le père Du-pèr
Un texte de Justin Delareux
Du-pèr
pas tout à fait dupe
qu’on pourrait décrire ainsi
le père Du-pèr
semblable à plein
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Un texte de Justin Delareux
Du-pèr
pas tout à fait dupe
qu’on pourrait décrire ainsi
le père Du-pèr
semblable à plein
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Un texte d’Alain Santacreu
Giorgio Agamben dans un texte récent pronostique la fin du judaïsme : « le judaïsme, qui n’était pas mort à Auschwitz, connaît peut-être aujourd’hui sa fin ». Je ne le suivrai pas dans cette affirmation : le judaïsme ne disparaîtra pas tant que le peuple juif comptera un seul juste en son sein. Toutefois, l’inhumanité criminelle du sionisme à Gaza, au Liban et en Iran, véritable négation du judaïsme, aura pour conséquence irrémissible l’obscurcissement de ce dernier, la virtualisation de la spiritualité toraïque qui provoquera simultanément l’actualisation révélatrice du chiisme duodécimain.
L’extinction du judaïsme dans la lumière de la terre céleste Lire la suite »
Un texte de Giorgio Agamben
Pourquoi sommes-nous capables de décrire et d’analyser l’ancien qui se dissout et à l’inverse nous ne réussissons pas à imaginer le nouveau ? Peut-être parce que nous croyons, plus au moins inconsciemment, que le nouveau soit quelque chose qui vient – on ne sait d’où – après la fin de l’ancien. L’incapacité de penser le nouveau se trahit ainsi par l’usage imprudent du préfixe post : le nouveau est le post-moderne, le post-humain – dans tous les cas quelque chose qui vient après. C’est précisément le contraire qui est vrai.
L’ancien et le nouveau Lire la suite »
Un texte de Giorgio Agamben
L’affirmation soudaine de Heidegger dans l’interview au Spiegel de 1976 : « Seul un Dieu peut nous sauver » a toujours suscité de la perplexité. Pour la comprendre, il est avant tout nécessaire de la restituer dans son contexte. Heidegger venait de parler de la domination planétaire de la technique qui rien ne semble être en mesure de gouverner. La philosophie et les autres puissances spirituelles – la poésie, la religion, les arts, la politique – ont perdu la capacité de secouer, ou en tout cas, d’orienter la vie des peuples de l’Occident.
Seul un Dieu peut nous sauver Lire la suite »
Un texte de Giorgio Agamben
Nous sommes tous en enfer, mais certains semblent penser qu’il n’y a rien d’autre à faire ici que d’étudier et de décrire minutieusement les démons, leur apparence hideuse, leur comportement féroce, leurs intrigues perfides. Peut-être s’imaginent-ils ainsi qu’ils peuvent échapper à l’enfer et ne se rendent pas compte que ce qui les occupe entièrement n’est que le pire des châtiments que les démons ont imaginé pour les tourmenter. Comme le paysan de la parabole kafkaïenne, ils se contentent de compter les puces sur le revers du gardien. Il va sans dire que ceux qui, en enfer, passent leur temps à décrire les anges du ciel ne sont pas non plus en reste : il s’agit là d’une punition, moins cruelle en apparence, mais pas moins haïssable que l’autre. La vraie politique se situe entre ces deux châtiments.
Allégorie de la politique Lire la suite »
Un texte de Gerardo Muñoz
Que faut-il pour détruire un monde ? Il semblerait que la question elle-même soit trop métaphorique et impertinente ; peut-être aussi hyperbolique et présomptueuse par rapport à la fuite de l’infini incarnée par l’homme-monde. C’est pourtant la question que nous devrions nous poser si l’on en croit le livre court et très accessible de Mauricio Amar, El Paradigma Palestina : Sionismo, Colonización, Resistencias (DobleaEditores, 2024), écrit dans le sillage de la guerre d’anéantissement en cours à Gaza afin de mettre à nu l’abîme paradigmatique de la mort sociale dans lequel l’humanité se trouve au sommet de sa domination civilisationnelle.
De la destruction des mondes Lire la suite »
Un texte de Luhuna Carvalho
La publication en 2024 de Os Invisíveis (Gli invisibili, 1987, traduit en français en 1992 sous le titre Les invisibles) de Nanni Balestrini par l’éditeur Barco Bêbado à Lisbonne suscite une série d’événements relative non pas à l’œuvre elle-même, mais au contexte de son édition. Nanni Balestrini (1935-2019) a été l’une des principales figures de la contre-culture italienne, reliant l’expérimentalisme des avant-gardes artistiques et littéraires du début du siècle aux expériences insurrectionnelles de l’après-guerre.
Une éclipse de l’invisibilité Lire la suite »
Un texte de Julien Coupat et alii
L’art spectaculaire de la commémoration forme l’une des branches de cet innombrable art du refoulement par quoi cette société assure sa reproduction à l’identique. En quoi il fallait bien « dire quelque chose » en ce mois de mars 2025, cinq ans après le trauma expérimental du confinement de 2020. Il fallait « dire quelque chose », et même beaucoup piailler, afin que rien ne fût dit, rien de décisif en tout cas. Il faut bien avouer que, quoi qu’on en pense, l’horloge est restée bloquée, dans ce pays, en ce jour de mars 2020.
Un texte Julien Coupat
Que des écrivains ou des cinéastes en panne d’inspiration aillent prélever dans l’affaire dite « de Tarnac » la matière que l’imagination leur refuse, cela s’est vu maintes fois, et se reverra encore. Mais qu’une ambitieuse qui se décrit elle-même comme une « vendue » vienne de Los Angeles pour expliquer au Monde des livres que je l’aurais sollicitée comme « biographe officielle » et allègue une proximité inexistante pour ajouter un peu de crédit à sa prose superflue, voilà qui relève du plan com’ qui dérape.
L’affabulation de trop Lire la suite »
Un texte de C. Frézel
Ils n’avaient plus le temps. Ils marchaient d’un pas pressé. Leurs yeux, jamais ne devaient croiser d’autres yeux. Leurs oreilles, jamais éprouver le silence. Leurs corps, jamais être chamboulés ; trop chaud, trop froid, trop humide, trop lumineux, trop gros, trop, trop, trop.
Désenvoûtement Lire la suite »
Un texte d’une présence quelconque
Une présidente de région qui qualifie musk de génie ?
Pour elle, donc, un génie est une personne née millionnaire qui a pu rétribuer financièrement plus intelligents que lui pour mener à bien l’entreprise la plus nauséabonde qu’il soit. Cette personne politique de région que nous nommerons morançais et qui voit en le musk génie et innovation vient, par voie de presse, de s’autodétruire. Si ce n’est pas le cas, elle vient d’avouer publiquement sa bêtise abyssale, son manque d’intellect, vide de toutes sensibilités, puis, accessoirement, de prêter allégeance aux idées fondatrices de l’extrême droite, c’est-à-dire à l’innommable.
état des lieux, soyons géniaux Lire la suite »
Un texte de Costa Maledetto
La société est l’établissement du voisinage entre les indifférents. Un isolement s’instaure entre les âmes mutilées dans le vacarme des rapports sociaux. Un processus d’identification est en œuvre pour maintenir coûte que coûte cette maladie qu’est la société. L’hystérisation comme tactique contre-révolutionnaire s’impose pour la sauvegarder. Dès lors, la généralisation de cet état est permise par un certain nombre de dispositifs. Et le plus efficace dans ce domaine est le dispositif Woke/anti-Woke.
Se mouvoir sur un autre plan Lire la suite »
Dialogue avec Emanuele Dattilo
En septembre 2023, paraissait aux Éditions Payot & Rivages La vie heureuse, traduction française du deuxième ouvrage d’Emanuele Dattilo La vita che vive. Ce livre dense et rigoureux propose une lecture puissante du conatus spinoziste comme dynamique vitale et inséparable de la dimension éthique de notre vie. Ni manuel de développement personnel ni manuel politique, cet ouvrage tente de tracer les lignes d’une éthique loin du moralisme ambiant.
