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Les communes face aux Empires

Un texte d’Owen Sleater
Sans conteste, la situation historique actuelle prépare une guerre entre deux empires, l’hégémonie mondiale en toile de fond. On retrouve d’un côté l’Empire anglo-saxon (États-Unis, Grande-Bretagne, EU), de l’autre l’Empire chinois (Chine, Russie). Ces deux entités sont en passe de changer l’état actuel des choses et de rajouter une strate d’horreur par le passage de la guerre froide au conflit ouvert.

À sens unique ?

Édito
À l’aube d’un tournant historique, une ligne mortifère se trace. Celle d’un conflit militaire ouvert entre le camp des États-Unis et celui de la Chine. L’administration Biden se prépare à entrer en guerre contre la Chine. Deux projets vont s’affronter pour la domination mondiale : celui d’un monde multipolaire chinois, et celui du monde unipolaire des États-Unis. Les regards se tournent vers l’océan Pacifique, où les États-Unis construisent une alliance transnationale pour encercler la Chine et préserver leur hégémonie mondiale. L’hypothèse d’une nouvelle guerre mondiale n’a rien de réjouissante.

De l’« inconscient » au monde

Un texte de Zibodandez & Alii
Les groupes se font et se défont. Un groupe n’est qu’une forme dont la durée d’existence est déterminée par la nécessité de son émergence – incommensurable, heureusement ! Car la durée d’existence d’un groupe est toujours singulière et dépend de sa propre expérience. Au gré de nos diverses itinérances – politiques ou non –, les groupes sont le nid des communautés terribles (Tiqqun). S’enfermer en groupe, c’est se fixer et voir l’identité prendre ses aises.

Les deux visages du pouvoir

Un texte de Giorgio Agamben
Qu’on le désigne par l’hendidys « constitution/gouvernement » ou par « État/administration », le concept fondamental de la politique occidentale est un concept double, une sorte de Janus à deux visages, montrant tantôt le visage austère et solennel de l’institution, tantôt le visage plus ombrageux et informel de la pratique administrative, sans qu’il soit possible de les identifier ou de les dissocier.

Les deux visages du pouvoir IV : anarchie et politique

Un texte de Giorgio Agamben
C’est un constitutionnaliste allemand de la fin du XIXe siècle, Max von Seydel, qui a posé la question qui semble aujourd’hui incontournable : « Que reste-t-il du royaume si l’on supprime le gouvernement » ? En effet, le temps est venu de se demander si la fracture de la machine politique occidentale n’a pas atteint un seuil au-delà duquel elle ne peut plus fonctionner. Dès le XXe siècle, le fascisme et le nazisme avaient déjà répondu à cette question à leur manière par l’instauration de ce que l’on a appelé à juste titre un « État dual », dans lequel l’État légitime, fondé sur la loi et la constitution, est flanqué d’un État discrétionnaire qui n’est que partiellement formalisé et où l’unité de la machine politique n’est donc qu’apparente.

Les deux visages du pouvoir III : le royaume et le gouvernement

Un texte de Giorgio Agamben
« Le roi règne, mais ne gouverne pas ». Que cette formule, qui est au cœur du débat entre Peterson et Schmitt sur la théologie politique et qui, dans sa formulation latine (rex regnat, sed non gubernat), remonte aux polémiques du XVIIe siècle contre le roi de Pologne Sigismond III, contienne quelque chose comme le paradigme de la structure duale de la politique occidentale, c’est ce que nous avons essayé de montrer dans un livre publié il y a près de quinze ans. Là encore, à la base se trouve un problème authentiquement théologique, celui du gouvernement divin du monde, lui-même finalement expression d’un problème ontologique.

Les deux visages du pouvoir II : politique et économie

Un texte de Giorgio Agamben
« Le destin, c’est l’économie », c’est un peu le refrain que les hommes dits « politiques » nous répètent depuis des décennies. Et pourtant, non seulement ils ne renoncent pas à se définir comme tels, mais les partis auxquels ils appartiennent continuent d’être qualifiés de « politiques » et les coalitions qu’ils forment dans les gouvernements et les décisions qu’ils ne cessent de prendre se déclarent « politiques ».

Les deux visages du pouvoir 

Un texte de Giorgio Agamben
Qu’on le désigne par l’hendidys « constitution/gouvernement » ou par « État/administration », le concept fondamental de la politique occidentale est un concept double, une sorte de Janus à deux visages, montrant tantôt le visage austère et solennel de l’institution, tantôt le visage plus ombrageux et informel de la pratique administrative, sans qu’il soit possible de les identifier ou de les dissocier.

Pasolini, Mishima : la subversion cosmologique en partage

Un texte de Virgile dall’Armellina
Les années que nous vivons sont situées entre deux centenaires. Celui de la naissance de deux écrivains, artistes et penseurs majeurs : Pier Paolo Pasolini, né le 5 mars 1922, et Yukio Mishima, né le 14 janvier 1925. Nous voudrions inviter à nous examiner ce que leur héritage pourrait apporter à la compréhension de la situation politique, et inciter à relire ces auteurs dans une perspective de dépassement du capitalisme.

Le prêtre aztèque à l’Élysée

Un texte de Virgile dall’Armellina
« Est-ce que vous pensez que ça me fait plaisir de faire cette réforme ? » Ces mots, Emmanuel Macron les prononce face aux deux journalistes autorisés à se rendre au palais de l’Élysée pour l’interroger. Une fois n’est pas coutume, ils n’ont pas l’air d’être trop impressionnés par le chef de l’État. Conscients peut-être du niveau de colère de leurs auditeurs, ils entendent signifier qu’ils feront leur travail et poseront de vraies questions au Président.

Giordano Bruno, l’art des métamorphoses

Un texte d’Owen Sleater
Plus que jamais, nous sommes dans l’errance. Une errance commune pourtant difficilement partageable, une errance sur tous les plans. Il est toujours bon de se perdre un temps, cela peut permettre quelques découvertes, comme l’œuvre de Giordano Bruno, qui regorge de conseils tactiques pour notre époque. On ne peut guère résumer aisément la vie de Bruno, théologien hérétique pratiquant les mathématiques, la physique, la métaphysique et la magie. La métamorphose comme seuil éthique de son existence.

La sensibilité en mouvement

Édito
Le gouvernement continue son horrible plan néolibéral coûte que coûte. Économiser encore plus l’existence, rendre inopérantes les possibilités de s’extraire de cette logique, prolongeant une nouvelle fois la « stratégie du choc ». Personne n’échappe à cette situation. La résistance en est ainsi amputée matériellement. Il a fallu un énième 49.3 pour voir une éclaircie, certes brève, mais néanmoins précieuse. Sortie du dispositif manifestation, une forme éphémère a pris forme : celle des déambulations nocturnes à coup de poubelles enflammées profitant de la grève des éboueurs.

Désert

Un texte de Théo Lévêque
Le désert c’est le grand équilibre, le dernier rêve.
Il s’est construit de béton.
Pour que chaque chose trouve sa place.
La terre n’a rien à offrir,
Elle ne porte plus ses enfants.
Désormais il y a des murs.

La métropole est notre fantasme de l’État total

Un texte de Henry Fleury
Si nous connaissons tout le malheur que produit la métropole sur nous : l’aliénation, le contrôle, la discipline, la domestication, la pollution, et finalement l’impuissance généralisée, nous ne pouvons pas nous borner à penser la manière dont elle nous punit. Si elle existe, si tant d’entre nous s’y inscrivent, c’est nécessairement que nous la désirons, qu’elle active une certaine définition du bonheur, aussi horrible soit-elle.

