coup de poubelles enflammées profitant de la grève des éboueurs.
Giordano Bruno, l’art des métamorphoses
Un texte d’Owen Sleater
Plus que jamais, nous sommes dans l’errance. Une errance commune pourtant difficilement partageable, une errance sur tous les plans. Il est toujours bon de se perdre un temps, cela peut permettre quelques découvertes, comme l’œuvre de Giordano Bruno, qui regorge de conseils tactiques pour notre époque. On ne peut guère résumer aisément la vie de Bruno, théologien hérétique pratiquant les mathématiques, la physique, la métaphysique et la magie. La métamorphose comme seuil éthique de son existence.
Le prêtre aztèque à l’Élysée
Un texte de Virgile dall’Armellina
« Est-ce que vous pensez que ça me fait plaisir de faire cette réforme ? » Ces mots, Emmanuel Macron les prononce face aux deux journalistes autorisés à se rendre au palais de l’Élysée pour l’interroger. Une fois n’est pas coutume, ils n’ont pas l’air d’être trop impressionnés par le chef de l’État. Conscients peut-être du niveau de colère de leurs auditeurs, ils entendent signifier qu’ils feront leur travail et poseront de vraies questions au Président.
Pasolini, Mishima : la subversion cosmologique en partage
Un texte de Virgile dall’Armellina
Les années que nous vivons sont situées entre deux centenaires. Celui de la naissance de deux écrivains, artistes et penseurs majeurs : Pier Paolo Pasolini, né le 5 mars 1922, et Yukio Mishima, né le 14 janvier 1925. Nous voudrions inviter à nous examiner ce que leur héritage pourrait apporter à la compréhension de la situation politique, et inciter à relire ces auteurs dans une perspective de dépassement du capitalisme.
Les deux visages du pouvoir
Un texte de Giorgio Agamben
Qu’on le désigne par l’hendidys « constitution/gouvernement » ou par « État/administration », le concept fondamental de la politique occidentale est un concept double, une sorte de Janus à deux visages, montrant tantôt le visage austère et solennel de l’institution, tantôt le visage plus ombrageux et informel de la pratique administrative, sans qu’il soit possible de les identifier ou de les dissocier.
Les deux visages du pouvoir II : politique et économie
Un texte de Giorgio Agamben
« Le destin, c’est l’économie », c’est un peu le refrain que les hommes dits « politiques » nous répètent depuis des décennies. Et pourtant, non seulement ils ne renoncent pas à se définir comme tels, mais les partis auxquels ils appartiennent continuent d’être qualifiés de « politiques » et les coalitions qu’ils forment dans les gouvernements et les décisions qu’ils ne cessent de prendre se déclarent « politiques ».
Les deux visages du pouvoir III : le royaume et le gouvernement
Un texte de Giorgio Agamben
« Le roi règne, mais ne gouverne pas ». Que cette formule, qui est au cœur du débat entre Peterson et Schmitt sur la théologie politique et qui, dans sa formulation latine (rex regnat, sed non gubernat), remonte aux polémiques du XVIIe siècle contre le roi de Pologne Sigismond III, contienne quelque chose comme le paradigme de la structure duale de la politique occidentale, c’est ce que nous avons essayé de montrer dans un livre publié il y a près de quinze ans. Là encore, à la base se trouve un problème authentiquement théologique, celui du gouvernement divin du monde, lui-même finalement expression d’un problème ontologique.
Les deux visages du pouvoir IV : anarchie et politique
Un texte de Giorgio Agamben
C’est un constitutionnaliste allemand de la fin du XIXe siècle, Max von Seydel, qui a posé la question qui semble aujourd’hui incontournable : « Que reste-t-il du royaume si l’on supprime le gouvernement » ? En effet, le temps est venu de se demander si la fracture de la machine politique occidentale n’a pas atteint un seuil au-delà duquel elle ne peut plus fonctionner. Dès le XXe siècle, le fascisme et le nazisme avaient déjà répondu à cette question à leur manière par l’instauration de ce que l’on a appelé à juste titre un « État dual », dans lequel l’État légitime, fondé sur la loi et la constitution, est flanqué d’un État discrétionnaire qui n’est que partiellement formalisé et où l’unité de la machine politique n’est donc qu’apparente.
Les deux visages du pouvoir
Un texte de Giorgio Agamben
Qu’on le désigne par l’hendidys « constitution/gouvernement » ou par « État/administration », le concept fondamental de la politique occidentale est un concept double, une sorte de Janus à deux visages, montrant tantôt le visage austère et solennel de l’institution, tantôt le visage plus ombrageux et informel de la pratique administrative, sans qu’il soit possible de les identifier ou de les dissocier.
De l’« inconscient » au monde
Un texte de Zibodandez & Alii
Les groupes se font et se défont. Un groupe n’est qu’une forme dont la durée d’existence est déterminée par la nécessité de son émergence – incommensurable, heureusement ! Car la durée d’existence d’un groupe est toujours singulière et dépend de sa propre expérience. Au gré de nos diverses itinérances – politiques ou non –, les groupes sont le nid des communautés terribles (Tiqqun). S’enfermer en groupe, c’est se fixer et voir l’identité prendre ses aises.