Relation avec l’inconnu Lire la suite »
Un texte de Giorgio Agamben
Que sont devenus les peuples d’Europe aujourd’hui ? Ce que l’on ne peut manquer de voir aujourd’hui, c’est le spectacle de leur perte et de leur oubli de la langue dans laquelle ils se trouvaient autrefois. Les modalités de cette perte varient selon les peuples : les Anglo-Saxons sont déjà allés jusqu’à une langue purement instrumentale et objectivante – le basic English, dans lequel on ne peut échanger des messages que de plus en plus comme des algorithmes – et les Allemands semblent prendre le même chemin ; les Français, malgré leur culte de la langue nationale et peut-être même à cause d’elle, perdus dans le rapport quasi normatif entre le locuteur et la grammaire ; les Italiens, astucieusement installés dans le bilinguisme qui a fait leur richesse et qui se transforme partout en un jargon sans queue ni tête. Et, si les Juifs font ou du moins ont fait partie de la culture européenne, il est bon de rappeler les mots de Scholem face à la sécularisation par le sionisme d’une langue sacrée en langue nationale.
Personnes ayant perdu leur langue Lire la suite »
Un texte de Gérard Bras
Après avoir été longtemps occultée, la manifestation des Algériens de la Région parisienne protestant contre le couvre-feu pris à l’encontre des « Français musulmans d’Algérie », est maintenant largement documentée. La répression policière à laquelle elle a donné lieu est passablement connue du grand public, reconnue et condamnée par la souveraineté nationale. En imputant la responsabilité de la répression et de son déni par la Préfecture de Police au préfet Maurice Papon, le texte de cette motion escamote pourtant une question ou, plutôt, suggère une réponse interdisant de poser la question : comment la violence d’une telle répression a-t-elle été possible ?
Les artifices du pouvoir colonial et la destruction de la vie Lire la suite »
Un texte de C. Frézel
J’avais mal à la narine droite. Les deux meuj qu’on venait de s’enfiler à trois avaient laissé leur trace. Et puis ce froid aux pieds persistant. Sans oublier cette peur de déranger. Ce désir ou ce besoin de solitude. Et en même temps cette peur de l’abandon. Il fallait que j’apprenne à l’apprivoiser cette ambivalence. Il fallait que je prenne soin de moi mais cette injonction m’apparaissait comme toutes les autres injonctions, c’est-à-dire comme un repoussoir. Décidément j’avais du mal. Du mal à faire des choix. À me discipliner. En fait ce qui me dérangeait c’était de faire comme les autres. Car je voyais les normes d’existence. Où que je passais je voyais ces règles de milieux et leurs cortèges d’ordres invisibles.
Journal d’une jeune magicienne Lire la suite »
Un texte de Nigredo
Rien n’est plus courant dans les milieux militants que la critique du militantisme et les réflexions sur la « crise du militantisme ». On pourrait presque dire que l’aveu sévère ou inconsolable de la nécessité de dépasser l’identité du militant représente, pour le militant lui-même, un hommage obligé à l’esprit du temps. Comme dans tous les autres domaines, l’alternative entre la dépendance dialectique du critique à l’égard de son objet et l’altérité positive de la séparation est nette et claire. Déserter le champ de visibilité de l’autovalorisation politique, c’est changer de plan, être ailleurs, parler un autre langage à d’autres interlocuteurs. De la conscience radicale du supplément, donc, à l’invention de nouvelles formes.
Brèves notes sur le militantisme, la politique et la désertion Lire la suite »
Un texte de Mohand
Mon intervention part de la question « est-ce la fin de la politique ? ». Je crois qu’une telle question traduit une inquiétude qui s’impose à tous ceux et celles qui évoluent dans un milieu qui se réclame d’une tradition dite révolutionnaire ou radicale. Cette inquiétude est indubitablement liée à l’impossibilité de ne pas reconnaître qu’une totalisation du monde a bel et bien eu lieu par le capital, que celle-ci se poursuit et que ses dernières mutations ont produit une « crise de l’objectivité » à laquelle personne ne semble échapper.
Est-ce la fin de la politique ? Lire la suite »
Un texte de Giorgio Agamben
On ne peut comprendre le sens de ce qui se passe aujourd’hui en Israël si l’on ne comprend pas que le sionisme constitue une double négation de la réalité historique du judaïsme. Non seulement en ce qu’il transfère l’État-nation des chrétiens aux juifs, le sionisme représente l’aboutissement de ce processus d’assimilation qui, depuis la fin du XVIIIe siècle, a progressivement effacé l’identité juive. De manière décisive, comme l’a montré Amnon Raz-Krakotzkin dans une étude exemplaire, au fondement de la conscience sioniste se trouve une autre négation, la négation de Galut, c’est-à-dire de l’exil en tant que principe commun à toutes les formes historiques du judaïsme tel que nous le connaissons.
La fin du judaïsme Lire la suite »
Un texte d’Ali Rebas
En Occident, la mémoire de la Seconde Guerre mondiale fait l’objet d’une redoutable capture. Son enrôlement par la propagande israélienne est loin d’être nouveau. Il a pris ces derniers mois une ampleur inédite. Cette mémoire a été mobilisée afin de justifier la destruction de Gaza, neutraliser les résistances et les oppositions à la guerre d’extermination menée par l’État d’Israël. Même les simples critiques, l’indignation humanitaire et de très modérés appels au cessez-le-feu n’ont pas été épargnés par des arguments tordus qui invoquaient l’histoire du nazisme et du judéocide.
Négations de l’exil Lire la suite »
Un texte de Justin Delareux
Le haut de la montagne est aussi le fond d’un océan. Nous marchons sur les crêtes d’un fond de
sommets. L’ascension est inversée. Pensant monter nous descendons. Les terres se sont soulevées.
Nous marchons au fond, nous marchons inversés. La tête du monde est ses pieds, la gravité, une
histoire de temps.
Un texte de Justus Bloom
On extrait de la Terre quelque chose en valeur, on extrait on tire on ôte, pour nourrir le manque qui fabriquera le manque, on creuse on évide, pensant le monde intarissable, faisant du monde l’objet au service de fonctions, on extrait la matière qu’on s’invente inerte autant qu’on ignore la vie, vie qu’on échange, qu’on transacte qu’on épuise. On épuise chaque jour et la Terre et les corps, qui passent et y passent, on épuise on extrait, sous couvert de mesure, mais l’homme ne maîtrise rien, et d’aucune science ne sortira la forme. L’empreint est sans retour, d’empreint il n’est rien, pillage plutôt, pendant que l’homme fatigue sa terre en creux, il se diminue dedans.
Un texte de Patrick Drevet
En janvier 2024, un certain Geoffroy de Lagasnerie a pondu, dans la collection qu’il dirige, un opuscule intitulé Se méfier de Kafka.
Son affirmation centrale : « Un légitimisme de la norme juridique est fondamentalement à l’œuvre » dans les textes de Kafka parce que, de la Justice, il ne dénoncerait que les formes imprévisibles, arbitraires, contradictoires (p. 43). De Lagasnerie précise :« implicitement ».
Un tel raccourci, qui réduit à néant les études de Walter Benjamin, Maurice Blanchot, Hannah Arendt, Theodor Adorno, Marthe Robert et quelques autres tâcherons, donne le vertige. Comment ce jeune et médiatique professeur à je ne sais quelle École nationale supérieure d’art a-t-il dénoué en quelques lignes lestement troussées ce qu’autant d’exégètes furent incapables de résoudre une bonne fois pour toutes ?
Le degré Zorro de l’écriture en tête de gondole Lire la suite »
Un texte d’Ezra Riquelme
Le capital est au seuil d’une nouvelle expansion de son impérialisme. Nous assistons à sa transformation d’un système mécaniste, comme l’avait observé par Karl Marx, à un système organismique réalisé par des dispositifs technologiques équipés d’algorithmes récursifs. Cette nouveauté configure une opération de grande ampleur, qu’on peut énoncer brièvement comme la simplification de la vie, c’est-à-dire la section de l’ensemble des formes qui constitue une vie vivante pour la réduire à une individualité codifiée et shootée à l’ego-trip de l’autovalorisation par de ses excroissances technologiques. Ce merveilleux monde généralise l’abondance de l’insatisfaction au prix de la pénurie d’expériences sensibles, et accroît un désir de contrôle sur le simple fait que tout nous échappe. Les excroissances, ou écosystèmes technologiques, sont là pour nous offrir, pour un temps, la satisfaction du sentiment de contrôler son existence. C’est pourtant tout le contraire qui s’éprouve dans le quotidien.