La métropole ou la captivité du monde

Un texte de Gerardo Muñoz
Les soins préventifs en cas de pandémie ont révélé la face cachée d’une série de processus en cours que l’on ne voyait pas. Bien que nous ayons pu percevoir que nous ne vivions plus dans une ville, un regard capable de voir dans l’épais brouillard est devenu plus clair. Ce n’est que maintenant, dans notre proximité immobile, que nous pouvons réaliser tout ce dont nous n’étions pas capables : apprécier les braises dans la nuit du présent est aussi une manière de prêter attention non seulement à ce qui nous échappe, mais aussi à ce qui est, entre le sol et le ciel, en cours de décomposition.

Sur l’anarchie aujourd’hui

Un texte de Giorgio Agamben
Si pour ceux qui entendent penser la politique, dont elle constitue en quelque sorte le foyer extrême ou le point de fuite, l’anarchie n’a jamais cessé d’être d’actualité, elle l’est aujourd’hui aussi en raison de la persécution injuste et féroce à laquelle un anarchiste est soumis dans les prisons italiennes. Mais parler de l’anarchie, comme on a dû le faire, sur le plan du droit, implique nécessairement un paradoxe, car il est pour le moins contradictoire d’exiger que l’État reconnaisse le droit de nier l’État, tout comme, si l’on entend mener le droit de résistance jusqu’à ses ultimes conséquences, on ne peut raisonnablement exiger que la possibilité de la guerre civile soit légalement protégée.

Prendre d’autres chemins

Un texte de parents
À travers chaque mouvement social, nous avançons de défaite en défaite. Pourtant personne n’est dupe. La base sociale de croyance à la politique ou aux acquis sociaux est de plus en plus mince. La situation actuelle a ceci de particulier que plus nous bougeons pour défendre ces acquis sociaux, plus nous sommes pris au piège, rendus à la simple impuissance. Nos ennemis nous matent encore une fois.
Pourtant, nous pouvons prendre notre courage à deux mains. Certains l’ont déjà montré, il faut suivre leur exemple et essayer une nouvelle fois de changer le cours des choses

Échographie de la Police

Chaque nouveau mandat présidentiel s’accompagne de nouvelles réformes pour améliorer les conditions d’autonomisation de la police. Plus l’ordre social se fissure, plus la police augmente son nombre d’hommes et d’armes. Et plus son nombre augmente, plus son autonomie politique s’accentue. Quant à l’institution judiciaire, elle court après la police, dans l’espoir que la fiction sociale ne fissure pas davantage. « Seule une Fiction peut faire croire que les lois sont faites pour être respectées » (Michel Foucault, Des supplices aux cellules). C’est là que la police vient matérialiser cette fiction dont l’État a besoin pour s’établir comme phénomène naturel

Défaire la gauche

Un texte d’Ezra Riquelme
Dans le contexte actuel de saturation des possibilités des bifurcations, nous assistons encore une fois au retour de la gauche, cette entité crasseuse et morale qui cherche sans cesse à se recomposer et qui maintient sa vocation à paralyser le parti historique. Il faut voir la gauche comme un vaccin dont personne n’a besoin – sauf le pouvoir, c’est sans dire – et dont chaque dose diminue drastiquement le besoin de révolution. Ces dernières années ont rappelé cette évidence selon laquelle la gauche s’approprie et défait tous les gestes de soustraction à l’état des choses.

De quoi la métropole est-elle le nom ?

Un texte de Camille Métaformix
La métropole est-elle cette forme de vie étendue à l’étendue du fait de la force centrifuge-centripète qu’exercent les centres urbains sur l’ensemble des espaces ?
La métropole deviendrait ainsi le nom d’une toile dont le maillage aurait pour cœurs les villes. Cette dénomination, ou plutôt cette définition donnerait au mot une visée stratégique en ce qu’elle pose une cartographie guerrière qui paraît opératoire encore à l’heure actuelle. Partons alors de là. Affirmons, affinons la visée.

Metropolis

Un texte d’Owen Sleater
À force de vagabondage dans un monde étroit, on constate des flux de foules traversant ce qui semble être des rues. Pourtant, rien n’y habite franchement. Tout circule sans y vivre un attachement profond, et l’errance est la seule possibilité de passage. La métropole est comme un gigantesque décor entre musées et chantiers sans fin. Vivre n’a pas sa place en métropole, tout juste la survie, c’est la condition préalable de cette expérience de domesticité. La métropole s’étend partout un peu plus, élargit l’étendue du réseau où sévit perpétuellement l’économie. Les villes, les campagnes, les déserts, les forêts, chaque milieu est alors façonné selon les courbes épurées du projet métropolitain, pour ainsi être réduit à de simples pôles d’une sinistre cartographie de cette infrastructure impérialiste. La métropole est un environnement de mobilisation totale.

Les arcanes de la Métropole

Édito
Le continuum du désastre suit son cours. Une ambiance macabre plane sur le monde, l’hypothèse d’une troisième guerre mondiale prend un peu plus d’ampleur. Cristallisant les angoisses passées, les expériences traumatiques moins lointaines sont comme une force annihilant les dynamiques des forces historiques. La Métropole est quant à elle l’environnement infrastructurel d’accentuation de cette annihilation des dynamiques. La domestication effectuée par le premier confinement et les autres mesures sanitaires ont renforcé les dispositifs de la Métropole.

Le lieu de la politique

Un texte de Giorgio Agamben
Les forces poussant à une unité politique mondiale semblaient tellement plus fortes que celles dirigées vers une unité politique plus limitée, comme l’unité européenne, qu’on pouvait écrire que l’unité de l’Europe ne pouvait être qu’« un sous-produit, pour ne pas dire un sous-produit de l’unité globale de la planète ». En réalité, les forces poussant à l’unité se sont révélées tout aussi insuffisantes pour la planète que pour l’Europe.

Technologie et gouvernement

Un texte de Giorgio Agamben
Le fait est que les pouvoirs qui semblent guider et utiliser le développement technologique à leurs fins sont en fait plus ou moins inconsciemment guidés par celui-ci. Tant les régimes les plus totalitaires, tels que le fascisme et le bolchevisme, que les régimes dits démocratiques partagent cette incapacité à gouverner la technologie à un point tel qu’ils finissent par se transformer presque par inadvertance dans la direction requise par les technologies mêmes qu’ils pensaient utiliser à leurs propres fins.

Affirmer la rupture

Un texte de Maurice Blanchot
Le but ultime, c’est-à-dire, aussi, immédiat, évident, c’est-à-dire caché, direct-indirect : affirmer la rupture. L’affirmer : l’organiser en la rendant toujours plus réelle et plus radicale.
Quelle rupture ? La rupture avec le pouvoir, donc avec la notion de pouvoir, donc en tous lieux où prédomine un pouvoir. Cela vaut certes pour l’Université, pour l’idée de savoir, pour le rapport de parole enseignante, dirigeante et peut-être pour toute parole, etc., mais cela vaut davantage encore pour notre conception même de l’opposition au pouvoir, chaque fois que cette opposition se constitue en parti de pouvoir.

L’étudiant dans la nuit de la dépossession

Un texte de Gerardo Muñoz
Au printemps 2021, une image a largement circulé dans les journaux et a ouvert un point d’entrée dans notre époque : il s’agissait d’une image floue, plutôt pauvre et pixellisée, d’un étudiant espagnol nommé Carlos Alegre, assis dans un coin reculé d’une rue de Malaga, lisant son cahier d’école en attendant les commandes de livraison de nourriture de l’entreprise Glovo. L’image ne nous indique ni le temps ni le lieu, mais elle fournit spatialement un geste fondamental : la soustraction de l’attention de l’élève au mystère d’une temporalité subsumée par l’administration de l’échange de valeurs.

Qu’est-ce que l’Occident ?

