Prendre au sérieux Jacques Camatte, pour les lecteurs de Marx quelque peu assidus, c’est accepter de commettre une hérésie. Se laisser porter par cette pensée, c’est se mouvoir au-delà des habitudes et des facilités. Elle est une de ces voix qui parle à soi contre soi, mais toujours depuis soi-même. Elle pousse à trahir ce qui se tenait là, devant nous, inébranlable comme une loi. Traversant la prophétie de Bordiga d’une révolution mondiale en 1975, depuis la théorisation de la contre-révolution, de l’émergence de la révolution (1968) jusqu’à son intégration, la pensée de Camatte accepte de se transformer sans renier ses origines. Il ne s’agit donc pas donc de faire jouer Marx contre Marx pour tenter pour la énième fois de le sauver, mais de jouer Marx contre l’époque depuis Marx et d’être forcé de le dépasser.