Capital & Technique Lire la suite »
Un texte d’Amir
Si j’arrive à dire
la mort
pour dire que
j’ai cherché la vie partout et
la mort ne laisse aucun repos
dans les murmures
les plus médullaires
les cimes les plus enorgueillies
le long des peaux raidies
et la craquelure des lèvres
loin des sourires de retorderie
59. Il n’est pas de joie pardonnable Lire la suite »
Un texte d’Amir
Je ne suis pas inconsolable,
Mais je ne suis pas de ceux
qu’on console impunément.
Un texte de Giorgio Agamben
Lorsque Nietzsche, il y a près de cent cinquante ans, formulait son diagnostic sur la mort de Dieu, il pensait que cet événement sans précédent allait fondamentalement changer l’existence des hommes sur terre. « Où allons-nous maintenant ? – écrivait-il – N’est-ce pas une dégringolade continuelle ? […] Y a-t-il encore un haut et un bas ? N’errons-nous pas dans un néant infini ? ». Et Kirilov, le personnage des Démons, dont Nietzsche avait soigneusement médité les paroles, pensait la mort de Dieu avec le même pathos sincère et en tirait comme conséquence nécessaire l’émancipation d’une volonté sans plus aucune limite et, en même temps, le non-sens et le suicide.
Dieu, homme, animal Lire la suite »
Un texte de La cabane qui brûle
Le monde tel que nous le connaissons est au bord de la rupture. Nombreux sont ceux qui parlent d’un virage à droite, voire d’une fascisation, c’est-à-dire du retour du fascisme historique dans de nouveaux atours ; d’autres parlent de la crise ultime du capitalisme, voire même du naufrage de la civilisation humaine, et, d’ailleurs, ces deux visions ne s’excluent pas mutuellement. Nous souhaitons affirmer une troisième position : nous considérons que ce qui nous attend n’est ni la crise finale du capitalisme, ni le naufrage de la civilisation humaine, ni le retour du fascisme historique dans ses habits neufs ; bien au contraire : nous faisons face à la possibilité d’un régime écologique d’accumulation, qui prolongera la catastrophe présente en lui donnant une qualité nouvelle. Ce régime se dessinera en faux par rapport aux scénarios mentionnés auparavant, par ces phénomènes : le totalitarisme vert, la stabilité dans l’instabilité, la déshumanisation des hommes.
Le temps de l’écologie Lire la suite »
Un homme est mort, qui tenait en même temps qu’il n’y a pas d’amitié qui vaille en politique et que toute sa vie n’a été que pure politique, militantisme dans toutes les dimensions imaginables – un homme qui, en bonne logique, n’avait pas d’ami. Il s’appelait Antonio Negri. Et puisque mourir, en pareil cas, c’est être en proie aux vivants, il n’eut jamais autant d’« amis » pour lui rendre hommage qu’au jour de sa mort. Même ses ennemis se souvinrent de lui opportunément, non moins que ceux qu’il avait poursuivis de sa vindicte pour l’avoir « trahi » en ralliant les « destituants ». Il y a quelque lâcheté à différer jusqu’à la mort d’un être le moment de se réconcilier avec lui, à ne même pas prendre le risque d’une réplique acrimonieuse de l’intéressé. Quant à l’ultime élégance de pardonner ses vilenies au défunt, elle s’abolit d’elle-même dans la sensible jouissance de cette pauvre victoire : avoir enterré Toni Negri.
Fin de négrisme paisible Lire la suite »
Nous reproduisons ici l’interview anonyme parue en janvier 2024 dans le numéro 68 du journal romand d’écologie politique Moins !. C’est à notre connaissance la première mention publique de l’invraisemblable dépublication du Manifeste conspirationniste. D’aucuns y verront la forme accomplie de la censure : ON censure, et ensuite ON censure qu’ON censure. L’effacement de la censure par son redoublement même.
Entretien avec les auteurs anonymes du Manifeste conspirationniste Lire la suite »
Un texte de Moses Dobruška
Le texte suivant est initialement paru en allemand à la mi-décembre 2023 dans le numéro 0 de la Neue Berliner Illustrierte Zeitung, journal de rue berlinois placardé sur les murs de la métropole, vendu par les clochards et en kiosque pour 2 euros. Il a été presque immédiatement traduit en espagnol, en anglais, en grec et certainement dans d’autres langues que nous ignorons. Il semble que l’état du débat public ait atteint en France un degré de raffinement, d’intelligence et d’exigence de vérité si élevé qu’il n’a jusqu’ici pas semblé utile d’y ajouter cette modeste pièce, en la traduisant, par exemple. La lucidité reste manifestement dans ce pays « la blessure la plus proche du soleil » – ce doit être pour cela que c’est finalement une revue de poésie, Pli, qui, dans son quinzième numéro désormais disponible en librairie, a pris l’initiative de la traduction, et non quelque organe à prétention politique ou philosophique. Bonne lecture !
Comment tout a commencé Lire la suite »
Un texte d’Owen Sleater
La stabilisation du réel, telle est l’angoisse profonde qui fonde l’ère civilisationnelle de l’Occident. L’Occident s’érige sur la volonté d’accaparer ce qu’on ne peut plus ressentir. Le manque est la substance essentielle du civilisé, et son seul accomplissement possible est de régner sur des cadavres. Il n’est plus question de tenir à ce qui anime une vie, mais de se soumettre à une inclination d’un soi-disant Salut. L’Église est l’une des réalisations de ce paradigme : tenir son troupeau dans l’œuvre de sa propre salvation dans l’éternité. La vie doit se stabiliser comme condition primordiale à la mise en scène d’un temps abstrait hors de toute compréhension éthique. Dès lors, vivre se résume à une vaine entreprise de pansage de ses plaies civilisationnelles.
Exode vers les formes sensibles Lire la suite »
Un texte de Giorgio Agamben
Il est pour le moins singulier que nous ne nous interrogions pas sur le fait, non moins inattendu qu’inquiétant, que le rôle de leader politique soit à notre époque de plus en plus assumé par des acteurs : c’est le cas de M. Volodymyr Zelensky en Ukraine, mais la même chose s’était produite en Italie avec M. Giuseppe Grillo, dit Beppe Grillo (éminence grise du Mouvement 5 étoiles), et plus tôt encore aux États-Unis avec M. Ronald Reagan. Il est certainement possible de voir dans ce phénomène la preuve du déclin de la figure du politicien professionnel et de l’influence croissante des médias et de la propagande sur tous les aspects de la vie sociale. Cependant, il est clair en tout cas que ce qui se passe implique une transformation de la relation entre la politique et la vérité sur laquelle il convient de réfléchir.
Théâtre et politique Lire la suite »
Un texte de Giorgio Agamben
La revue Nature, qui fait autorité en la matière, a publié les résultats d’une recherche menée par un groupe de scientifiques de l’université de Cambridge, sous la direction d’Anne Willis, montrant que les vaccins à ARNm, tels que ceux utilisés lors de la récente pandémie, produisent des protéines indésirables dont les effets sur l’organisme peuvent être néfastes.
Deux nouvelles (pas parmi d’autres) Lire la suite »
Un texte de Giorgio Agamben
L’histoire de l’humanité est toujours marquée par la théologie et il peut donc être instructif d’examiner le conflit actuel entre l’Orient et l’Occident dans la perspective du schisme qui a divisé l’Église romaine et l’Église orthodoxe il y a de nombreux siècles. Comme on le sait, la question du Filioque était à la base du schisme : le credo romain affirmait que le Saint-Esprit procédait du Père et du Fils (ex Patre Filioque), tandis que pour l’Église orthodoxe, le Saint-Esprit ne procédait que du Père.
L’Orient et l’Occident Lire la suite »
Un texte de Giorgio Agamben
On a parlé de la fin de l’Europe, voire de l’Occident, comme de l’événement qui marque dramatiquement l’époque que nous vivons. Mais s’il y a un pays en Europe où certaines données permettent de certifier avec une sobre précision la date de la fin, c’est bien l’Italie. Les données en question sont celles de la démographie.
Ne signe pas, mais persiste comme un vrai pacte.
Sois digne, consiste et prend acte.
Aucune conscience à éveiller,
Seulement des mèches à allumer.
Que brûle la métropole à matricule, Qu’on évince Brigitte et son Jules.