Un texte d’Owen Sleater
Dans le contexte actuel, où tout le monde a pu s’apercevoir que la guerre froide n’a jamais pris fin, laissant libre cours aux conspirations des propriétaires de son monde, le mot Occident est énoncé maintes fois. Certains veulent sauver l’Occident tandis que d’autres veulent le détruire. Pourtant, au regard de la configuration actuelle du monde, tenue par les forces de la gouvernance mondiale divisée en deux blocs, l’opposition mise en place n’existe que dans le but de rendre tangible l’incarnation du pouvoir symbolique de la gouvernementalité mondiale.

La destruction constante de l’expérience

Un texte d’Ezra Riquelme
Il y a une chose qui se transmet de génération en génération, l’incapacité de vivre une expérience et de la partager. C’est le malheur que porte l’homme contemporain. Être dépossédé de son expérience, privé de son histoire, l’impossibilité chronique du partage de l’expérience avec d’autres. Rien de nouveau sous le soleil. Dès 1933, Walter Benjamin faisait ce constat accablant dans Expérience et pauvreté à propos de notre époque moderne

Dépossession, tactique et ontologie

Édito
L’état général des forces historiques est acculé à un état de pleine dépossession. Cet état correspond à un environnement qui maintient les forces historiques dans l’incapacité physique d’aller au contact. Seulement obligé à prendre des coups. La dépossession est le mode opératoire de l’Occident pour lui permettre de garder le monde sous son joug : approfondir la mutilation de la singularité des existences et leur condition de vie. Privés du partage de leur expérience, incapables de vivre une expérience de vérité, les dépossédés vivent la capture du rapport au temps et le ravage des conditions matérielles des formes de vie. La dépossession n’est pas une fin, elle est le point de départ du combat à mener, certes avec son lot de difficultés, selon la singularité du point de départ. Cet état ne doit plus paralyser, mais alimenter la rage contre nos adversaires, animer le besoin du monde.

Langage et dispositif. Esquisse d’une destitution du langage présent

Le sujet, produit par la synthèse des dispositifs présents, toujours renouvelés, ressemblerait à un patient. Patient en cela qu’il ne cesserait d’attendre la prise en charge de sa souffrance, c’est un être souffrant, où le mot souffrir provient aussi du mot supporter. Ce sujet se supporte et supporte le dispositif qui le fait. Ce bloom 2.0, désormais appareillé, endure littéralement les temps qu’il traverse tant ces temps ne seront jamais faits pour lui, tant il en sera toujours maintenu à distance.

Liberté et insécurité

Un texte de Giorgio Agamben
Il est probable que la dialectique cybernétique entre l’anarchie et l’urgence atteigne un seuil, au-delà duquel plus aucun pilote ne pourra diriger le navire et les hommes, dans le naufrage désormais inévitable, devront se remettre en question sur la liberté qu’ils ont si imprudemment sacrifiée.

La vérité et le nom de Dieu

Un texte de Giorgio Agamben
Depuis près d’un siècle, les philosophes parlent de la mort de Dieu et, comme c’est souvent le cas, cette vérité semble désormais tacitement et presque inconsciemment acceptée par le commun des mortels, sans pour autant que ses conséquences soient mesurées et comprises. L’une d’entre elles – et certainement pas la moins pertinente – est que Dieu – ou plutôt son nom – a été la première et la dernière garantie du lien entre le langage et le monde, entre les mots et les choses. D’où l’importance décisive dans notre culture de l’argument ontologique, qui tenait Dieu et le langage insolubles, et du serment prononcé sur le nom de Dieu, qui nous obligeait à répondre de la transgression du lien entre nos mots et les choses.

Le complice et le souverain

Un texte de Giorgio Agamben
Je voudrais partager avec vous quelques réflexions sur la situation politique extrême que nous avons connue et dont il serait naïf de croire que nous sommes sortis ou même que nous pouvons en sortir. Je crois que même parmi nous, tout le monde n’a pas compris que ce à quoi nous sommes confrontés est de plus en plus un abus flagrant dans l’exercice du pouvoir ou une perversion – aussi grave soit-elle – des principes du droit et des institutions publiques. Je crois plutôt que nous sommes confrontés à une ligne d’ombre que, contrairement à celle du roman de Conrad, aucune génération ne peut croire pouvoir franchir impunément

Le langage des traversées mutantes

Un texte de Camille Métaformix
Il est des banalités bonnes à rappeler. La première est que le langage est un élément absolument déterminant dans la composition de l’atmosphère. Une tonalité, une température, des jeux de couleurs qui posent un agencement ordonné singulièrement. D’où le mot de travers qui est tout autant mot de traverse. Il fait tomber dans un autre univers jusqu’ici non encore envisagé bien que toujours déjà-là. L’émergence d’un sens nouveau, d’une orientation nouvelle dans le voyage commun de l’échange.

Traduction des formes de vie

L’Esprit de l’Occident s’est constitué comme un absolu universel, déterminé par une logique de capture permanente des formes hétérogènes. Son appétit insatiable mène l’Occident à une accélération toujours plus accrue, pour permettre à sa logique de réduction de l’hétérogène de s’étendre sur les différents plans de la matérialité humaine. Une homogénéisation constante survient sur toutes les formes de métamorphose échappant aux logiques occidentales essentialistes de gestion et de calcul.

Mascolo, communisme, communication et vérité

Un texte de Louis René
Il y a des livres dont la densité de la forme et du contenu travaille l’esprit au fil des lectures, rendant presque impossible d’écrire sur, mais possible d’écrire avec. Le communisme de Mascolo est l’un de ces livres. Il prend comme point de départ la question la plus primordiale qui soit, la question du communisme. Pour cela, il faut être capable de saisir sensiblement cette question, ne plus partir de conditions économiques, sociales ou politiques, mais partir de la vie même, partir de l’éthique.

Silence et langage

Un texte d’Arante
Il y a eu un temps où la parole était seulement une possibilité parmi l’infinité des choses possibles. Sur la Terre quelques hominidés ont commencé à chanter comme les oiseaux. On chantait avant de parler. Et la parole a été un fleuve qui a tari un long silence. Un premier silence. Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un nouveau silence.

Alchimie du langage

Édito
Dans l’abîme où nous sommes plongés, nous traversons des strates d’opacités. Essayant dans cette obscurité d’arracher la capacité de voyance. Cette capacité correspond à la faculté de percevoir l’éclosion de forme, et par la suite d’être capable d’agir. C’est l’ambition de retrouver une attention à la proximité pour ainsi voir plus loin, percevoir l’horizon. Sans le partage de cette aptitude, la question du communisme se résume inlassablement à la répétition de la mutilation éprouvée dans l’expérience d’une communauté terrible.

Voici venu le temps de pleurer sur notre sort

Un texte de Marshall Sahlins
On ne dira jamais assez que les animaux sauvages ne sont pas des « animaux sauvages ». Je veux dire qu’ils ne sont pas les « bêtes sauvages » que les hommes sont par nature, poussés par leurs désirs insatiables, semant la guerre et la discorde entre eux. Voici venu le temps de pleurer sur notre sort : « homo homini lupus », l’homme est un loup pour l’homme. Cette expression des pulsions humaines les plus noires, que Freud utilise après Hobbes, remonte à̀ un aphorisme de Plaute du deuxième siècle avant notre ère.

La culture est la nature humaine

Un texte de Marshall Sahlins
Qui sont alors les plus réalistes ? Je crois que ce sont les peuples que j’ai évoqués, ceux qui considèrent que la culture est l’état originel de l’existence humaine, tandis que l’espèce biologique est secondaire et contingente. Ils ont raison sur un point crucial, et les rapports paléontologiques sur l’évolution des hominidés leur donneront raison, ainsi que Geertz qui en a brillamment tiré les conclusions anthropologiques. La culture est plus ancienne que l’Homo sapiens, bien plus ancienne, et c’est elle qui est la condition fondamentale de l’évolution biologique de l’espèce.

