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Instrument

Le fascisme, œuvre d’une toile de fond de la soumission

Dans un article intitulé « Réalisme et utopie dans La Personnalité autoritaire » qu’on retrouve dans la revue Prismes,Peter. E. Gordon accorde une analyse au livre ainsi qu’à la théorie articulée autour du concept de la « Personnalité autoritaire ». Il propose une lecture claire et fascinante qui s’inscrit dans un cheminement et une pensée philosophique plus globale qu’une simple considération psychologique que cet ouvrage nous donne au premier regard. Il va essayer de schématiser la conception de l’acceptation fasciste et du devenir fasciste analysé par les penseurs de la théorie critique.

Démocratie Holocauste

Un texte d’Ezra Riquelme
La crise permanente de la démocratie est le symptôme de son despotisme paranoïaque. Il n’y a pas de crise de la forme démocratique. Les défenseurs de cette idée de crise tentent d’occulter le réel, ce qui se cache dernière ce rivage est tout bonnement les diverses tentatives de dislocation de la forme démocratique s’amplifiant d’année en année. La menace fasciste n’est pas une menace, elle est le moyen dont le dispositif démocratique tient. Quand le fascisme prend les rênes du pouvoir, il accomplit pleinement et simplement le despotisme autoritaire de la démocratie.

Quatre positions du refus

Un texte de Gerardo Muñoz
J’irais jusqu’à dire que la stratégie du refus est quelque chose comme un dénominateur commun dans les positions critiques de la médiation politique. Bien que le refus puisse prendre plusieurs formes, j’ajouterais aussi que le refus est dirigé contre l’hégémonie au sens large (culturelle, politique, logistique, etc.). D’abord, le refus émerge de l’illusion que l’hégémonie contribue à toute véritable transformation substantielle ancrée dans le « réalisme politique ». Aujourd’hui, le réalisme est principalement employé comme un argument autonome visant à l’adhésion politique, même s’il ne fait que contribuer au statu quo et à la paralysie.

Foucault contre Marx.
Refus de la totalité et perspectives stratégiques

Par ses concepts, Foucault démasque les mécanismes de domination cachés derrière les théories de la souveraineté et du droit. C’est un travail de dévoilement qui met au jour les techniques de pouvoir. Il met à nu les artifices symboliques de la souveraineté pour ne plus faire apparaître que les rouages et engrenages d’une colossale machine à gouverner qui constitue l’invariant métamorphique de la domination. À partir de là, on assiste à une désactivation des dispositifs qui ne permet pas de les réagencer pour en faire de nouveaux qui ne soient révélés. C’est un processus permanent de lutte qui se fonde sur de nouveaux principes évitant les écueils d’une organisation partisane pleine de microdominations. Un aggiornamento salutaire.

Manifeste de Rivolta feminile — Rome, juillet 1970

Le Manifeste de Rivolta Feminile a marqué toute une génération de féministes durant les années 1970, lançant le féminisme de la différence qui prit corps dans les révoltes de femmes en Italie. Si le texte est critiquable sur de nombreux points, comme son binarisme et ses ontologies de l’homme et de la femme, plusieurs gestes de ce manifeste nous semblent néanmoins importants à partager par leurs caractères offensifs : le refus de l’universel masculin et marxiste, le refus de l’intégration normative : en somme, se défaire du social, pour partir de soi, c’est-à-dire partir d’expériences vécues pour élaborer une puissance de la révolte. Ce texte constitue à ne pas en douter une manière particulière de vivre le communisme.

Camatte l’hérétique

Prendre au sérieux Jacques Camatte, pour les lecteurs de Marx quelque peu assidus, c’est accepter de commettre une hérésie. Se laisser porter par cette pensée, c’est se mouvoir au-delà des habitudes et des facilités. Elle est une de ces voix qui parle à soi contre soi, mais toujours depuis soi-même. Elle pousse à trahir ce qui se tenait là, devant nous, inébranlable comme une loi. Traversant la prophétie de Bordiga d’une révolution mondiale en 1975, depuis la théorisation de la contre-révolution, de l’émergence de la révolution (1968) jusqu’à son intégration, la pensée de Camatte accepte de se transformer sans renier ses origines. Il ne s’agit donc pas donc de faire jouer Marx contre Marx pour tenter pour la énième fois de le sauver, mais de jouer Marx contre l’époque depuis Marx et d’être forcé de le dépasser.

Thèses sur Tronti

Les mouvements sociaux n’ont pas été vaincus par le capitalisme. Les mouvements sociaux ont été vaincus par le social lui-même. Voici l’énoncé du problème que l’époque nous soumet. L’hypothèse de la construction d’un mouvement est dès lors caduque.

Lukács, une dynamique de l’âme et des formes

Un texte de Pideme La Luna
Dans la pénombre, les rayons de soleil se font de plus en plus rares, les structures sociales liquident toute joie, toute possibilité de vivre sans elles, réduisant la vie à une expérience de laboratoire. Face à la vie biomédicale régnante, les différents axes du parti de la biopolitique poursuivent leur processus, le premier étant déjà bien organisé mondialement, le second essayant de s’organiser localement se pensant naïvement être l’antagoniste du premier. Pourtant, le second n’est rien d’autre qu’une arme diffuse de plus du premier. C’est ici que György Lukács peut nous aider dans cette quête de perception sensitive. Retrouver un sens dynamique à notre âme confinée.