L’Empire en pire Lire la suite »
Un texte de Gerardo Muñoz
Le dernier ouvrage de Giorgio Agamben, La voce umana (Quodlibet, 2023), s’ouvre sur une question élémentaire : qu’est-ce qu’appeler quelque chose, et qu’est-ce qu’être appelé ? L’exploration autour de la notion de voix (une sorte de chorá qui se situe entre les différentes antinomies du langage humain, comme nous le verrons ensuite) est loin d’être nouvelle dans l’œuvre d’Agamben, qui dès les débuts de Il linguaggio e la morte (1982) s’est directement confronté au fondement négatif de la phonê par rapport à la fin de la métaphysique. D’une certaine manière, le périmètre de La voce umana est désormais délibérément limité à la manière dont le « mystère du langage » se trouve dans l’événement incessant de la voix comme arcanum de l’anthropogenèse elle-même.
La chanson inconnue Lire la suite »
Un texte d’Ezra Riquelme
Au sein de la métropole, on trouve une multitude d’adolescents dont l’âge oscille entre de 10 et 65 ans. Le métropolitain est la forme de l’adolescence permanente de l’humanité. Pour le capital, l’adolescence est devenue le sujet essentiel de son bon fonctionnement. L’ère néolibérale a érigé la crise comme paradigme politique, alors son sujet humain ne pouvait être que l’adolescent.
Cette crise entre deux âges est rendue universelle et permanente. Pourtant l’adolescence n’est qu’une fiction qui a pris racine sous le capital. Cette notion reste vague, il est difficile de définir les contours de sa physiologie, car même les transformations physiques qui accompagnent la puberté peuvent se qualifier de préadolescence. Le fameux passage à l’âge adulte est lui aussi quelque chose de flou.
L’adolescence stade minimale du capital Lire la suite »
Un texte de Mark Fisher
Nous devons apprendre, ou réapprendre, à construire la camaraderie et la solidarité au lieu de faire le travail du capital en nous condamnant et en nous maltraitant les uns les autres. Cela ne signifie pas, bien sûr, que nous devons toujours être d’accord – au contraire, nous devons créer des conditions où le désaccord peut avoir lieu sans crainte d’exclusion et d’excommunication.
Sortir du château des vampires Lire la suite »
Un texte d’Owen Sleater
« L’homme est une invention récente dont l’archéologie de notre pensée montre aisément la date récente. Et peut-être la fin prochaine ». C’est ainsi que Michel Foucault conclut Les Mots et des choses. Dans cette archéologie des sciences humaines, Foucault formule une critique de l’humanisme et met à mal cette catégorie qu’est l’homme. Aujourd’hui, tout annonce la mort de l’homme, mais rien n’annonce la fin de son projet métaphysique pourtant si nécessaire. C’est tout le contraire qui s’amorce, une mise en œuvre de la grande continuation sous d’autres traits, par d’autres catégories de l’apparence.
Les capitalistes rêvent-ils de moutons électriques ? Lire la suite »
Un texte de Michele Garau
Aiguiser un point de vue révolutionnaire pour attaquer le présent, c’est l’horizon. Prendre la parole dans un débat qui n’existe pas encore, entrer dans un banc de brouillard et en ressortir avec un abécédaire. Les années écoulées ont dévasté les dernières certitudes fragiles qui tenaient encore la politique révolutionnaire en place. Quelques tentatives et lueurs ont indiqué des chemins, mais tout autour on tâtonne dans l’obscurité. Pour sortir de cette obscurité, il faut d’abord être au milieu d’elle, la mettre en lumière. À force de tâtonnements, à partir d’un état situé dans l’obscurité, il faut dessiner des cartes. Pour trouver les mots qui manquent, pour échapper à la fatigue qui nous livre à la langue de l’ennemi, pour repérer les contours de son propre champ parmi les bavardages et sous la surface.
La stratégie de séparation Lire la suite »
Un texte de Giorgio Agamben
Il n’y a pas de microphones à Gaza.
Le silence de Gaza Lire la suite »
Un texte de Ammon Raz-Krakotzkin
Yeshurun fut l’un des poètes hébraïques marquants du XXe siècle et il eut un rôle important dans la constitution de la culture hébraïque israélienne, même si on le classe habituellement dans l’opposition – culturelle et poétique. Il a écrit ce texte en 1970, quarante-cinq ans après avoir émigré de Pologne. Il y fait le point sur lui-même tout en marquant son adhésion à la culture hébraïque israélienne dans laquelle l’individuel et le collectif se confondent.
Une nationalisation de l’histoire Lire la suite »
Le 7 octobre dernier à l’aube, un événement vu le jour. Un choc a retenti, personne ne s’y attendait. Une multitude de brèches ont fissuré la frontière entre l’État d’Israël et la bande de Gaza. Les murs se sont vus percés sous les hurlements de joie. Cet événement sans précédent ne peut se réduire aux attaques du Hamas ni se réduire à l’injonction de choisir le parti d’une entité étatique ou d’une autre. Ceci révèle bien autre chose : il est toujours possible de mettre à mal l’Empire. L’armada technologique qu’est l’État d’Israël a failli face à des groupes militarisés et face à des groupes populaires, provoquant la répression atroce en cours.
Derrière le mur Lire la suite »
Un texte de Gabriel Bravo Soto
Dans le domaine politique, la gauche comme la droite veulent démontrer, avoir le dernier mot, donner l’interprétation la plus forte et l’explication qui réussit le mieux à enterrer le discours adverse, espérons-le pour toujours, en montrant leur supériorité morale respective et supposée, tout en homogénéisant le discours national dans une totalité fermée. Allende ici, Pinochet là ; démocratie, dictature, condamner ou ne pas condamner, les lois, la constitution, qu’ils ont commencé, qu’ils ont continué. De la boue pure.
Mémoire inondée : Démontrer, expérimenter Lire la suite »
Un texte de Idris Seyzür
C’est l’été. Un lac, des rencontres. Des vieillesses, des enfances.
Ourdir, récidiver. Les en-jeux.
Des corps : mouvoir l’âme, secouer la langue.
Le mot d’« Histoire » est revenu.
Pour une autre Histoire, d’autres histoires.
Enfances, communisme : ce qui s’y joue Lire la suite »
Un texte de Nicolò Molinari
Ce texte, rédigé entre avril et mai 2023, tente d’aligner quelques raisonnements stratégiques à partir d’expériences de lutte récentes. Il ne s’agit pas d’un bilan, ni d’un ensemble d’indications normatives, mais d’une tentative de penser les stratégies des mouvements et les limites qu’ils rencontrent. Quelques mois plus tard, il est peut-être possible de réfléchir à certaines des limites de ce texte et d’essayer de tracer des pistes de recherche pour l’avenir.
Breaking the waves Lire la suite »
Un texte de Guillaume Delaite
Où l’on découvrira comment la rhétorique anticomplotiste appartient à une véritable tradition de propagandistes : la sound science. Et comment cette propagande a pu irriguer tant de sphères intellectuelles en apparence si opposées. Petit exercice explicatif en réponse à un article de L’empaillé. Cette réponse a été refusée par sa rédaction.
La sound science et la Covid. Réponse à un article anticomplotiste. Lire la suite »
Un texte d’Ezra Riquelme
La tâche centrale de la métaphysique qui vient est d’intensifier la désertion en cours, en la rapportant à un ensemble de liens entre métaphysique et forme de vie. L’époque réclame de notre part un peu de rigueur à tenir liés ensemble ces deux dimensions afin de bâtir les conditions nécessaires pour défaire l’économie, et d’éprouver largement le dépassement de l’inconstance que sont les sociétés, les collectifs, et les nations. La métaphysique qui vient s’annonce imprévisible et hardie, elle prend au sérieux la recherche de vérité. Il s’agit donc de partir d’une expérience du vrai, car le caractère de cette expérience correspond à la mise en relation entre une pensée et une vie. Mais comment parvenir à cette métaphysique qui vient et à esquisser un autre chemin que celui de la catastrophe ?