Doctrine de la consonance

Un texte de Louis René
Dans le ravage contemporain, la Modernité est un champ de bataille déployant entre autres deux pseudo-perspectives : celui d’un capitalisme vert et d’un capitalisme liquidateur. Ces deux perspectives étroitement liées sous tous leurs aspects, non qu’un objectif de rendre impossible une multiplicité de bifurcations, écrasent la constitution des plans d’âmes.

L’auto-conservation du capital et l’horloge de l’apocalypse

Un texte d’Ezra Riquelme
En août dernier, une étude de la Banque HSBC prévoit une diminution drastique de la population mondiale pour 2100, soit la disparation de plus que 4 milliards d’êtres humains. Les causes que ce bureau d’étude nous balance pour justifier cette disparition de la moitié de l’humanité : la baisse du taux de natalité, le vieillissement de la population. L’annonce d’un tel scénario n’a pour véritable but que de maintenir une pression constante sur les esprits et les préparer à une intensification de l’horreur. Revoilà les années d’hiver !

Misère du capital humain

Un texte de K.H.M
Chaque reconfiguration du capital consiste à renforcer notre impossibilité d’agir dans le monde, être dépossédés du monde et de soi-même, voilà la politique de l’Économie. L’accroissement de cette dépossession généralisé est le fait de la colonisation en profondeur d’une ressource essentielle l’humain. Le « capital humain » est l’objet des puissants de ce monde.

L’abondance de la gouvernance

Édito
Les communicants de la politique ont annoncé la fin de l’abondance. C’est la fin d’un paradigme et le début d’un autre : celui de la pénurie. Néolibéralisme oblige, la politique de la crise règne toujours et son efficacité reste évidemment opérationnelle. L’annonce de la pénurie est une opération de tension permanente, c’est un mode de gouvernance. Le capital amplifie sa temporalité, celle constituée par la modernité comme unique temporalité possible : celle du calcul et de la gestion. La toile de l’économie du temps de la modernité provoque l’homogénéisation des différentes temporalités constituant les multiplicités de mondes, qu’il soit humain, animal, végétal. Nous n’échappons pas à cette soumission à l’amplification constante de l’urgence.

Éloge de l’éthique

Un texte de Ezra Riquelme
Certaines personnes ont la vocation de la politique. C’est une chose bien méprisable. D’autres, au contraire, ont une passion effective, mystérieuse et souvent silencieuse. Cette chose est l’éthique et ses chants taciturnes restent étrangers aux personnes animées par cette vocation de la politique. C’est ainsi que l’être occidental déploie la politique comme une programmation d’une éthique à la totalité des formes de vie, conduisant ainsi à la catastrophe que nous éprouvons. De l’Antiquité grecque à la formation des États modernes, l’Occident démontre sa flagrante inconsistance à produire une éthique satisfaisante à ses sujets. D’où le besoin de recourir à la loi comme substance pour colmater la fêlure de cette forme de vie sociale. Ce qui est remarquable dans l’étendue de la fêlure occidentale est son étrangeté à la vie. Il y a donc sur ce vaste territoire de ruine qu’une expérience, celle de la loi. Autrement dit, vivre l’expérience permanente de la catastrophe.

La guerre atomique et la fin de l’humanité

Un texte de Giorgio Agamben
En 1958, Karl Jaspers publie sous le titre La Bombe atomique et l’avenir de l’humanité un livre dans lequel il cherche à remettre radicalement en question — comme le sous-titre l’indique – La conscience politique de notre époque. La bombe atomique, commence-t-il dans l’introduction, a produit une situation absolument nouvelle dans l’histoire de l’humanité, la confrontant une alternative inéluctable : « soit l’humanité entière sera physiquement détruite, soit l’homme devra transformer sa condition éthico-politique ». Si dans le passé, comme au début des communautés chrétiennes, les hommes se sont fait des « représentations irréelles » d’une fin du monde, aujourd’hui, pour la première fois de son histoire, l’humanité a la « possibilité réelle » de s’anéantir et d’anéantir toute vie sur Terre. Cette possibilité, même si les hommes ne semblent pas en avoir pleinement conscience, ne peut que marquer un nouveau départ pour la conscience politique et impliquer « un tournant dans toute l’histoire de l’humanité ».

État et anomie. Considérations sur l’antéchrist

Un texte de Giorgio Agamben
Le terme « antéchrist » (antichristos) n’apparaît dans le Nouveau Testament que dans la première et la deuxième lettre de Jean. Le contexte est certainement eschatologique (paidia, eschate hora estin, vulg. filioli, novissima hora est, « petits enfants, c’est la dernière heure »), et le terme apparaît aussi significativement au pluriel : « comme vous avez entendu dire que l’antéchrist vient et que maintenant beaucoup sont devenus antéchrists ». Non moins décisif est le fait que l’apôtre définit la dernière heure comme le « maintenant (nyn) » dans lequel il se trouve lui-même : « l’antéchrist vient (erchetai, indicatif présent) ». Peu après, il est précisé, si besoin est, que l’antéchrist « est maintenant dans le monde (nyn en to kosmoi estin) ». Il est bon de ne pas oublier ce contexte eschatologique de l’antéchrist, s’il est vrai — comme Peterson, et Barth avant lui, ne se lassent pas de le rappeler — que le dernier moment de l’histoire humaine est inséparable du christianisme.

La bonne conscience, cette pensée rassurante

La séquence sociale actuelle, après le mouvement des gilets jaunes et la crise du Covid qui ont dévoilé des brèches de la société, nous questionne quant à la place qu’occupent ou que cherchent à occuper les mouvements dits de l’« autonomie ».
Alors que l’inflation bat son plein et que les raffineries se mettent en grève, tandis que le gouvernement réquisitionne des grévistes et que la CGT et la gauche appellent à une grève générale pour l’augmentation des salaires, certains militants voient se profiler un « automne chaud ». S’il ne fait aucun doute que l’époque nous promet de nouvelles insurrections, nous nous posons des questions sur la pertinence à vouloir relancer le mouvement social.

Politique et événement

La politique est morte. Ce vieux constat n’a pas pris une ride. Pourtant en France au pays du social et du pouvoir. La politique dit « classique » plus personne n’y croit, même les hommes politiques, mais le problème est ailleurs. On a pu s’en rendre compte lors des dernières élections. Vu l’importance pour certains du vote antifasciste Mélenchon, la politique n’est pas morte pour tous. Les nombreuses publications de radicaux qui appellent à constituer une politique émancipatrice en témoignent. Pourtant l’histoire rappelle sans cesse qu’aucune politique n’a été émancipatrice, c’est tout le contraire qui s’est produit.

Par-delà les mouvements sociaux

Édito
L’économie enflamme les conditions d’existence et généralise la suffocation des âmes mutilées. La CGT tente de créer un mirage, celui d’un énième mouvement social. Les milieux radicaux sans boussole prennent ce mirage comme l’espoir de retrouver leur fragile existence d’antan. Pourtant un mirage reste un mirage, il n’est que le fruit d’une illusion d’optique. Résultat, le retour d’un plan de perception usé en manque constant de souffle. L’incapacité chronique de faire le constat des échecs passés (pourtant bien récents) qui nous conduit tous à « la soumission totale à l’état de choses, son acceptation sans réserve ».

Pardonne-nous nos dettes

Un texte de Giorgio Agamben
La prière par excellence — celle que Jésus lui-même nous a dictée (« priez ainsi ») — contient un passage que notre temps s’efforce à tout prix de contredire et qu’il sera donc bon de rappeler, précisément aujourd’hui que tout semble être réduite à une loi féroce à double face : crédit/débit. Dimitte nobis debita nostra… « Et remets-nous nos dettes, comme nous aussi nous avons remis à nos débiteurs ». L’original grec est encore plus péremptoire : aphes emin ta opheilemata emon, « lâchez prise, effacez-nous nos dettes ». Réfléchissant sur ces mots en 1941, au milieu de la guerre mondiale, un grand juriste italien, Francesco Carnelutti, a observé que, si c’est une vérité du monde physique que ce qui s’est passé ne peut être effacé, on ne peut pas en dire autant du monde moral, qui se définit précisément à travers la possibilité de remettre et de pardonner.

