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Mars 2023

Les arcanes de la Métropole

Édito
Le continuum du désastre suit son cours. Une ambiance macabre plane sur le monde, l’hypothèse d’une troisième guerre mondiale prend un peu plus d’ampleur. Cristallisant les angoisses passées, les expériences traumatiques moins lointaines sont comme une force annihilant les dynamiques des forces historiques. La Métropole est quant à elle l’environnement infrastructurel d’accentuation de cette annihilation des dynamiques. La domestication effectuée par le premier confinement et les autres mesures sanitaires ont renforcé les dispositifs de la Métropole.

Metropolis

Un texte d’Owen Sleater
À force de vagabondage dans un monde étroit, on constate des flux de foules traversant ce qui semble être des rues. Pourtant, rien n’y habite franchement. Tout circule sans y vivre un attachement profond, et l’errance est la seule possibilité de passage. La métropole est comme un gigantesque décor entre musées et chantiers sans fin. Vivre n’a pas sa place en métropole, tout juste la survie, c’est la condition préalable de cette expérience de domesticité. La métropole s’étend partout un peu plus, élargit l’étendue du réseau où sévit perpétuellement l’économie. Les villes, les campagnes, les déserts, les forêts, chaque milieu est alors façonné selon les courbes épurées du projet métropolitain, pour ainsi être réduit à de simples pôles d’une sinistre cartographie de cette infrastructure impérialiste. La métropole est un environnement de mobilisation totale.

De quoi la métropole est-elle le nom ?

Un texte de Camille Métaformix
La métropole est-elle cette forme de vie étendue à l’étendue du fait de la force centrifuge-centripète qu’exercent les centres urbains sur l’ensemble des espaces ?
La métropole deviendrait ainsi le nom d’une toile dont le maillage aurait pour cœurs les villes. Cette dénomination, ou plutôt cette définition donnerait au mot une visée stratégique en ce qu’elle pose une cartographie guerrière qui paraît opératoire encore à l’heure actuelle. Partons alors de là. Affirmons, affinons la visée.

Défaire la gauche

Un texte d’Ezra Riquelme
Dans le contexte actuel de saturation des possibilités des bifurcations, nous assistons encore une fois au retour de la gauche, cette entité crasseuse et morale qui cherche sans cesse à se recomposer et qui maintient sa vocation à paralyser le parti historique. Il faut voir la gauche comme un vaccin dont personne n’a besoin – sauf le pouvoir, c’est sans dire – et dont chaque dose diminue drastiquement le besoin de révolution. Ces dernières années ont rappelé cette évidence selon laquelle la gauche s’approprie et défait tous les gestes de soustraction à l’état des choses.

Échographie de la Police

Chaque nouveau mandat présidentiel s’accompagne de nouvelles réformes pour améliorer les conditions d’autonomisation de la police. Plus l’ordre social se fissure, plus la police augmente son nombre d’hommes et d’armes. Et plus son nombre augmente, plus son autonomie politique s’accentue. Quant à l’institution judiciaire, elle court après la police, dans l’espoir que la fiction sociale ne fissure pas davantage. « Seule une Fiction peut faire croire que les lois sont faites pour être respectées » (Michel Foucault, Des supplices aux cellules). C’est là que la police vient matérialiser cette fiction dont l’État a besoin pour s’établir comme phénomène naturel

Prendre d’autres chemins

Un texte de parents
À travers chaque mouvement social, nous avançons de défaite en défaite. Pourtant personne n’est dupe. La base sociale de croyance à la politique ou aux acquis sociaux est de plus en plus mince. La situation actuelle a ceci de particulier que plus nous bougeons pour défendre ces acquis sociaux, plus nous sommes pris au piège, rendus à la simple impuissance. Nos ennemis nous matent encore une fois.
Pourtant, nous pouvons prendre notre courage à deux mains. Certains l’ont déjà montré, il faut suivre leur exemple et essayer une nouvelle fois de changer le cours des choses

Sur l’anarchie aujourd’hui

Un texte de Giorgio Agamben
Si pour ceux qui entendent penser la politique, dont elle constitue en quelque sorte le foyer extrême ou le point de fuite, l’anarchie n’a jamais cessé d’être d’actualité, elle l’est aujourd’hui aussi en raison de la persécution injuste et féroce à laquelle un anarchiste est soumis dans les prisons italiennes. Mais parler de l’anarchie, comme on a dû le faire, sur le plan du droit, implique nécessairement un paradoxe, car il est pour le moins contradictoire d’exiger que l’État reconnaisse le droit de nier l’État, tout comme, si l’on entend mener le droit de résistance jusqu’à ses ultimes conséquences, on ne peut raisonnablement exiger que la possibilité de la guerre civile soit légalement protégée.

La métropole ou la captivité du monde

Un texte de Gerardo Muñoz
Les soins préventifs en cas de pandémie ont révélé la face cachée d’une série de processus en cours que l’on ne voyait pas. Bien que nous ayons pu percevoir que nous ne vivions plus dans une ville, un regard capable de voir dans l’épais brouillard est devenu plus clair. Ce n’est que maintenant, dans notre proximité immobile, que nous pouvons réaliser tout ce dont nous n’étions pas capables : apprécier les braises dans la nuit du présent est aussi une manière de prêter attention non seulement à ce qui nous échappe, mais aussi à ce qui est, entre le sol et le ciel, en cours de décomposition.

La métropole est notre fantasme de l’État total

Un texte de Henry Fleury
Si nous connaissons tout le malheur que produit la métropole sur nous : l’aliénation, le contrôle, la discipline, la domestication, la pollution, et finalement l’impuissance généralisée, nous ne pouvons pas nous borner à penser la manière dont elle nous punit. Si elle existe, si tant d’entre nous s’y inscrivent, c’est nécessairement que nous la désirons, qu’elle active une certaine définition du bonheur, aussi horrible soit-elle.

Désert

Un texte de Théo Lévêque
Le désert c’est le grand équilibre, le dernier rêve.
Il s’est construit de béton.
Pour que chaque chose trouve sa place.
La terre n’a rien à offrir,
Elle ne porte plus ses enfants.
Désormais il y a des murs.

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