L’universitas metapolitica, esquisse d’un chemin possible de désertion Lire la suite »
Un texte de Ezra Riquelme
Presque vingt ans d’écart séparent la publication de l’Appel de celle du Manifeste conspirationniste. Tous deux sont sortis en périodes de sclérose et d’impuissance, et leur ambition n’était pas moins que de rompre avec cette atonie généralisée et de partager une intelligibilité conspirative de l’époque. Il ne s’agit pas de convaincre, comme l’espère une certaine tradition critique, mais plutôt de toucher les évidences communes pour les renforcer.
La part irréconciliable : de l’Appel au Manifeste conspirationniste Lire la suite »
Un texte de Ricardo G. Viscardi
« Oppenheimer » donne non seulement son titre au film1, mais le patronyme désigne aussi la personne inhérente, comme condition de possibilité, à la fabrication de l’engin nucléaire (métonymie : un terme donne son sens à l’ensemble de l’expression). Mais une fois l’explosion nucléaire survenue, le même personnage devient partagé entre les alternatives politiques et les massacres humains qu’un certain « Oppenheimer » a été capable de déclencher, même doublement (scientifiquement et éthiquement).
Histoire de la vie (de la bombe atomique) : « Oppenheimer » Lire la suite »
Un texte de Hunter Bolin
Au printemps 1847, après de nombreuses pressions, Marx et Engels acceptent de rejoindre la Ligue des justes à une condition : que la Ligue exclue la pensée conspirationniste de son programme. Comme le dit Engels, « Moll a rapporté qu’ils étaient autant convaincus de la justesse générale de notre mode de pensée que de la nécessité de libérer la Ligue des vieilles traditions et formes conspiratrices »1. Marx, journaliste à l’époque, considère que son rôle social est d’éclairer son public et d’éliminer toute forme de conspiration ouvrière, à laquelle il n’a jamais pris part lui-même.
Un texte de Mohand
Si le « point de vue de la révolution » a cru pouvoir déceler une possibilité subversive dans la reformulation écologique des problèmes produits par la communauté du capital, c’est parce que l’écologie politique revendiquait illusoirement partir depuis un ailleurs de l’économie. Cette illusion n’est pourtant pas dénuée d’effectivité. C’est pourquoi une partie de ceux qui tentent de maintenir une réalité à l’idée de révolution y succombe.
Bifurcation dans la civilisation du capital II. Lire la suite »
Un texte de Justin Delareux
Été 2018, extrait, je retenais sur un carnet de route les matériaux qui allaient donner, quelques semaines plus tard, Poème depuis la plage. Il s’agissait de fixer un élan, fugace, joies diluées d’amour, d’énergie et de liberté, peut-être, quelques vues, situées, mêlées à ce qui était en train d’être vécu. Une étrange rencontre entre un présent saisi et un futur incanté, comme pour qu’il se réalise, affranchie des lourdeurs langagières, vers une simplicité choisie, la plus directe possible. Trois mois passèrent pour que le fond de l’air se révèle. D’autres textes liés suivirent, lentement ; Poème depuis trop tard (janvier 2019), Quitter le navire ne suffira pas (mars 2020), Forme juste sans moyens (novembre 2020). Il se trouve que je retrouve, géographiquement et sensiblement, cinq années plus tard, le point de départ, l’élan et le retour. Je vous transmets donc ce bref poème depuis la cage.
Poème depuis la cage Lire la suite »
Un texte de Pascal Mathis
Cet engagement téméraire, d’autres devaient le tenir, courant janvier 2022, en publiant le Manifeste conspirationniste. Ce livre vaut mieux que le silence gêné que beaucoup lui opposent depuis plus de trois ans, car tout indique sa profonde sincérité. Il est des deuils si douloureux, souvent ceux d’un enfant, qu’ils conduisent les parents à des comportements ségrégés, à l’extérieur ils reçoivent naturellement les condoléances de leurs proches, ils vont se recueillir sur la tombe de celui qui jamais n’aurait dû les quitter, ils portent même des vêtements de deuil, mais une fois rentrés chez eux, ils entretiennent la chambre de leur enfant défunt comme s’il devait rentrer de l’école tout à l’heure, ils lui préparent même un bon goûter et le soir encore ils mettent son couvert. Ces parents endeuillés vivent ainsi, un temps durant, dans deux réalités ségrégées, l’une n’invalidant pas l’autre, la perte et le manque d’un côté, de l’autre la présence de l’être aimé. Il me semble que le Manifeste conspirationniste, tout animé d’un tel être au monde ségrégé, n’a pu être écrit que dans le terrible deuil qui nous frappe depuis trois ans, dans la douleur du manque de cette puissance minimale qui nous semblait acquise. Ceux qui ressentent une telle perte ont tout à gagner à poursuivre jusqu’à son terme la balade hallucinée que propose l’ouvrage.
Le Manifeste conspirationniste ou l’insoutenable miroir de notre défaite Lire la suite »
Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous avons de plus en plus de mal avec la vérité.
Confinés que nous sommes, dans nos vérités.
C’est bien que la vérité, aussi, est passée par le filtre du selfie.
Le moi, devient la maison du vrai.
Notes sur la vérité Lire la suite »
Une nouvelle fois, la police a volé une vie. La vidéo du meurtre de Nahel en a touché plus d’un, donnant lieu à un grand bouleversement des sensibilités. Réactivant la mémoire des atrocités policières. Face à cette horreur, la croyance en la justice et la reconnaissance de l’État a été balayée par l’émergence d’un bon sentiment, celui de la vengeance. Ce sentiment est partagé dans toute la France : de Nanterre à Marseille, en passant par Aulnay-sous-Bois, Lyon, Brest, la Guyane, et même la Belgique, la liste est longue. Se venger est devenu une nécessité.
Soutenir la révolte Lire la suite »
Un texte de Gerardo Muñoz
Il a été dit à maintes reprises – dans le meilleur esprit hyperbolique, sans doute – que le Chili représente toujours, quel que soit l’angle sous lequel nous regardons, ce qui est à venir à notre époque. Le laboratoire chilien préfigure les mutations à venir et solidifie les tendances effectives des pouvoirs publics. Le cycle politique 2019-2023 n’est pas différent : il a commencé par la révolte expérimentale au cœur du centre métropolitain, et il a culminé avec une nouvelle scène constitutionnelle cherchant à remplacer la « constitución tramposa » désormais à la merci de ceux qui vouent une profonde admiration à l’État subsidiaire de la post-dictature.
Constitutionnalisme et sens Lire la suite »
Un texte d’Emmeffe
En effet, on peut dire que nous assistons aux premières répercussions internes dans les économies occidentales, à qui la confrontation de l’OTAN avec la Russie en Ukraine inflige une importante augmentation des prix de matières premières et, par suite, un manque d’argent. Ceux qui, comme les anarchistes et les internationalistes, considèrent la défaite de leur propre pays comme l’occasion d’une intervention révolutionnaire se doivent d’examiner ces faits.
Guerre, crise et anarchie Lire la suite »
Un mois après la parution de ce Manifeste intervenait le spectaculaire saut qualitatif dans la guerre dont l’Ukraine est le hochet ensanglanté. C’est peu dire que la « nouvelle guerre froide », que certains firent mine de découvrir alors, est partout présente dans le Manifeste. À dire vrai, quiconque sait s’informer ne pouvait ignorer que, depuis des années déjà, le découplage stratégique des USA vis-à-vis de la Chine était en cours, que le réarmement général allait bon train, ainsi que les rumeurs de retour de la « guerre conventionnelle », que l’achèvement du pipeline Nord Stream 2 était pour Washington un casus belli à lui seul ou que l’OTAN fomentait le passage à la « guerre cognitive ».
Préface à l’édition américaine du Manifeste conspirationniste Lire la suite »
Nous avons fait l’expérience de la communauté. Et je tâcherai d’utiliser les outils dont je dispose pour en rendre compte. C’est une nécessité. Nous ne sommes pas toutes et tous séparés du temps historique, nous ne vivons pas toutes et tous les événements par le prisme d’une représentation qui nous éloignerait d’une vie réellement vécue. Ce qui sera ici écrit ne sera pas séparé de ce qui aura été directement vécu. L’histoire individuelle est parfois le reflet d’une histoire commune dont les mots manquent pour qu’elle puisse être transmise et qu’ainsi le temps redevienne nôtre.