La troisième guerre mondiale n’est pas encore terminée

Un texte de Giorgio Agamben
« Nous vivons une crise historique. Je crois que nous ne sommes pas encore au fond, pas même au milieu de cette crise. De plus en plus j’y pense. Je suis convaincu que le scénario culturel, intellectuel et politique n’a pas encore exprimé tout son potentiel. Nous devons nous considérer à la fin de la troisième guerre mondiale ». La guerre dont parlait Dossetti dans cette interview de 1993 était plus dévastatrice ou tout aussi dévastatrice que les deux autres, car elle n’a été menée que par le mal au nom du mal, entre des puissances également maléfiques, quoiqu’apparemment avec moins d’effusion de sang. Mais cette guerre, de toute évidence, n’est pas encore terminée, elle a pris d’autres formes et nous y sommes encore sans pouvoir en voir la fin.

Anges et démons

Un texte de Giorgio Agamben
Les discours que l’on entend si souvent aujourd’hui sur la fin de l’histoire et le début d’une ère posthumaine et posthistorique oublient le simple fait que l’homme est toujours en train de devenir humain et donc aussi de cesser de l’être et, pour ainsi dire, mourir à l’humain. La revendication d’une animalité accomplie ou d’une humanité achevée de l’homme à la fin de l’histoire ne rend pas compte de cette incomplétude constitutive de l’être humain.

Institution, une politique ecclésiastique

Un texte d’Ezra Riquelme
L’institution est une passion française. On la retrouve à toutes les sauces, que ce soit l’institution républicaine, révolutionnaire, anarchiste, ou même la psychothérapie institutionnelle. La France est le pays de l’institution. Même la Révolution est devenue une institution, qu’on peut exporter aux quatre coins du monde. Cette spécificité française est particulièrement tenace chez les gens cultivés, à force de docilité éducative dans les grands corps de l’État et les écoles supérieures, on ne cesse de rechercher des institutions partout. La passion qu’y vouent les Français est le signe évident de son assimilation totale au christianisme, même si ce pays s’en croit pourtant libéré. Il faut revenir en deçà, revenir sur son histoire, sur sa signification originelle pour cerner ses logiques internes et ses imbrications sur la matérialité de l’existence.

Le narcissisme, un Moi liquidateur

Un texte de Louis René
Le désastre continue inlassablement son ravage sur les formes de vie humaines et non-humaines, détruisant par la même occasion la matérialité de l’existence de pluralité de ces formes de vie. Le désastre n’est pas simplement le produit d’un système économique et politique d’exploitation, mais résulte d’une façon d’habiter le monde. La question révolutionnaire exige d’être aussi posée dans des termes anthropologiques. Car le désastre émane d’une forme de vie : celle de la vie métropolitaine occidentale qui vampirise la presque totalité de la planète, et espère en vampiriser d’autres. Il faut alors regarder dans ses entrailles pour y voir la texture de ce qui l’anime. Ce que l’on trouve de bien sordide est le narcissisme, ce Moi liquidateur animé par ce désir insatiable d’accaparement et de destruction.

Cette fiction nommée Société

Un texte d’Ezra Riquelme
Les images se font et se défont, et l’une des plus tenaces est celle de la société. Elle s’impose dès lors comme une fiction, comme une fiction policière. Écrire une fiction, puis l’effacer, ainsi la réécrire une nouvelle fois encore. Tel se constitue le geste de la société : être fait et refait. Dans cette fiction aux effets bien trop réels, la matrice essentielle tient dans le principe d’exclusion/inclusion. Pour intégrer ses proies, la société doit détruire toute hétérogénéité, établir un ordre, ordonner les corps par certaines conduites.

Il était encore une fois la société

Édito
Un jour exclus, un jour inclus. La société tient encore. Sa désintégration a été une nouvelle fois ralentie. Un peu plus de deux années que la société a repris ses forces, ranimant son emprise sur les corps sans trop rencontrer d’adversité. Un grand silence s’est installé rendant peu audibles les quelques paroles de vérité. Le mensonge était peut-être plus commode pour vivre. La société s’est voulue cozy : elle voulait simplement prend soin de nous. Et pourtant, ce soin que la société promis s’est révélé un pouvoir bienveillant qui tend à nous garder en elle par le maintien de la machine sociale. Tant que la machine fonctionne, les rôles sociaux tiennent dans leur terrible opacité.

Néolibéralisme militaire

À l’heure où la guerre aux portes de l’Europe rentre de plus en plus dans l’insignifiance, il est toujours intéressant de voir les motifs qui expliquent une telle guerre. Par-delà les conceptions géopolitiques traditionnelles, qui ne sont pas par ailleurs forcément fausses, il y a toujours mille manières pour un État de justifier une guerre.

La mort et les profondeurs de l’angoisse

Un texte d’Ezra Riquelme
Sur les terres crépusculaires s’érige la mort comme une icône de l’angoisse même de la vie. Au Moyen-âge et jusqu’au XVIIIe siècle, la mort s’éprouvait dans la vie quotidienne, avec une certaine « familiarité ». On peut noter par exemple au IVe siècle la « danse des morts » comme l’occasion de réaffirmer la vie, ce que l’Église ne pouvait supporter. À la fin du XVIIIe siècle, la mort s’établit comme sujet d’horreur, les lieux liés aux morts sont dès lors vus comme des lieux de pestilence, de maléfices. Certains cimetières ont subi littéralement un déménagement hors des villes. Le romantisme a participé à un retour de l’exagération du sentiment du deuil, avec le rejet de la mort, de la disparition de l’autre. Ce qui explique qu’aux XVIIIe et XIXe siècles, les lieux liés aux morts sont vénérés. L’arrivée de la médecine moderne transforme une nouvelle fois le rapport avec la mort.

À propos de « Manipulation et Extinction de l’Humanité », naturalité et espèce.

Un texte de Mohand
Dans son dernier article, Jacques Camatte s’oppose au naturalisme déterministe et scientiste que certains neurologues et psychologues attribuent au genre humain. Selon eux, le risque d’extinction de l’espèce n’est aucunement dû à la trame historique de la « catastrophe permanente », mais au fonctionnement de notre cerveau. Ce serait ainsi la « naturalité » même du genre homo sapiens qui serait la cause de sa possible destruction. À l’inverse, Camatte voit dans la « naturalité » le lieu même d’une libération de l’artificialité dont s’est rendue prisonnière l’espèce humaine. Se réconcilier avec la nature, y « retourner », apparaît pour lui comme l’unique moyen d’échapper à l’extinction promise.

Manipulation et Extinction de l’Humanité

Un texte de Jacques Camatte
L’instauration du risque d’extinction s’impose de plus en plus en provoquant de multiples débats. Ce qui nous importe c’est de connaître comment il est envisagé, qu’elle est la cause qui est invoquée pour expliquer son existence et le comportement qu’il induit. En ce qui concerne les instances dirigeantes pour qui gouverner c’est soigner et tranquilliser, il s’agit avant tout de gérer la catastrophe, de rassurer la population et d’inciter les gens à résister, à activer leur résilience face aux incertitudes, à se renforcer, à accepter de payer les conséquences, à avoir foi dans les élites ce qui revient à les inviter à plonger dans la dépendance, et donc à diminuer encore l’importance de leur naturalité. Ce, faisant à les rendre plus manipulables en les livrant à l’attente.