Frantz Fanon et les Sept Piliers de la Terre

Franz Fanon, qui a vécu dans sa chair la révolution et la guerre algérienne, s’inscrit clairement dans la lignée d’écrits de stratagèmes révolutionnaires. Il théorisera à partir de son expérience vécue, il sera le transmetteur par écrit de que ce toute la révolution algérienne amènera de nouveau dans l’idée de révolution, de ses composantes, dans l’idée de la guerre, de la guérilla, dans un contexte purement décolonial. Les thèses de Fanon que nous allons voir s’inscrivent dans ce cadre-là. La seule différence et non pas des moindres est que Fanon retranscrit ici une réalité vécue par les combattants algériens, il n’en est en rien le commandant, le général ou le théoricien. Fanon en est le spectateur.

Blanchot, le changement d’astre

Maurice Blanchot n’est pas qu’un littéraire, qu’un homme qui écrit des romans éloignés du monde en s’enfermant dans son appartement. Il participera aux révoltes de son temps en y jetant son âme. Il n’aura jamais toutefois de parcours de militant professionnel rattaché à une organisation ou à une idéologie. Il restera toujours éloigné de ce monde dans une rigueur éthique, assez isolé à travers son désir continu de solitude, mais aussi paradoxalement bien entouré avec ces quelques amis avec qui il pensera et s’organisera.

Bouleversement de la sensibilité générale par l’amitié

À travers des pensées communes, l’amitié fait office de soin. En disant cela, Mascolo nous dit que le processus qui amène à de nouvelles dispositions de pensée, c’est l’amitié, que le bouleversement général de la sensibilité a pour fondation une détresse partagée avec l’ami. L’amitié est ainsi ce qui permet ou résulte de ce bouleversement général de la sensibilité. Au fond nous pouvons dire que le bouleversement général de la sensibilité a lieu par la pensée qui se méfie d’elle-même et qui donc provoque en soi de la détresse.

L’exigence communiste

Un texte de Louis René
On ne rencontre pas par hasard l’œuvre de Dionys Mascolo, et si on le fait, c’est souvent par la bienveillance d’un ami que nous posons notre regard sur ses écrits. Peu l’ont réellement lu de son vivant à part ses amis et quelques curieux personnages connus du monde de la pensée. Certains, comme Georges Bataille ou Gilles Deleuze, pour ne citer qu’eux, ont admiré l’œuvre de Mascolo. On doit certainement cet oubli, car en France, on lit les événements de Mai 68 sous le prisme mythologique de l’International situationniste ou bien par celui de la vision récente de la social-démocratie française. Face à cet oubli de mémoire, certains fossoyeurs du vieux monde sont allés déterrer ses écrits.

L’état d’exception à l’époque de sa reproductibilité technique

Un texte de Flavio Luzi
L’introduction du concept de risque dans la déclaration de l’état d’exception implique l’introduction de ce dernier dans la sphère de la probabilité et de l’indéterminé. Ce n’est toutefois rien de plus que son passage du cadre de la souveraineté et de l’exception à celui du gouvernement et de la régularité. Cela sanctionne non seulement l’échappement de l’état d’exception en dehors du jus publicum europaeum, mais aussi sa consécration définitive comme technique de gouvernement.

La métaphore de l’ennemi invisible

Un texte de Flavio Luzi
Avec tout le raffut médiatique de ces derniers mois, difficile d’avoir raté la tendance répandue dans la classe dirigeante, et l’opinion publique, à recourir au lexique militaire quand il s’agit de se référer à la situation déclenchée par la diffusion du COVID-19 : l’épidémie — ou plutôt la pandémie — ne serait rien de moins qu’une « guerre » impliquant toute la planète. Le point de départ de la pensée biomédicale moderne résiderait justement dans cette désignation métaphorique, non plus de la maladie en tant que telle, prise de façon générique, mais d’organismes pathogènes particuliers, visibles à l’aide d’instruments comme le microscope. Mais quel genre de guerre peut être une guerre contre un virus ?

Comité invisible,« Beau comme une insurrection impure »

Un texte de passeurs franco-italiens
Le texte qui suit forme la préface à l’édition italienne des trois premiers livres du Comité invisible réunis en un volume, publiée en février 2019. Si cette préface a connu à ce jour des traductions en plusieurs langues, il n’en existait curieusement aucune version française. La voici enfin. Son actualité n’échappera à personne.

Politique conspirative

Un texte de Mischka
Ce que nous vivons depuis deux ans déjà avec le covid montre notre capacité d’adhésion envers le mensonge. Si le virus existe bel et bien, la gouvernementalité mondiale et ses amis industriels, eux aussi existent bel et bien. Leurs intérêts n’ont jamais été notre santé. Chaque gouvernement a le devoir de tenir sa population en laisse, quant à l’industrie pharmaceutique, elle a le devoir de générer un maximum de profit à leurs actionnaires. Si cette période a vu fleurir le grand retour du conspirationnisme.

Spleen conpiratif

Nous vivons dans l’une des époques les plus oppressives qui soit, nous le savons tous. Nous sommes sous le règne absolu du capitalisme et de tous ses ravages évidemment, sous le règne absolu de la démocratie et de son totalitarisme évidemment, sous le règne absolu des outils et des techniques de propagande évidemment, sous le règne absolu des dispositifs de contrôle de plus en plus nombreux évidemment. Jamais nous n’avons été autant en proie à l’aliénation qu’aujourd’hui.

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