Nuit d’émeute à Donges Lire la suite »
Un texte d’Henry Fleury
À l’image de chaque messe d’envergure mondiale, les Jeux olympiques de Paris en 2024 sont l’occasion d’homélies sécuritaires. Cette opération scélérate s’exprime dans de nombreuses politiques publiques plus crasses les unes que les autres. Comment ne pas s’émouvoir de la destruction des jardins partagés de quelques cités de banlieue ? Comment ne pas s’insurger contre la transformation de ces mêmes villes en paradis gentrifié pour classe dégueulasse ? Mais c’est l’avancée des grands projets sécuritaires qui incarne le mieux l’ambition fasciste que produit cette gouvernementalité. Plus qu’une simple opération de maintien de l’ordre, ce que provoquent ces événements est une bascule vers la sécurité globale.
L’homélie sécuritaire Lire la suite »
Un texte d’Owen Sleater
Sans conteste, la situation historique actuelle prépare une guerre entre deux empires, l’hégémonie mondiale en toile de fond. On retrouve d’un côté l’Empire anglo-saxon (États-Unis, Grande-Bretagne, EU), de l’autre l’Empire chinois (Chine, Russie). Ces deux entités sont en passe de changer l’état actuel des choses et de rajouter une strate d’horreur par le passage de la guerre froide au conflit ouvert.
Les communes face aux Empires Lire la suite »
Un texte de Zibodandez & Alii
Les groupes se font et se défont. Un groupe n’est qu’une forme dont la durée d’existence est déterminée par la nécessité de son émergence – incommensurable, heureusement ! Car la durée d’existence d’un groupe est toujours singulière et dépend de sa propre expérience. Au gré de nos diverses itinérances – politiques ou non –, les groupes sont le nid des communautés terribles (Tiqqun). S’enfermer en groupe, c’est se fixer et voir l’identité prendre ses aises.
De l’« inconscient » au monde Lire la suite »
Un texte de Virgile dall’Armellina
« Est-ce que vous pensez que ça me fait plaisir de faire cette réforme ? » Ces mots, Emmanuel Macron les prononce face aux deux journalistes autorisés à se rendre au palais de l’Élysée pour l’interroger. Une fois n’est pas coutume, ils n’ont pas l’air d’être trop impressionnés par le chef de l’État. Conscients peut-être du niveau de colère de leurs auditeurs, ils entendent signifier qu’ils feront leur travail et poseront de vraies questions au Président.
Le prêtre aztèque à l’Élysée Lire la suite »
Un texte de Théo Lévêque
Le désert c’est le grand équilibre, le dernier rêve.
Il s’est construit de béton.
Pour que chaque chose trouve sa place.
La terre n’a rien à offrir,
Elle ne porte plus ses enfants.
Désormais il y a des murs.
Un texte de Henry Fleury
Si nous connaissons tout le malheur que produit la métropole sur nous : l’aliénation, le contrôle, la discipline, la domestication, la pollution, et finalement l’impuissance généralisée, nous ne pouvons pas nous borner à penser la manière dont elle nous punit. Si elle existe, si tant d’entre nous s’y inscrivent, c’est nécessairement que nous la désirons, qu’elle active une certaine définition du bonheur, aussi horrible soit-elle.
La métropole est notre fantasme de l’État total Lire la suite »
Un texte de Gerardo Muñoz
Les soins préventifs en cas de pandémie ont révélé la face cachée d’une série de processus en cours que l’on ne voyait pas. Bien que nous ayons pu percevoir que nous ne vivions plus dans une ville, un regard capable de voir dans l’épais brouillard est devenu plus clair. Ce n’est que maintenant, dans notre proximité immobile, que nous pouvons réaliser tout ce dont nous n’étions pas capables : apprécier les braises dans la nuit du présent est aussi une manière de prêter attention non seulement à ce qui nous échappe, mais aussi à ce qui est, entre le sol et le ciel, en cours de décomposition.
La métropole ou la captivité du monde Lire la suite »
Un texte de parents
À travers chaque mouvement social, nous avançons de défaite en défaite. Pourtant personne n’est dupe. La base sociale de croyance à la politique ou aux acquis sociaux est de plus en plus mince. La situation actuelle a ceci de particulier que plus nous bougeons pour défendre ces acquis sociaux, plus nous sommes pris au piège, rendus à la simple impuissance. Nos ennemis nous matent encore une fois.
Pourtant, nous pouvons prendre notre courage à deux mains. Certains l’ont déjà montré, il faut suivre leur exemple et essayer une nouvelle fois de changer le cours des choses
Prendre d’autres chemins Lire la suite »
Chaque nouveau mandat présidentiel s’accompagne de nouvelles réformes pour améliorer les conditions d’autonomisation de la police. Plus l’ordre social se fissure, plus la police augmente son nombre d’hommes et d’armes. Et plus son nombre augmente, plus son autonomie politique s’accentue. Quant à l’institution judiciaire, elle court après la police, dans l’espoir que la fiction sociale ne fissure pas davantage. « Seule une Fiction peut faire croire que les lois sont faites pour être respectées » (Michel Foucault, Des supplices aux cellules). C’est là que la police vient matérialiser cette fiction dont l’État a besoin pour s’établir comme phénomène naturel
Échographie de la Police Lire la suite »
Un texte d’Ezra Riquelme
Dans le contexte actuel de saturation des possibilités des bifurcations, nous assistons encore une fois au retour de la gauche, cette entité crasseuse et morale qui cherche sans cesse à se recomposer et qui maintient sa vocation à paralyser le parti historique. Il faut voir la gauche comme un vaccin dont personne n’a besoin – sauf le pouvoir, c’est sans dire – et dont chaque dose diminue drastiquement le besoin de révolution. Ces dernières années ont rappelé cette évidence selon laquelle la gauche s’approprie et défait tous les gestes de soustraction à l’état des choses.
Défaire la gauche Lire la suite »
Un texte de Camille Métaformix
La métropole est-elle cette forme de vie étendue à l’étendue du fait de la force centrifuge-centripète qu’exercent les centres urbains sur l’ensemble des espaces ?
La métropole deviendrait ainsi le nom d’une toile dont le maillage aurait pour cœurs les villes. Cette dénomination, ou plutôt cette définition donnerait au mot une visée stratégique en ce qu’elle pose une cartographie guerrière qui paraît opératoire encore à l’heure actuelle. Partons alors de là. Affirmons, affinons la visée.
De quoi la métropole est-elle le nom ? Lire la suite »
Un texte d’Owen Sleater
À force de vagabondage dans un monde étroit, on constate des flux de foules traversant ce qui semble être des rues. Pourtant, rien n’y habite franchement. Tout circule sans y vivre un attachement profond, et l’errance est la seule possibilité de passage. La métropole est comme un gigantesque décor entre musées et chantiers sans fin. Vivre n’a pas sa place en métropole, tout juste la survie, c’est la condition préalable de cette expérience de domesticité. La métropole s’étend partout un peu plus, élargit l’étendue du réseau où sévit perpétuellement l’économie. Les villes, les campagnes, les déserts, les forêts, chaque milieu est alors façonné selon les courbes épurées du projet métropolitain, pour ainsi être réduit à de simples pôles d’une sinistre cartographie de cette infrastructure impérialiste. La métropole est un environnement de mobilisation totale.
Un texte d’Owen Sleater
Dans le contexte actuel, où tout le monde a pu s’apercevoir que la guerre froide n’a jamais pris fin, laissant libre cours aux conspirations des propriétaires de son monde, le mot Occident est énoncé maintes fois. Certains veulent sauver l’Occident tandis que d’autres veulent le détruire. Pourtant, au regard de la configuration actuelle du monde, tenue par les forces de la gouvernance mondiale divisée en deux blocs, l’opposition mise en place n’existe que dans le but de rendre tangible l’incarnation du pouvoir symbolique de la gouvernementalité mondiale.
Qu’est-ce que l’Occident ? Lire la suite »
Un texte d’Ezra Riquelme
Il y a une chose qui se transmet de génération en génération, l’incapacité de vivre une expérience et de la partager. C’est le malheur que porte l’homme contemporain. Être dépossédé de son expérience, privé de son histoire, l’impossibilité chronique du partage de l’expérience avec d’autres. Rien de nouveau sous le soleil. Dès 1933, Walter Benjamin faisait ce constat accablant dans Expérience et pauvreté à propos de notre époque moderne
La destruction constante de l’expérience Lire la suite »
Le sujet, produit par la synthèse des dispositifs présents, toujours renouvelés, ressemblerait à un patient. Patient en cela qu’il ne cesserait d’attendre la prise en charge de sa souffrance, c’est un être souffrant, où le mot souffrir provient aussi du mot supporter. Ce sujet se supporte et supporte le dispositif qui le fait. Ce bloom 2.0, désormais appareillé, endure littéralement les temps qu’il traverse tant ces temps ne seront jamais faits pour lui, tant il en sera toujours maintenu à distance.