La vie contre la psychiatrie

Un texte de Zibodandez
À l’heure où la biopolitique parachève son emprise sur nos existences, la situation que connaît la psychiatrie nous apparaît être un cas paradigmatique : alors qu’elle prétend se désinstitutionnaliser, la psychiatrie – qu’il s’agisse de son institution et son en-dehors – n’a probablement jamais autant été à l’avant-garde de la biopolitique.

Les GAFAM et la conquête de la santé

On pourrait penser à tort que les GAFAM sont simplement de grands opportunistes. Ce serait sous-estimer les ambitions létales de ces entreprises. C’est bien connu, tout bon businessman se doit d’être un parfait stratège. La manigance est de mise, chaque plan est programmé sur le long terme. Ces plans comportent des stratagèmes jouant sur les dimensions du visible et de l’invisible. La communication est une guerre permanente, ses énoncés sont tromperie, ses effets sont le brouillard pour ses frappes, pour les opérations qu’elle mène. La séquence du Covid a précipité le bon déroulement de l’un des plans chers aux GAFAM, passer d’une étape à une autre.

L’autodéfense sanitaire, une biopolitique mineure

Un texte de Galipettes
Errance d’un fiasco, itinérance d’une inconsistance. Constat sur l’autodéfense sanitaire. Passe-temps abstrait pour métropolitains angoissés et impuissants devant l’évidence de la situation : leur mode de vie produit par le monde techno-militaro-industriel offre une vie fragile. L’épreuve de vivre une vie fragile, c’est subir l’inclinaison à l’ordre, être déterminé par ces ordonnances. Quand certains réclament : « Il faut défendre la fragilité ! », il faut comprendre « Il faut défendre la société ! ».

Extinction et Santé

Édito
Dans la civilisation de la maladie, la santé à une place déterminante dans le bon fonctionnement de la gouvernance. La santé est une condition nécessaire au pouvoir pour se maintenir. Dans tout l’arsenal de dispositifs policiers et sociaux que met en place l’appareil d’État, la santé publique nous intéresse ici tout particulièrement. Car elle coïncide avec les sordides guerres nationales.

Xeniteia. Contemplation et combat

Un texte de Marcello Tarì et Mario Tronti
Qu’elle est douteuse cette idée, désormais conforme au sens commun, selon laquelle nous serions en train de vivre des temps apocalyptiques ! L’impression dégagée par les différents discours qui se succèdent dans l’infosphère est celle d’une superficialité, d’un effondrement qui n’est que « spectacle » d’apocalypse, et non pas celle d’une acception authentiquement prophétique. L’imaginaire de masse est davantage inspiré par les films et les séries TV hollywoodiennes que par le gros volume écrit par Jean dans son exil à Patmos.

Le communisme n’est pas une idée

Un texte d’Ezra Riquelme
Des années 1980 jusqu’aux années 2000, le terme communisme a été banni de l’histoire. Le néolibéralisme triomphant, le communisme, restant associé à la terreur du Socialisme, fut mis en errance, muet de toute expérience. Il fallut attendre la revue TIQQUN pour remettre sur la scène de l’Histoire le mot communisme.

Interruption ! Vive le communisme !

L’œuvre de Walter Benjamin recèle une giberne d’interruption. L’interruption de l’histoire, du temps linéaire, du progrès. Il déploie une politique de l’interruption. Cette politique est traversée par son messianisme révolutionnaire, reprenant la mystique juive pour retrouver une puissance révolutionnaire capable de tenter sa chance dans la conflictualité de son époque.

L’ascèse communiste comme dépassement des formes sociales de la vie

Un texte de Louis René
La tragédie a poursuivi l’âme en peine de Georg Lukács. Son expérience de la sinistre et mortifère Première Guerre mondiale fut l’expérience de l’effondrement d’un monde, voyant la plupart de ses amis, de Max Weber à Emil Lask, prendre parti pour la guerre. « Défendre la société », tel était l’impératif catégorique pour en justifier l’horreur. Cette boucherie, lui révéla le véritable visage du social et de son emprise sur les êtres qui, pris dans cet orage d’acier, se voyaient transformés en tueurs sans âmes. Lukács comprit alors la voie à suivre pour sortir du pouvoir des structures sociales s’atteler au plan de réalité d’âme (Seelenwirklichkeit).

Le communisme des esprits
Communismus der Geister

Un texte de Johann Christian Friedrich Holderlin
Coucher de soleil. Chapelle. Une contrée vaste et riche. Fleuve. Forêts. Les amis. Seule la chapelle est encore dans la lumière. On en vient à parler du Moyen Âge. Les ordres monastiques considérés dans leur signification idéale. Leur influence sur la religion et, en même temps, sur la science. Ces deux orientations se sont séparées, les ordres religieux se sont effondrés, mais est-ce que des institutions du même genre ne seraient pas souhaitables ? Afin de démontrer leur nécessité pour notre temps, nous partons précisément du principe opposé, de la généralisation de l’incrédulité.

Communisme des âmes

Un texte de Louis René
Notre vie s’est formée dans une lutte singulière face à un monde, une aventure sinueuse, où les attentifs se sont pas seuls et où les mots ne sont plus lasses, mais inscrits dans la vie. Chaque forme du monde comme élément singulier traverse les âmes, et une relation s’établit qu’elle soit discrète ou non. Dans le lien d’ombres, où la conspiration est une mélodie qui lie les conspirateurs, cette mélodie laisse s’envoler un souffle animant leur âme. Un souffle particulier distinct des autres formes d’inspiration qui nous touchent, cette forme se nomme communisme.

Un spectre nommé communisme

Édito
Un spectre hante le monde : le spectre du communisme. Face à un monde où tout est devenu spectral, étranger à nos âmes, le spectre du communisme tend à réparer notre participation au monde, redonner un souffle aux âmes perdues. Il pose la seule question souhaitable, celle du communisme.

L’élaboration de la fin. Mythe, gnose, modernité

Un texte de Gianni Carchia
Il ne fait aucun doute que l’idée de modernité dominante aujourd’hui est soutenue par la conviction que le lien chrétien entre apocalypse et histoire a été rompu. Ceci a surtout été affirmé avec force par trois interprétations historico-philosophiques, dont il vaut la peine de rappeler ici les principes, justement pour tenter de montrer, par contraste, le sens de ce lien. Il s’agit tout d’abord de la conception soutenue par Hans Blumenberg de la modernité comme lieu de « l’auto-affirmation », ce qui revient à dire comme dépassement tant de la gnose que du dogme, tous deux étant compris comme des variations de l’apocalyptique. C’est une thèse qui a, dans les années récentes, été radicalisée par la philosophie de la compensation d’Odo Marquard, avec une louange de la modernité comme renaissance du polythéisme et abandon de tout schisme utopique. En second lieu, et d’une autre manière, le congédiement de l’apocalyptique se retrouve dans le théorème de la sécularisation élaboré par Karl Löwith.

Vérité sur les radicaux qui votent !

L’élection présidentielle a révélé le véritable visage d’une grande partie des milieux radicaux, anarchistes, autonomes et antifa. Eux, trop souvent catégorisés par l’insulte de gauchiste, sont aujourd’hui bien des gens de gauche. La répétition continuelle de la France Insoumise de se dire « prêt à gouverner » devrait être un repoussoir naturel à tous les révolutionnaires. Il n’en a rien été, l’enseignement de Saint-Just a sonné dans le vide. La révolution n’est qu’une question d’apparence pour eux. En réalité, tous les militants radicaux qui ont appelé à voter pour Mélenchon révèlent le caractère profondément creux de leur apparence radicale.

