Décembre 2022
L’abondance de la gouvernance
Édito
Les communicants de la politique ont annoncé la fin de l’abondance. C’est la fin d’un paradigme et le début d’un autre : celui de la pénurie. Néolibéralisme oblige, la politique de la crise règne toujours et son efficacité reste évidemment opérationnelle. L’annonce de la pénurie est une opération de tension permanente, c’est un mode de gouvernance. Le capital amplifie sa temporalité, celle constituée par la modernité comme unique temporalité possible : celle du calcul et de la gestion. La toile de l’économie du temps de la modernité provoque l’homogénéisation des différentes temporalités constituant les multiplicités de mondes, qu’il soit humain, animal, végétal. Nous n’échappons pas à cette soumission à l’amplification constante de l’urgence.
Misère du capital humain
Un texte de K.H.M
Chaque reconfiguration du capital consiste à renforcer notre impossibilité d’agir dans le monde, être dépossédés du monde et de soi-même, voilà la politique de l’Économie. L’accroissement de cette dépossession généralisé est le fait de la colonisation en profondeur d’une ressource essentielle l’humain. Le « capital humain » est l’objet des puissants de ce monde.
L’auto-conservation du capital et l’horloge de l’apocalypse
Un texte d’Ezra Riquelme
En août dernier, une étude de la Banque HSBC prévoit une diminution drastique de la population mondiale pour 2100, soit la disparation de plus que 4 milliards d’êtres humains. Les causes que ce bureau d’étude nous balance pour justifier cette disparition de la moitié de l’humanité : la baisse du taux de natalité, le vieillissement de la population. L’annonce d’un tel scénario n’a pour véritable but que de maintenir une pression constante sur les esprits et les préparer à une intensification de l’horreur. Revoilà les années d’hiver !
Doctrine de la consonance
Un texte de Louis René
Dans le ravage contemporain, la Modernité est un champ de bataille déployant entre autres deux pseudo-perspectives : celui d’un capitalisme vert et d’un capitalisme liquidateur. Ces deux perspectives étroitement liées sous tous leurs aspects, non qu’un objectif de rendre impossible une multiplicité de bifurcations, écrasent la constitution des plans d’âmes.
La culture est la nature humaine
Un texte de Marshall Sahlins
Qui sont alors les plus réalistes ? Je crois que ce sont les peuples que j’ai évoqués, ceux qui considèrent que la culture est l’état originel de l’existence humaine, tandis que l’espèce biologique est secondaire et contingente. Ils ont raison sur un point crucial, et les rapports paléontologiques sur l’évolution des hominidés leur donneront raison, ainsi que Geertz qui en a brillamment tiré les conclusions anthropologiques. La culture est plus ancienne que l’Homo sapiens, bien plus ancienne, et c’est elle qui est la condition fondamentale de l’évolution biologique de l’espèce.
Que faire à la fin de la métaphysique ?
Un texte de Reiner Schürmann
L’opinion commune veut que Heidegger n’ait pas eu grand-chose à dire sur les problèmes politiques. Elle veut aussi que ce qu’il en a effectivement dit, voici cinquante ans, gagnerait à être recouvert d’un manteau de silence charitable.
Voici venu le temps de pleurer sur notre sort
Un texte de Marshall Sahlins
On ne dira jamais assez que les animaux sauvages ne sont pas des « animaux sauvages ». Je veux dire qu’ils ne sont pas les « bêtes sauvages » que les hommes sont par nature, poussés par leurs désirs insatiables, semant la guerre et la discorde entre eux. Voici venu le temps de pleurer sur notre sort : « homo homini lupus », l’homme est un loup pour l’homme. Cette expression des pulsions humaines les plus noires, que Freud utilise après Hobbes, remonte à̀ un aphorisme de Plaute du deuxième siècle avant notre ère.