Langage et dispositif. Esquisse d’une destitution du langage présent Lire la suite »
Un texte de Camille Métaformix
Il est des banalités bonnes à rappeler. La première est que le langage est un élément absolument déterminant dans la composition de l’atmosphère. Une tonalité, une température, des jeux de couleurs qui posent un agencement ordonné singulièrement. D’où le mot de travers qui est tout autant mot de traverse. Il fait tomber dans un autre univers jusqu’ici non encore envisagé bien que toujours déjà-là. L’émergence d’un sens nouveau, d’une orientation nouvelle dans le voyage commun de l’échange.
Le langage des traversées mutantes Lire la suite »
Un texte de Louis René
Il y a des livres dont la densité de la forme et du contenu travaille l’esprit au fil des lectures, rendant presque impossible d’écrire sur, mais possible d’écrire avec. Le communisme de Mascolo est l’un de ces livres. Il prend comme point de départ la question la plus primordiale qui soit, la question du communisme. Pour cela, il faut être capable de saisir sensiblement cette question, ne plus partir de conditions économiques, sociales ou politiques, mais partir de la vie même, partir de l’éthique.
Mascolo, communisme, communication et vérité Lire la suite »
Un texte d’Arante
Il y a eu un temps où la parole était seulement une possibilité parmi l’infinité des choses possibles. Sur la Terre quelques hominidés ont commencé à chanter comme les oiseaux. On chantait avant de parler. Et la parole a été un fleuve qui a tari un long silence. Un premier silence. Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un nouveau silence.
Silence et langage Lire la suite »
Un texte d’Ezra Riquelme
En août dernier, une étude de la Banque HSBC prévoit une diminution drastique de la population mondiale pour 2100, soit la disparation de plus que 4 milliards d’êtres humains. Les causes que ce bureau d’étude nous balance pour justifier cette disparition de la moitié de l’humanité : la baisse du taux de natalité, le vieillissement de la population. L’annonce d’un tel scénario n’a pour véritable but que de maintenir une pression constante sur les esprits et les préparer à une intensification de l’horreur. Revoilà les années d’hiver !
L’auto-conservation du capital et l’horloge de l’apocalypse Lire la suite »
Un texte de Giorgio Agamben
En 1958, Karl Jaspers publie sous le titre La Bombe atomique et l’avenir de l’humanité un livre dans lequel il cherche à remettre radicalement en question — comme le sous-titre l’indique – La conscience politique de notre époque. La bombe atomique, commence-t-il dans l’introduction, a produit une situation absolument nouvelle dans l’histoire de l’humanité, la confrontant une alternative inéluctable : « soit l’humanité entière sera physiquement détruite, soit l’homme devra transformer sa condition éthico-politique ». Si dans le passé, comme au début des communautés chrétiennes, les hommes se sont fait des « représentations irréelles » d’une fin du monde, aujourd’hui, pour la première fois de son histoire, l’humanité a la « possibilité réelle » de s’anéantir et d’anéantir toute vie sur Terre. Cette possibilité, même si les hommes ne semblent pas en avoir pleinement conscience, ne peut que marquer un nouveau départ pour la conscience politique et impliquer « un tournant dans toute l’histoire de l’humanité ».
La guerre atomique et la fin de l’humanité Lire la suite »
La séquence sociale actuelle, après le mouvement des gilets jaunes et la crise du Covid qui ont dévoilé des brèches de la société, nous questionne quant à la place qu’occupent ou que cherchent à occuper les mouvements dits de l’« autonomie ».
Alors que l’inflation bat son plein et que les raffineries se mettent en grève, tandis que le gouvernement réquisitionne des grévistes et que la CGT et la gauche appellent à une grève générale pour l’augmentation des salaires, certains militants voient se profiler un « automne chaud ». S’il ne fait aucun doute que l’époque nous promet de nouvelles insurrections, nous nous posons des questions sur la pertinence à vouloir relancer le mouvement social.
La bonne conscience, cette pensée rassurante Lire la suite »
La politique est morte. Ce vieux constat n’a pas pris une ride. Pourtant en France au pays du social et du pouvoir. La politique dit « classique » plus personne n’y croit, même les hommes politiques, mais le problème est ailleurs. On a pu s’en rendre compte lors des dernières élections. Vu l’importance pour certains du vote antifasciste Mélenchon, la politique n’est pas morte pour tous. Les nombreuses publications de radicaux qui appellent à constituer une politique émancipatrice en témoignent. Pourtant l’histoire rappelle sans cesse qu’aucune politique n’a été émancipatrice, c’est tout le contraire qui s’est produit.
Politique et événement Lire la suite »
Un texte de Giorgio Agamben
La prière par excellence — celle que Jésus lui-même nous a dictée (« priez ainsi ») — contient un passage que notre temps s’efforce à tout prix de contredire et qu’il sera donc bon de rappeler, précisément aujourd’hui que tout semble être réduite à une loi féroce à double face : crédit/débit. Dimitte nobis debita nostra… « Et remets-nous nos dettes, comme nous aussi nous avons remis à nos débiteurs ». L’original grec est encore plus péremptoire : aphes emin ta opheilemata emon, « lâchez prise, effacez-nous nos dettes ». Réfléchissant sur ces mots en 1941, au milieu de la guerre mondiale, un grand juriste italien, Francesco Carnelutti, a observé que, si c’est une vérité du monde physique que ce qui s’est passé ne peut être effacé, on ne peut pas en dire autant du monde moral, qui se définit précisément à travers la possibilité de remettre et de pardonner.
Pardonne-nous nos dettes Lire la suite »
Un texte de Giorgio Agamben
« Nous vivons une crise historique. Je crois que nous ne sommes pas encore au fond, pas même au milieu de cette crise. De plus en plus j’y pense. Je suis convaincu que le scénario culturel, intellectuel et politique n’a pas encore exprimé tout son potentiel. Nous devons nous considérer à la fin de la troisième guerre mondiale ». La guerre dont parlait Dossetti dans cette interview de 1993 était plus dévastatrice ou tout aussi dévastatrice que les deux autres, car elle n’a été menée que par le mal au nom du mal, entre des puissances également maléfiques, quoiqu’apparemment avec moins d’effusion de sang. Mais cette guerre, de toute évidence, n’est pas encore terminée, elle a pris d’autres formes et nous y sommes encore sans pouvoir en voir la fin.
La troisième guerre mondiale n’est pas encore terminée Lire la suite »
Un texte d’Ezra Riquelme
L’institution est une passion française. On la retrouve à toutes les sauces, que ce soit l’institution républicaine, révolutionnaire, anarchiste, ou même la psychothérapie institutionnelle. La France est le pays de l’institution. Même la Révolution est devenue une institution, qu’on peut exporter aux quatre coins du monde. Cette spécificité française est particulièrement tenace chez les gens cultivés, à force de docilité éducative dans les grands corps de l’État et les écoles supérieures, on ne cesse de rechercher des institutions partout. La passion qu’y vouent les Français est le signe évident de son assimilation totale au christianisme, même si ce pays s’en croit pourtant libéré. Il faut revenir en deçà, revenir sur son histoire, sur sa signification originelle pour cerner ses logiques internes et ses imbrications sur la matérialité de l’existence.
Institution, une politique ecclésiastique Lire la suite »
Un texte de Louis René
Le désastre continue inlassablement son ravage sur les formes de vie humaines et non-humaines, détruisant par la même occasion la matérialité de l’existence de pluralité de ces formes de vie. Le désastre n’est pas simplement le produit d’un système économique et politique d’exploitation, mais résulte d’une façon d’habiter le monde. La question révolutionnaire exige d’être aussi posée dans des termes anthropologiques. Car le désastre émane d’une forme de vie : celle de la vie métropolitaine occidentale qui vampirise la presque totalité de la planète, et espère en vampiriser d’autres. Il faut alors regarder dans ses entrailles pour y voir la texture de ce qui l’anime. Ce que l’on trouve de bien sordide est le narcissisme, ce Moi liquidateur animé par ce désir insatiable d’accaparement et de destruction.