Insurrections animales

Un texte de Salem Saberhagen
À l’heure où le désastre ne fait que croître, des mouvements de résistance non humains s’intensifient. Le vivant n’a pas encore rendu les armes face au capital et à l’anthropocène. Le monde animal a, au fil des décennies, subi une accélération drastique de la destruction de ses milieux de vie. Devenant pour certains des prisonniers de Zoo en tout genre, reflétant enfin compte notre condition d’humanité. Parquer les animaux pour les préserver de leur extinction, révèle le véritable sens de notre conception de la vie. Incapable de prendre le mal à la racine, nous préférons « sauver » ces animaux de la mort, pour leur offrir avec humanisme une vie sans vie, c’est-à-dire une vie totalement soumise à la bonne volonté de l’économie. Cela ne vous rappelle rien ? « Qui voudra sauver sa vie la perdra » (Marc). Nous avons fait cette expérience regrettable d’un parc humain généralisé. Regarder sur son smartphone ou sur sa télé, des vidéos de sympathiques animaux pour soulager le vide affectif et existentiel toujours plus profond.

Tableaux sans cadre

Un texte d’IKS
On pourrait dire qu’on est allé pour voir. Un pote y participe, c’est tout. La vanité ne peut plus nous surprendre, alors on y va. On monte au Palais de Tokyo, dans le domaine de Paris. L’exposition s’appelle Réclamer la terre. Les textes d’écofeminisme et d’écologie politique sont sur une table basse. L’année 2022 est peut-être plus claire que les autres qui ont précédé la série.

Écologie du design, paradigme du pouvoir environnemental

Le pouvoir environnemental désigne la capacité opératoire de rendre une infrastructure technologique invisible, naturelle. L’objectif est d’informatiser l’environnement existant, c’est-à-dire faire de l’environnement un espace écologique d’objets connectés. Chaque relation devient simple interaction, le monde n’est plus, l’environnement est. L’infrastructure de la ville se fait métropole pour déployer son pouvoir environnemental.

Écosystème, systèmes et gestion idéale

Un texte d’Henry Fleury
Il ne suffit pas de déconstruire les discours politiques sur la nature. L’inanité de ceux-ci sont d’une confondante évidence. Qui peut encore croire que les guignols de n’importe quel gouvernement pourraient nous sortir du désastre en cours ? Plutôt que de débunker chaque prise de parole de ces gens-là, entreprise aussi inutile que dangereuse, il faut remonter à l’origine de ce discours, en faire l’archéologie. C’est à ce compte-là et seulement à celui-ci que nous pourrons mettre au jour la construction philosophique d’une nature composée par l’homme comme objet d’action et de ressources. S’il nous faudrait un temps infini pour démêler les fils de la représentation de la nature et de la philosophie rationnelle totale de l’Occident. Au carrefour de cette question et de celle de la gestion toujours plus efficace de la vie se détache la notion de systèmes qui semblent être aujourd’hui le pivot de la rationalisation du monde.

Bifurcation dans la civilisation du capital

Un texte de Mohand
Il ne s’agit pas tant de suggérer que le capital peut aujourd’hui s’émanciper de l’humanité sur laquelle il extrait l’énergie nécessaire à sa production et à sa reproduction, mais de comprendre en quoi l’articulation d’une telle hypothèse avec le devenir catastrophique des conditions d’existence permet, peut-être, de ne pas tomber dans l’écueil d’une certaine « écologie politique » ; à savoir la généralisation et l’intensification du despotisme du capital et de la domestication de « l’humanité ».

L’écologie, économie contre la vie

Un texte d’Ezra Riquelme
Aujourd’hui, l’écologie politique a pris du poil de la bête. Devenant le dernier combat d’une jeunesse métropolisée cherchant à sauver le peu qu’il leur reste. L’écologie politique intègre le champ des luttes révolutionnaires. Cette lutte désigne une distinction avec le terme écosystème, l’écologie politique introduit la question de la finalité d’une régulation des cycles et des équilibres biologiques. Elle se perçoit comme une conscience de notre environnement. Admettant par le même geste notre interdépendance avec les écosystèmes, que nous détruisons. Le geste politique de cette écologie est la tentative de sauvegarder les écosystèmes.

La fin du monde n’est pas une fin

Édito
Qu’importe les saisons, elles-mêmes déjà disparues. Incendies, sécheresses, et autres phénomènes dits « climatiques » s’accentuent aux quatre coins du globe. De la Californie à la Grèce, en passant par l’Inde, les conséquences du ravage universel sont visibles à tous. Les projections du GIEC n’annoncent rien de bon sous le soleil du capital. Trois ans nous annoncent-ils, avant que ne soit trop tard. Peut-être qu’il est déjà trop tard pour le fameux sursaut.

Passion, liberté

La liberté s’articule autour de deux sentiments ou affects : le désir et la passion. Pour Levi, c’est sur ce seuil fragile d’une nouvelle inscription au monde d’avec l’universel indifférencié que se joue la passion. Absorbé dans un monde où les passions n’existent que trop peu, c’est précisément cela qu’il s’agit d’attraper à nouveau. La passion qui est le lieu de contact de l’individu avec le monde est ce qui permet au désir perdu dans l’immensité d’objets fictifs qui s’offrent à lui de comprendre quel est son objet réel. L’objet réel est le monde produit, la production du monde a toujours été la production de la séparation sujet-objet, c’est à travers le désir de transpercer cet objet réel que l’individu se libère en abolissant le rapport d’objectivité, en abolissant le monde comme objet séparé. Le monde qui s’est construit sur cette articulation est combattu par le désir et surtout la passion qui exprime le besoin d’un retrouver un rapport au monde qui soit autre qu’objectale. La passion dans ce processus de vouloir rentrer en contact avec le monde comme dépassement du rapport-objet tend aussi à abolir la subjectivité comme productrice du « monde », abolition de l’objet encerclant qu’est le monde en abolissant d’un même coup le sujet individuel.

Le Parc Humain comme paradigme de la biopolitique positiviste moderne

Un texte de Louis René
Dans Le pouvoir souverain et la vie nue, Agamben définit le champ comme le paradigme de la biopolitique moderne. Il y a une autre forme de ce paradigme qui se joue à présent sans remplacer le paradigme décrit par Agamben, mais plutôt en effet le complète. Nous pouvons implicitement constater l’autre versant de ce paradigme par le prisme du Parc humain comme paradigme positiviste. Le plus que méprisable Peter Sloterdijk a eu au moins le mérite de percevoir la mise en condition du parc humain. L’actuelle recomposition du corps social, l’acquiescement au contrat social ne se fait plus par un accord verbal, mais par un accord vaccinal. Rejoindre la biocitoyenneté est une expérience que beaucoup ont fait, avec les regrets que l’on connaît. Ce qui se trame est la formation d’une nouvelle cité. Un nouveau parc humain en somme.

Shelley, la désertion de la civilisation

Percy Bysshe Shelley fut animé toute sa vie par une grande flamme de la révolte qui brûlait en lui. Il n’a cessé de cracher sa haine et son dégoût à la face du monde. Celui-ci n’a cessé de nourrir sa colère, la réalité de l’injustice économique démesurée, la servitude complète des hommes obligés d’abandonner leur vie pour le travail, le sentiment d’une humanité qui se perd et se meurt dans des règles et modes de vie fictifs et détestables. Il rejetait de manière si féroce le monde à la fois dans ses œuvres que dans sa vie, ce n’était pas qu’une posture, mais une manière de vivre qui s’inscrit dans un profond sentiment révolutionnaire. Il avait le désir de vivre autrement, cela se ressent justement au sein de ses écrits, sans quoi évidemment on ne comprend d’ailleurs pas grand-chose à celle-ci. Dans ce récit trop peu connu de Shelley nommé Les Assassins que nous allons voir, il raconte ainsi une histoire qui reflète aussi ses désirs politiques et existentiels.