Le narcissisme, un Moi liquidateur Lire la suite »
Un texte d’Ezra Riquelme
Les images se font et se défont, et l’une des plus tenaces est celle de la société. Elle s’impose dès lors comme une fiction, comme une fiction policière. Écrire une fiction, puis l’effacer, ainsi la réécrire une nouvelle fois encore. Tel se constitue le geste de la société : être fait et refait. Dans cette fiction aux effets bien trop réels, la matrice essentielle tient dans le principe d’exclusion/inclusion. Pour intégrer ses proies, la société doit détruire toute hétérogénéité, établir un ordre, ordonner les corps par certaines conduites.
Cette fiction nommée Société Lire la suite »
À l’heure où la guerre aux portes de l’Europe rentre de plus en plus dans l’insignifiance, il est toujours intéressant de voir les motifs qui expliquent une telle guerre. Par-delà les conceptions géopolitiques traditionnelles, qui ne sont pas par ailleurs forcément fausses, il y a toujours mille manières pour un État de justifier une guerre.
Néolibéralisme militaire Lire la suite »
Un texte d’Ezra Riquelme
Sur les terres crépusculaires s’érige la mort comme une icône de l’angoisse même de la vie. Au Moyen-âge et jusqu’au XVIIIe siècle, la mort s’éprouvait dans la vie quotidienne, avec une certaine « familiarité ». On peut noter par exemple au IVe siècle la « danse des morts » comme l’occasion de réaffirmer la vie, ce que l’Église ne pouvait supporter. À la fin du XVIIIe siècle, la mort s’établit comme sujet d’horreur, les lieux liés aux morts sont dès lors vus comme des lieux de pestilence, de maléfices. Certains cimetières ont subi littéralement un déménagement hors des villes. Le romantisme a participé à un retour de l’exagération du sentiment du deuil, avec le rejet de la mort, de la disparition de l’autre. Ce qui explique qu’aux XVIIIe et XIXe siècles, les lieux liés aux morts sont vénérés. L’arrivée de la médecine moderne transforme une nouvelle fois le rapport avec la mort.
La mort et les profondeurs de l’angoisse Lire la suite »
Un texte de Mohand
Dans son dernier article, Jacques Camatte s’oppose au naturalisme déterministe et scientiste que certains neurologues et psychologues attribuent au genre humain. Selon eux, le risque d’extinction de l’espèce n’est aucunement dû à la trame historique de la « catastrophe permanente », mais au fonctionnement de notre cerveau. Ce serait ainsi la « naturalité » même du genre homo sapiens qui serait la cause de sa possible destruction. À l’inverse, Camatte voit dans la « naturalité » le lieu même d’une libération de l’artificialité dont s’est rendue prisonnière l’espèce humaine. Se réconcilier avec la nature, y « retourner », apparaît pour lui comme l’unique moyen d’échapper à l’extinction promise.
À propos de « Manipulation et Extinction de l’Humanité », naturalité et espèce. Lire la suite »
Un texte de Jacques Camatte
L’instauration du risque d’extinction s’impose de plus en plus en provoquant de multiples débats. Ce qui nous importe c’est de connaître comment il est envisagé, qu’elle est la cause qui est invoquée pour expliquer son existence et le comportement qu’il induit. En ce qui concerne les instances dirigeantes pour qui gouverner c’est soigner et tranquilliser, il s’agit avant tout de gérer la catastrophe, de rassurer la population et d’inciter les gens à résister, à activer leur résilience face aux incertitudes, à se renforcer, à accepter de payer les conséquences, à avoir foi dans les élites ce qui revient à les inviter à plonger dans la dépendance, et donc à diminuer encore l’importance de leur naturalité. Ce, faisant à les rendre plus manipulables en les livrant à l’attente.
Manipulation et Extinction de l’Humanité Lire la suite »
Un texte de Zibodandez
À l’heure où la biopolitique parachève son emprise sur nos existences, la situation que connaît la psychiatrie nous apparaît être un cas paradigmatique : alors qu’elle prétend se désinstitutionnaliser, la psychiatrie – qu’il s’agisse de son institution et son en-dehors – n’a probablement jamais autant été à l’avant-garde de la biopolitique.
La vie contre la psychiatrie Lire la suite »
On pourrait penser à tort que les GAFAM sont simplement de grands opportunistes. Ce serait sous-estimer les ambitions létales de ces entreprises. C’est bien connu, tout bon businessman se doit d’être un parfait stratège. La manigance est de mise, chaque plan est programmé sur le long terme. Ces plans comportent des stratagèmes jouant sur les dimensions du visible et de l’invisible. La communication est une guerre permanente, ses énoncés sont tromperie, ses effets sont le brouillard pour ses frappes, pour les opérations qu’elle mène. La séquence du Covid a précipité le bon déroulement de l’un des plans chers aux GAFAM, passer d’une étape à une autre.
Les GAFAM et la conquête de la santé Lire la suite »
Un texte de Galipettes
Errance d’un fiasco, itinérance d’une inconsistance. Constat sur l’autodéfense sanitaire. Passe-temps abstrait pour métropolitains angoissés et impuissants devant l’évidence de la situation : leur mode de vie produit par le monde techno-militaro-industriel offre une vie fragile. L’épreuve de vivre une vie fragile, c’est subir l’inclinaison à l’ordre, être déterminé par ces ordonnances. Quand certains réclament : « Il faut défendre la fragilité ! », il faut comprendre « Il faut défendre la société ! ».
L’autodéfense sanitaire, une biopolitique mineure Lire la suite »
L’œuvre de Walter Benjamin recèle une giberne d’interruption. L’interruption de l’histoire, du temps linéaire, du progrès. Il déploie une politique de l’interruption. Cette politique est traversée par son messianisme révolutionnaire, reprenant la mystique juive pour retrouver une puissance révolutionnaire capable de tenter sa chance dans la conflictualité de son époque.
Interruption ! Vive le communisme ! Lire la suite »
Un texte de Louis René
La tragédie a poursuivi l’âme en peine de Georg Lukács. Son expérience de la sinistre et mortifère Première Guerre mondiale fut l’expérience de l’effondrement d’un monde, voyant la plupart de ses amis, de Max Weber à Emil Lask, prendre parti pour la guerre. « Défendre la société », tel était l’impératif catégorique pour en justifier l’horreur. Cette boucherie, lui révéla le véritable visage du social et de son emprise sur les êtres qui, pris dans cet orage d’acier, se voyaient transformés en tueurs sans âmes. Lukács comprit alors la voie à suivre pour sortir du pouvoir des structures sociales s’atteler au plan de réalité d’âme (Seelenwirklichkeit).
L’ascèse communiste comme dépassement des formes sociales de la vie Lire la suite »
Un texte de Louis René
Notre vie s’est formée dans une lutte singulière face à un monde, une aventure sinueuse, où les attentifs se sont pas seuls et où les mots ne sont plus lasses, mais inscrits dans la vie. Chaque forme du monde comme élément singulier traverse les âmes, et une relation s’établit qu’elle soit discrète ou non. Dans le lien d’ombres, où la conspiration est une mélodie qui lie les conspirateurs, cette mélodie laisse s’envoler un souffle animant leur âme. Un souffle particulier distinct des autres formes d’inspiration qui nous touchent, cette forme se nomme communisme.
Communisme des âmes Lire la suite »
L’élection présidentielle a révélé le véritable visage d’une grande partie des milieux radicaux, anarchistes, autonomes et antifa. Eux, trop souvent catégorisés par l’insulte de gauchiste, sont aujourd’hui bien des gens de gauche. La répétition continuelle de la France Insoumise de se dire « prêt à gouverner » devrait être un repoussoir naturel à tous les révolutionnaires. Il n’en a rien été, l’enseignement de Saint-Just a sonné dans le vide. La révolution n’est qu’une question d’apparence pour eux. En réalité, tous les militants radicaux qui ont appelé à voter pour Mélenchon révèlent le caractère profondément creux de leur apparence radicale.
Vérité sur les radicaux qui votent ! Lire la suite »