Carlo Levi l’état de liberté face à l’État

Un texte d’Ezra Riquelme
Croupi dans les abîmes de la pensée, le mot liberté flotte inerte. Pourtant ces derniers mois ce mot a été repris avec vigueur par les voix des gilets jaunes et des autres personnes luttant contre le pass sanitaire et l’absurdité de l’obligation vaccinale. Une nécessité s’impose à nous, en entendant ces voix et les voix qui les méprisent. Prendre le temps de penser ce mot usé qu’est liberté. Défaire l’emprise que l’État ou de la religion du capital possède sur ce mot. Car il semple évident que se joue quelque chose dans le mot de liberté. Certainement un caractère bien plus politique que la devise républicaine française. Dans ce caractère politique se trouve un mouvement, passant d’un état un autre, un état de liberté. Ainsi, le texte Peur de la liberté de Carlo Levi apparaît comme essentiel pour s’armer dans le combat de la libération face à la tyrannie de l’Occident.

De la liberté

La liberté est un mot qui fait horreur de nos jours. Souillé par le capital, par la modernité, oublié par les révolutionnaires et même par les libertaires. La liberté serait aujourd’hui une revendication d’extrême droite refusant de se soumettre à la vaccination de masse. Et pourtant la liberté a bien été reprise comme revendication minimale par les tentatives contre le pass sanitaire. Laissez le mot liberté serait une erreur grotesque et proclamerait la victoire de la pensée économique et démocratique sur ce terme.

Élégie de liberté

Édito
Depuis plus de deux ans, nous sommes à terre, gisant sur le sol, incapable de se relever dignement. Les gens sont allés voter de la même manière qu’ils sont allés se faire vacciner, ils ont cédé au chantage dans une résignation généralisée, marquant dans leur chair cet état d’impuissance. Nous prenons coup sur coup, le Covid, la guerre froide, l’élection présidentielle, et dès cet été nous reprendrons bien une savate de la part du gouvernement. Certainement, dans un premier temps, une réforme des retraites, puis en un second temps un retour du pass sanitaire. Tous ces coups sont le moyen de maintenir une pression sur les corps. Rendant impossible de se relever pour les rendre. Pourtant, il y a eu un moment où la pression s’est relâchée en février dernier.

Feu Macron, Feu Le Pen

Un texte du Comité d’action, Lycéens-Étudiants-Chômeurs
Dimanche s’annonce l’énième repetita démocratique. Tous les salopards de première appellent au même chantage démocratique face à l’extrême droite. Nous ne céderons pas à ce chantage. Notre terrain de jeux n’a jamais été les urnes, notre terrain de jeu est la rue ! Prendre la rue implique une nécessité existentielle de premier ordre : combattre nos ennemis. Prendre la rue désigne aussi notre faculté sensible à tisser des liens, dans un désir de construire des bifurcations sans la gouvernance.

Traité du bon métropolitain

Tout le monde rêve de métropole, on quitte la campagne pour la métropole, on quitte la métropole pour étendre sa joie aux zones désertifiées par l’ennui de la ruralité sommaire. La métropole est l’environnement le plus parfait, tout peut de se connecter, tout est valorisable, tout s’enrichit en métropole, de réseaux, de culture. La jouissance est au cœur du projet métropolitain. Ceux qui n’ont pas eu la chance d’être nés en métropole le savent bien, la vie métropolitaine c’est la vie sociale.

La véritable constitution de la terre :
à propos de La tension planétaire entre l’Orient et l’Occident de Carl Schmitt

Un texte de Gerardo Muñoz
Ces courtes gloses ont été écrites à l’origine comme une analyse textuelle accompagnant la publication d’un essai pour la section « Archives et Discours » de la revue Le Grand Continent il y a quelque temps, mais n’avaient jamais été publiées. Je les mets à disposition ici avec des modifications mineures, voire aucunes. Les commentaires suivent des fragments spécifiques de La tension planétaire entre l’Orient et l’Occident et l’opposition entre la terre et la mer de Carl Schmitt publiés dans Revista de Estudios Políticos 81 (1955) et se révèlent à la lumière de l’œuvre globale de Schmitt.

Un désir de Chine

Un texte d’Ezra Riquelme
« Les devoirs passent avant les droits » nous sortait Gabriel Attal le 1er février 2022, insistant sur le ton que va prendre le futur mandat de Macron. Le bon berger avait déjà énoncé le 21 mai dernier : « Vous avez des devoirs avant d’avoir des droits » (Macron sur les sans-papiers). Décidément, c’est une obsession. Un désir de Chine croît chaque décennie dans l’esprit des gouvernements occidentaux depuis les années 2000. Tous les gouvernants ne rêvent que d’une chose la nuit : de la gouvernementalité chinoise. La séquence du Covid a produit sur les gouvernements une surintensification de ce désir de Chine. Tous regardent avec envie la fameuse réussite chinoise de la gestion de cette pandémie, tous se sont frotté les mains en voyant ces images de Chine, de confinement, de quarantaine, de délation, de répression. Une chose est sûre : la Chine n’est pas un exemple à suivre, mais bien le modèle à copier.

L’hiver rampant de la guerre froide

La guerre est de nouveau sur le vieux continent. L’invasion de l’Ukraine par la Russie démontre une vérité qui semblait lointaine aux yeux des Européens. La guerre n’a jamais cessé, elle continue son gel des possibilités historiques. Un livre sorti en ce début d’année a fait ce constat bien avant l’opération militaire du gouvernement russe.

Antifasciste et Anticonspirationiste dans tout leur état

Un texte de Saeba
L’impuissance de l’indignation s’étend face à la présence médiatique de l’ectoplasme fasciste. En France, cet ectoplasme a pris racine sur le despotisme démocratique toujours plus accru, sa démocratisation prit un peu plus d’ampleur au cours de ces dernières décennies grâce à la sphère médiatique dirigée par ses nombreux sympathisants. On ne peut séparer démocratie et fascisme, les deux sont liées, l’un est le corps l’autre est son ombre. La démocratie et le fascisme ne peuvent exister sans l’économie.

Le fascisme, œuvre d’une toile de fond de la soumission

Dans un article intitulé « Réalisme et utopie dans La Personnalité autoritaire » qu’on retrouve dans la revue Prismes,Peter. E. Gordon accorde une analyse au livre ainsi qu’à la théorie articulée autour du concept de la « Personnalité autoritaire ». Il propose une lecture claire et fascinante qui s’inscrit dans un cheminement et une pensée philosophique plus globale qu’une simple considération psychologique que cet ouvrage nous donne au premier regard. Il va essayer de schématiser la conception de l’acceptation fasciste et du devenir fasciste analysé par les penseurs de la théorie critique.

Démocratie Holocauste

Un texte d’Ezra Riquelme
La crise permanente de la démocratie est le symptôme de son despotisme paranoïaque. Il n’y a pas de crise de la forme démocratique. Les défenseurs de cette idée de crise tentent d’occulter le réel, ce qui se cache dernière ce rivage est tout bonnement les diverses tentatives de dislocation de la forme démocratique s’amplifiant d’année en année. La menace fasciste n’est pas une menace, elle est le moyen dont le dispositif démocratique tient. Quand le fascisme prend les rênes du pouvoir, il accomplit pleinement et simplement le despotisme autoritaire de la démocratie.

Démocratie et fascisme, un cercle commun

Édito
La guerre froide est de nouveau visible aux yeux de tous en Europe, faisant de l’ombre à l’élection présidentielle française. À l’évidence tout le monde se contrefout de cette élection. Plus personne d’un tant soit peu lucide ne croit à la démocratie. Une élection ne change pas grand-chose, elle change surtout une façon de communiquer sur une façon de gouverner. Les scandales sortent et se ressemblent. Le cabinet McKinsey « conseille » ou plutôt dicte la marche à suivre au gouvernement français depuis Sarkozy en passant par Hollande et aujourd’hui le misérable Macron. Il ne faut pas s’inquiète de revoir leurs noms ou le nom de certains de leurs employés dicter le mandat présidentiel qui vient.

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